“Roméo et Juliette” : une histoire de vendetta et d’amour
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Roméo et Juliette De William Shakespeare Mise en scène d’Éric Ruf Avec Claude Mathieu, Michel Favory, Christian Blanc, Christian Gonon, Serge Bagdassarian, Laurent Bakary Sangaré, Pierre Louis-Calixte, Suliane Brahim, Nâzim Boudjenah, Jérémy Lopez, Danièle Lebrun, Elliot Jenicot, Laurent Lafitte et Didier Sandre Tarifs : de 5 à 41 € Réservation en ligne Durée : 2h45 avec entracte Comédie-Française M° Palais Royal – Musée du Louvre |
Plus de soixante ans que la pièce de Shakespeare n’avait pas été montée à la Comédie-Française. Éric Ruf, le nouveau chef de la troupe, dépoussière ce chef-d’oeuvre en le montant dans une Italie pauvre de l’entre-deux-guerres, celle du cinéma italien où la “canzonetta” populaire faisait fureur. Avec une Suliane Brahim frémissante.
Une légende montée avec fureur C’est une histoire d’amour, de sexe et de sang que présente en ce moment la Maison de Molière dans la mise en scène d’Éric Ruf et le texte français de Francois-Victor Hugo, taillé et adapté au vocabulaire contemporain. Entre les hauts murs d’une vieille ville blanche (lumières de Bertrand Couderc), dans des immenses salles de toilette défraîchies aux lavabos en faïence et aux robinets de cuivre (scénographie d’Éric Ruf), va se jouer la plus cruelle des tragédies : celle qui ne laisse que quelques jours à Roméo (Jérémy Lopez, fiévreux) pour aimer de passion sa Juliette (Suliane Brahim, sauvage et pure), l’épouser par l’intermédiaire d’un moine philosophe (Serge Bagdassarian) et se tuer en la voyant morte à ses côtés, elle qui n’était juste qu’endormie par un filtre magique.
On danse, on rit, on court de manière effrontée dans la mise en scène d’Éric Ruf, qui y installe aussi un podium où sont chantées des chansons italiennes. Laurent Lafitte (Benvolio) et Pierre Louis-Calixte (Mercutio) sont des jeunes “ragazzi” bienheureux et fantasques qui succombent au mauvais piège de Tybalt (Christian Gonon). Le maître de cérémonie Frère Jean, incarné par Bakary Sangaré, dévoile peu à peu l’histoire comme un millefeuille au goût amer. Jérémy Lopez campe un Roméo à moustache, humble, latin et chaud, d’une simplicité et d’une franchise confondantes. La Juliette de Suliane Brahim est une jeune fille d’aujourd’hui, altière et sauvage, rebelle et décidée. Ces deux-là vont, au cours des deux heures de représentation, défier leurs parents, Lady Capulet (Danièle Lebrun) et son mari (Didier Sandre), couple petit-bourgeois rendu ici ridiculement mesquin (pourquoi ?), une nourrice (Claude Mathieu) vantarde et un fiancé ébloui (Elliot Jenicot attendrissant). Au final, à force de s’embrasser près des lavabos, de s’étreindre dans la pénombre des arrière-cours, Roméo et Juliette ressembleraient plutôt à de jeunes gens d’aujourd’hui, la liberté et le désir chevillés au corps, qui font la nique aux adultes. On sent nettement moins la haine viscérale qui oppose les deux familles que l’attirance quasi-cinématographique entre deux corps aux cœurs qui s’emballent dans des costumes signés Christian Lacroix. Du théâtre esthétiquement irréprochable, qu’on aurait aimé peut-être plus dérangeant. Hélène Kuttner [Photos © Vincent Pontet – Comédie-Française] |
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Des jeunes gens enfiévrés
Pas du chiqué !



