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“Schitz” : affreux, sales et méchants

1 avril 2015
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Schitz

Schitz

De Hanokh Levin

Mise en scène de
David Strosberg

Avec  Brenda Bertin,
Bruno Vanden Broecke,
Jean-Baptiste Szezot et
Mieke Verdin

Jusqu’au 16 avril 2015

Du mardi au samedi à 20h, relâche les 4, 5, 6 et 12 avril

Tarifs : de 14 à 24 €

Réservation en ligne ou au 01 43 57 42 14

Durée : 1h35

Théâtre de la Bastille
76, rue de la Roquette 
75011 Paris

M° Bastille
ou Bréguet Sabin
(lignes 1, 5 et 8)

www.theatre-bastille.com

KVS_Schiltz-DannyWillemsJusqu’au 16 avril 2015

Au Théâtre de la Bastille, le metteur en scène belge David Strosberg monte l’une des comédies familiales d’Hanokh Levin les plus cruelles et les plus noires. Amour, argent, cupidité et égoïsme sont les mamelles de ce théâtre formidablement décapant.

Une écriture cruelle et provocante

Hanokh Levin est l’un des plus puissants dramaturges israéliens (1943-1999) et son œuvre, composée d’une cinquantaine de pièces, n’a pas souvent fait l’unanimité du public et de ses compatriotes. Il faut dire qu’il y fustige allègrement la société israélienne dans laquelle il évolue, tant du point de vue social, familial que politique avec une plume qu’il trempe dans du vitriol et un rire rabelaisien qui se moque de tout, et qu’il n’a de respect pour rien. Ni pour Dieu, ni pour la famille, ni pour l’armée. Dans Schitz, une pièce musicale qui date de 1975, Tcharkès, un jeune arriviste, négocie comme un épicier ses épousailles avec Shpratzi, une jeune fille obèse et boulimique mais dont le père possède 50 % des parts de l’entreprise de camions Shufeldozer. Quand Shpratzi, la jeune fille, chante “Ah si seulement je le pouvais, je me marierais avec un cornet de frites…”, Tcharkès répond “Je ne suis pas très exigeant, mes attentes sont mesurées autant que mes désirs : Shpratzi, une paire de camions et 50 % de la maison Shufeldozer”.

KVS_Schiltz-DannyWillem_1Une parodie familiale qui prend la forme d’un cabaret noir et rose

David Strosberg est rentré dans le vif de cette écriture en évitant toute fuite dans l’onirique ou dans la métaphore. Avec des comédiens qui jouent face public, sous la forme d’un cabaret en pleine lumière, la fable se déroule sous nos yeux de manière la plus crue qu’il soit au sein d’un trio familial composé d’un père qui ne pense qu’à l’argent et qui évalue sa fille à l’aune de son poids (lourd) de chair (Bruno Vanden Broecke), d’une mère frustrée dont le seul rêve est de se faire épouser par un professeur américain (Mieke Verdin) et d’une princesse juive qui avale des kilos de cacahuètes en attendant le prince charmant qui la délivrera de sa tutelle parentale envahissante (Brenda Bertin).

Décor minimaliste, lumière éclatante, les acteurs sont donc les protagonistes principaux de cette pièce à l’ironie terriblement cruelle, dont ils incarnent physiquement les dialogues déjantés et drôles, les chansons scatologiques, les postures clownesques pour exprimer leur désir de bouffer la vie et l’argent sur le dos des autres. Point de compassion ni de bons sentiments dans ce spectacle crash et tendre à la fois, qui dit la misère humaine derrière le politiquement correct et qui raconte, hormis le pays de l’auteur, la cupidité de nos sociétés occidentales.

Hélène Kuttner

[Photos © Danny Willem ]

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