0 Shares 1285 Views

La Nuit de l’ours – Théâtre de l’Atalante

10 mars 2011
1285 Vues
La_Nuit_de_lOurs_-_Atalante

L’un a une mère toxicomane, l’autre un frère schizophrène et le dernier un père et une sœur incestueux. Liés par une même détresse, ils se livrent à une joute verbale sans-merci, la parole ne suffisant parfois plus, le corps l’emporte sur les mots, laissant les comédiens exprimer leur colère dans des performances de danse où l’on saluera le travail de Claire Richard.
La chorégraphie et la musicalité de la pièce prennent quelque fois des airs de comédie musicale qui ne sont pas sans nous rappeler les jeunes délinquants de West Side Story. En effet, les acteurs imitent les pas de danses mais aussi les acrobaties et les bousculades des Sharks.

La virée nocturne des trois amis les emmènera d’un parc, où la prise d’ecstasy leur ouvre les portes d’un monde burlesque, au sous-sol de la maison d’Angel. Sous-sol, dans lequel les deux garçons déguisés, se livrent à une scène hilarante qui ne prendra fin qu’avec la terrible découverte d’Angel, les ramenant à la dure réalité de leur existence. Le comédien effectue alors  un virage à 360 degrés, le plus réservé devient l’instigateur de leur mini-révolution : partir à Grenade. Aventure qui les pousse à braquer une épicerie pour se procurer les fonds nécessaires.

Ils sont trois, trois univers différents, trois énergies incontrôlables, trois âmes abimées, mais ne formant qu’un face à l’épreuve de la réalité. Ils se chamaillent, se détestent, se battent pour finalement se soutenir. Mais cette rencontre, certes violente, crée des tensions extrêmement fortes qui conduit à une catharsis salvatrice pour chacun d’entre eux.
Du début de soirée au petit matin, ils utilisent un verbe fort, tirant le spectateur entre rire, peur, surprise, apaisement le tout dans un ensemble où la force du trio surprend. Le verbe acerbe souvent rythmé renvoyant aux sonorités du slam, renforce un récit sans cesse bousculé par une violence contenue au bord de l’explosion.

Agathe Alexis utilise avec brio les effets de clair-obscur, éclairage à la bougie, à la pile électrique plongeant le spectateur dans une noirceur parfois angoissante. Cette lumière ouatée englobe un décor minimaliste qui suggère des atmosphères très différentes, évitant ainsi l’impression du huis clos.
Le récit tire sa force de cette mise en scène efficace. Enfin, on soulignera la performance complète des jeunes comédiens Vincent Escure, Olivier Pilloni et Jonathan Salmon tout en nuance, entre maîtrise des mots et audace corporelle.

La nuit de l’ours ne laisse pas un seul répit au spectateur embarqué dans ce conte urbain mené tambour battant par trois comédiens talentueux. Une curiosité à ne pas manquer.

Morgane Guimier

La Nuit de l’ours
D’Ignacio del Moral
Mise en scène d’Agathe Alexis
Avec Vincent Escure, Olivier Pilloni, Jonathan Salmon

Du 2 au 31 Mars 2011
Tous les jours à 20h30, samedi à 18h et 20h30, dimanche à 17h, relâche le mardi
Renseignements et réservations 01 46 06 11 90

Théâtre de l’Atalante
10, Place Charles Dullin
75018 Paris

www.theatre-latalante.com

Articles liés

« Six personnages en quête d’auteur » : le Pirandello magnifique de Marina Hands
Spectacle
27 vues

« Six personnages en quête d’auteur » : le Pirandello magnifique de Marina Hands

La comédienne Marina Hands signe sa première mise en scène avec la captivante pièce de Pirandello, qui avait fait scandale dans les années 1920. Avec l’auteur Fabrice Melquiot qui a réalisé une traduction nouvelle, elle adapte le texte et...

Le Petit Palais ouvre ses portes aux artistes d’art urbain avec l’exposition événement “We Are Here”
Agenda
3672 vues

Le Petit Palais ouvre ses portes aux artistes d’art urbain avec l’exposition événement “We Are Here”

À partir du 12 juin 2024 et pour la première fois, le Petit Palais ouvrira ses portes aux artistes d’art urbain, les invitant à engager un dialogue subtil avec ses collections permanentes et son architecture. Une véritable exploration d’art...

“Symfolia” : une ode à l’art, à la musique et à l’environnement à voir à la Philharmonie de Paris
Agenda
91 vues

“Symfolia” : une ode à l’art, à la musique et à l’environnement à voir à la Philharmonie de Paris

À l’occasion des Jeux Olympiques 2024, la Philharmonie de Paris dévoile la sculpture monumentale de l’artiste américaine Rachel Marks. Visible jusqu’au 8 septembre, cette œuvre s’inscrit dans le cadre des Olympiades Culturelles, une initiative visant à faire dialoguer l’art...