0 Shares 1262 Views

La Trahison d’Einstein au Théâtre Rive Gauche

18 février 2014
1262 Vues
La Trahison d’Einstein - Théâtre Rive-Gauche

La Trahison d’Einstein

D’Éric-Emmanuel Schmitt

Mise en scène de Steve Suissa

Distribution : Francis Huster, Jean-Claude Dreyfus et Dan Herzberg

Scénographie (décors) : Stéfanie Jarre // Lumières : Jacques Rouveyrollis // Costumes : Pascale Bordet // Musique : Maxime Richelme // Vidéo : Antoine Manichon // Assistant mise en scène : Stéphane Froelinger

À partir du 30 janvier 2014

Tarifs : 45€, 37€, 30€, 25€ et 12€

Réservation en ligne

Durée : 1h40

Théâtre Rive Gauche
6 rue de la Gaîté
75014 Paris
M° Montparnasse, Edgar Quinet ou Gaîté

www.theatre-rive-gauche.com

À partir du 30 janvier 2014

Le texte d’Éric-Emmanuel Schmitt peine à garder la tête hors de l’eau face à un tel déferlement d’effets tape-à-l’œil qui plombe la mise en scène de Steve Suissa qu’on a connu plus inspiré. Si Huster parvient cahin-caha à un minimum syndical, Dreyfuss s’enlise dans un cabotinage aussi exécrable que pathétique. Dommage. 

A l’aube de la Seconde Guerre Mondiale, Albert Einstein, exilé aux Etats-Unis bien qu’étroitement surveillé par le FBI car soupçonné de communisme, rencontre un vagabond qui a largué les amarres avec la société. Le scientifique prix Nobel expose à ce va-nu-pieds son dilemme. Ses travaux qui peuvent mener à la fabrication de la première bombe atomique et contraires à son pacifisme viscéral ne sont-ils pas une trahison faite à l’humanité entière ?

Comme avec son roman La Part de l’autre, Eric-Emmanuel Schmitt sonde une face plus obscure, plus méconnue d’une personnalité. Avec pour différence toutefois la réalité historique comme socle (« La Part de l’autre » était avant tout une fiction sur ce qu’aurait fait Hitler s’il avait réussi le concours d’entrée au Beaux Arts). Le sujet est passionnant et son rendu sous la plume de Schmitt réserve de belles envolées.

Des effets jusqu’à saturation

Hélas sur la scène, elles finissent par raser terre. Steve Suissa, qu’on a connu beaucoup plus discret et efficace, propose une mise en scène ultra lourdingue lestée d’un décor où l’œil ne sait où se promener, le tout dans une débauche de lumières, de vidéo et de musique. Tous sens en éveil, le spectateur risque de voir son attention déportée loin du texte. Totalement à l’étroit, les comédiens peinent à se mouvoir dans ce dispositif.

La Trahison dEinstein - Theatre Rive GaucheCela influe-t-il sur la pâleur de leur prestation comme si cette exiguïté scénique les privait de déployer un jeu digne de leur talent ? Difficile à dire. Mais l’impression de voir Francis Huster se contenter d’un strict minimum pour défendre ce physicien de génie qui n’en est pas moins homme constitue une frustration évidente. Son affrontement avec Jean-Claude Dreyfuss, grande figure des scènes qui avait enflammé son public il y a quatre ans avec son mémorable Mardi à Monoprix, tourne à vide, ce dernier hoquetant son texte à la limite de l’audible parfois et s’avérant carrément pathétique. Un duo qui ne fonctionne vraiment pas bien. C’est regrettable comme un rendez-vous raté.

Franck Bortelle

[Crédits photogrpahiques : DR]

Articles liés

« Don Quichotte » à l’Opéra Bastille ou le rêve de sauver le monde
Spectacle
133 vues

« Don Quichotte » à l’Opéra Bastille ou le rêve de sauver le monde

Après le superbe ballet de Rudolf Noureev présenté il y a un mois, voici l’opéra de Jules Massenet dans une nouvelle production dirigée par Patrick Fournillier, mis en scène par Damanio Michieletto, avec un Don Quichotte à la mélancolie...

« Place de la République » ou le théâtre en suspension de Clément Hervieu-Léger
Spectacle
317 vues

« Place de la République » ou le théâtre en suspension de Clément Hervieu-Léger

Dans la plus petite salle du Lucernaire, le Paradis, une jeune femme attend assise sur un banc de la Place de la République. Un homme plus âgé survient et la prend en photo. Ces deux-là n’attendent pas Godot comme...

“Terrasses” : le chant des morts et des vivants de Laurent Gaudé à la Colline
Spectacle
346 vues

“Terrasses” : le chant des morts et des vivants de Laurent Gaudé à la Colline

Le 13 novembre 2015, la salle de spectacle Le Bataclan a été le théâtre d’un massacre total perpétré par des tueurs jihadistes. Une centaine de morts, plus de quatre cents blessés, dans une salle bondée de 1200 jeunes gens...