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Le Temps d’aimer la danse #25

2 septembre 2015
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Le Temps d’Aimer la Danse

Du 11 au 20 septembre 2015

Biarritz

http://letempsdaimer.com/

Rencontres-en-Herbe-e1435907771792Du 11 au 20 septembre 2015

Combiner les agréments de la côte basque avec un festival de danse majeur, voilà l’une des meilleures propositions pour ce mois de septembre. Le Temps d’Aimer la Danse fête ses 25 ans avec une programmation-anniversaire éclectique et passionnante qui offre au passage un véritable parcours à travers l’histoire de la danse au XXe siècle.

Impossible de résumer en quelques images un festival aussi riche, qui couvre cette année la période du 11 au 20 septembre. Célébrer la beauté par le ballet ou par des lutteurs africains, par le butô ou la danse baroque, à Biarritz tout est possible. Thierry Malandain, directeur chorégraphe du Centre chorégraphique national de Biarritz et directeur artistique du festival poursuit ce qu’il s’est donné comme mission dès le départ: faire aimer la danse sous toutes ses formes. Aussi, Le Temps d’Aimer se décline en plusieurs courants.

La danse contemporaine

A priori une catégorie par défaut, accueillant tous les spectacles qui ne rentrent pas dans les autres courants, sans que cela les empêche d’être contemporains, et ce même quand il s’agit d’inspiration baroque. Mais on trouve au Temps d’Aimer 2015 plusieurs figures majeures de la danse contemporaine strictu sensu. Dont un Event dans la lignée de Merce Cunningham, orchestré par Robert Swinston, qui fut le bras droit du célèbre Américain, révolutionnaire de la danse dans les années 1970.

Wim-Vandekeybus-Danny-WillemsPour comprendre l’évolution de la danse contemporaine, ne manquez pas le premier spectacle de Wim Vandekeybus, le légendaire What the Body does not Remember, plein de sa fulgurance énergétique et physique, créé il y a 27 ans et donc tout juste avant la première édition du festival biarrot. Le pendant de Vandekeybus, plus proche du ballet à son époque mais dans la même énergie débordante: William Forsythe! On verra de lui le fameux Herman Schmerman de 1992, sur une musique de Thom Willems, évidemment, et interprété par la Compania Nacional de Danza de Madrid.

A comparer avec Plage romantique, la dernière création d’Emanuel Gat qui incarne la danse des années 2000. Et pour tout résumer, voilà Lionel Hoche avec Lundijeudi, où il évoque, seul en scène, sa vision de la danse contemporaine entre 1978 et 2014.

Les univers particuliers

Création contemporaine, mais basée sur la danse baroque, Si Peau d’Âne m’était conté de Marie-Geneviève Massé reprend les motifs et les émotions du conte, sur des airs de Haendel, Purcell et autres Vivaldi.

Rojas-y-rodriquez-Titanes-fin-de-fiestaIl est des univers chorégraphiques qui sont liés à une époque particulière, ou bien à une communauté qui se définit à travers ces styles, comme le flamenco ou le hip hop. Quand les deux se rencontrent, ça donne Titanium, une pièce accompagnée par des musiciens sur le plateau et basée sur la rencontre de ces deux langages chorégraphiques qui ont chacune développé un rapport au sol de grande intensité, sans parler de la virtuosité et de l’énergie vitale qui s’y incarnent.

Mais Le Temps d’Aimer présente également une pièce emblématique d’une communauté de la danse beaucoup plus discrète, une danse à la fois contemporaine et mystérieuse: Le butô! Voici donc une autre facette de l’histoire de la danse au XXe siècle. Utt!, solo crée par Carlotta Ikeda dans une chorégraphie de Ko Murobushi (les deux figures majeures du butô qui viennent de nous quitter en 2014 et 2015) date de 1981 et a été transmis à la danseuse Maï Ishiwata juste avant qu’Ikeda nous quitte.

Faizalphoto-Steve-Appel-copie-e1435908029994Et puis, il y a la nouvelle création de Faizal Zeghoudi, qui interroge les relations hommes-femmes dans la culture musulmane. Certes, cette Chorégraphie de la perte de soi est de la danse contemporaine tout court, et pourtant elle reflète des influences culturelles profondes. Une femme face à cinq hommes, pour parler de l’obligation à renier son identité profonde, pour endosser un costume comportemental, octroyé par la religion.

Le ballet

Après tout, Thierry Malandain, directeur chorégraphe du Centre chorégraphique national de Biarritz et directeur artistique du Temps d’Aimer, est lui-même un adepte du ballet contemporain. Aussi le Malandain Ballet Biarritz présente Estro, sa dernière création et invite le Ballet Maribor de Slovénie. On verra à Biarritz les visions contemporaines du Sacre du printemps et de Stabat Mater, deux créations par le chorégraphe Edward Clug, un enfant de la Yougoslavie qui a fait ses études en danse à Cluj, en Roumanie.

Elephant-in-the-black-box-company-Photo-by-Pedro-Arnay-e1435908180269De Madrid vient, outre la Compannia Nacional de Danza, aujourd’hui dirigée par l’ancien danseur étoile de l’Opéra de Paris José Martinez, la compagnie Elephant in a Black Box (EBB), dirigée par un autre ancien danseur de ballet, Jean-Philippe Dury. Leur programme Héritages est composé de pièces de Dury et Nacho Duato, prédécesseur de Martinez à la tête de la compagnie nationale madrilène et aujourd’hui directeur du Staatsballett de Berlin.

Les Basques

Aucun autre festival n’offre une visibilité aussi naturelle aux chorégraphes du Pays basque. Certains font vivre la tradition des fameux basques bondissants, d’autres sont purement contemporains mais créent dans une respiration profonde, en osmose avec leur région et ses valeurs. Historiquement, la danse basque a été l’une des sources dans la création du ballet de cour.

Ezpata-Dantza-e1435908276445C’est Claude Iruretagoyena et sa troupe Ezpata Dantza qui nous le rappelleront en occupant les places de la ville avec leurs danses de groupe qui remontent au 17e siècle. A comparer avec une réécriture radicalement contemporaine de la danse basque par Ihintza Irungarai et Nathalie Vivier sous le titre Leihotik, également présenté en extérieur.

En salle, voilà l’un des grands chorégraphes contemporains de la région, Mizel Théret, qui ouvrira cette édition avec Zisnearen azken kantuak (Les Derniers Chants du Cygne), une pièce inspirée par les chants des oiseaux. Mais c’est Kukai Dantza qui est la compagnie la plus célèbre de la région. Leur chorégraphe Jon Maya présente Komunikazioa-Inkomunikazioa, en collaboration avec la troupe de théâtre Tattaka Teatroa. Pour cette création, ils ont également fait appel à Jone San Martin, célèbre interprète de la compagnie de Forsythe, chorégraphe et… enfant du Pays basque! Mais on y verra aussi Israel Galvan sur les traces basques dans le flamenco. Tout un programme…

Les insolites

saliasanouThierry Malandain aime à offrir une gamme aussi large que possible, et cela inclut des propositions à tendance plus déconcertante, comme La Clameur des Arènes de Salia Sanou, où trois danseurs et six lutteurs sénégalais transforment en chorégraphie une tradition sportive. Dans leurs pays ces lutteurs sont de véritables héros populaires. Il n’y a pas que le foot dans la vie! Ils se mettent donc en pleine lumière, en ayant l’habitude. C’est tout le contraire d’Emmanuelle Vo-Dinh dans son solo Sprint. La directrice du CCN Le Havre a écrit, pour la danseuse-coureuse Maeva Cunci une performance minimaliste qui flirte avec la suspension du temps et du corps matériel, où tout s’écrit dans des nuances infimes.

Le Temps d’Aimer la Danse, c’est tout ceci, et encore tellement d’autres pièces, de projections de films, de répétitions publiques, d’installations, d’expositions et d’événement conviviaux comme cette fameuse Gigabarre installée sur la promenade face à la plage, où le maître de ballet appartient à tout le monde, le temps d’une matinée dominicale. C’est au Temps d’Aimer qu’elle a été inventée!

Thomas Hahn

[Photos : © DR/ Dany Willems / Rafa Abella / Steve Appel / Pedro Arnay / DR]

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