0 Shares 1696 Views

Théâtre des Artisans – Le journal d’une femme de chambre

28 janvier 2010
1696 Vues
theatre_artisan_journal_dune_femme_de_chambre

theatre_artisan_journal_dune_femme_de_chambre::

 

Célestine, jeune employée de maison ballottée de place en place, au gré des caprices de ses maîtres, nous dresse un portrait au vitriol de la société bourgeoise de son temps, stigmatisant son hypocrisie et son immoralité.


La mise en scène très dépouillée de William Malatrat, centrée sur quelques objets symboliques, une valise, un journal intime, une paire de bottines, nous oblige avec délice à nous focaliser sur le texte. Et quel texte ! L’écriture incisive d’Octave Mirbeau nous plonge dans les méandres nauséabonds de la morale bourgeoise fin de siècle.


Tour à tour émouvante, odieuse, désespérée, perverse, l’héroïne se découvre à mesure qu’elle dépeint ses maîtres. Et, si l’actrice joue plus qu’elle n’incarne Célestine, sa performance – plus d’une heure sur scène – est à saluer assurément. L’espace scénique est parfaitement utilisé. Certaines impudeurs de jeu, jamais gratuites, instruisent avec justesse les violences sexuelles et les humiliations subies.


Ce sont de véritables portraits à charge que nous brosse la jeune femme. Entre l’avarice de Madame, la luxure de Monsieur, le fétichisme d’un autre et les vilénies des domestiques, nous voilà plongés au cœur d’une sévère critique des mœurs : véritable tragédie sociale dans laquelle la domesticité est l’avatar moderne de la mise en esclavage des hommes.


Comble de cette tragédie, la mise en scène de William Malatrat reste fidèle à la noirceur finale du roman de Mirbeau dont le metteur en scène, Luis Buñuel, avait choisi de s’écarter dans son film. Célestine, malgré la causticité de son regard, sa perversité, la révolte qui l’anime un temps, fera le choix elle aussi de la plus laide des duplicités, celle de couvrir un assassin et de le suivre dans ses aventures.


Triste constat en vérité pour cette société qui tue l’innocence – la petite Claire, violée et assassinée sauvagement et qui annihile tout désir de rébellion. Y aurait-il « quelque chose de pourri au royaume » de France, semble questionner Mirbeau à l’instar de Shakespeare ?


Karine Marquet



Le journal d’une femme de chambre

Mise en scène: William Malatrat

Interprétation en alternance: Karine Ventalon – Virginie Mopin

Du 7 janvier au 21 février 2010
Du jeudi au samedi à 21h00, le dimanche à 15h00
Réservations : 01 42 49 83 96


Théâtre des Artisans

14 rue de Thionville

75019 Paris

Métro Ourcq (ligne 5)


www.theatre-des-artisans.com


Articles liés

“Je ne serais pas arrivée là, si… ” débarque au théâtre Antoine dès le 23 avril !
Agenda
104 vues

“Je ne serais pas arrivée là, si… ” débarque au théâtre Antoine dès le 23 avril !

“Je ne serais pas arrivée là, si… ” Quelques mots anodins qui posent une question vertigineuse. Quel hasard, rencontre, accident, peut-être aussi quelle révolte, ont aiguillé ma vie ? Annick Cojean a posé cette question à une trentaine de...

Ce week-end à Paris… du 19 au 21 avril
Art
192 vues

Ce week-end à Paris… du 19 au 21 avril

Avis aux amateurs d’art, de spectacle vivant, de cinéma, de musique… ce week-end sera placé sous le signe de la culture ! Pour vous accompagner au mieux, l’équipe Artistik Rezo vous a programmé une sélection d’événements à ne pas...

Le métissage et la spiritualité explorés dans “Krump et geste” pendant le festival Avis de Temps Fort !
Agenda
157 vues

Le métissage et la spiritualité explorés dans “Krump et geste” pendant le festival Avis de Temps Fort !

Nous avons inauguré, en décembre 2023, une rencontre entre krumpeur.euses et “gesteur.euses”. C’était passionnant : des discussions riches, des impromptus artistiques convaincants ! Nous continuons de creuser la question, à travers des formats courts – artistiques et pédagogiques –...