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Studio Eclipse – Fallen Thoughts

20 septembre 2013
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Studio Eclipse - Fallen Thoughts

Voir deux femmes grimper entre les branches et le feuillage, le long du tronc ou rebondir à la corde élastique, est une des visions les plus poétiques mais aussi des plus étonnantes pour quelqu’un qui va voir une création chorégraphique. Plus extraordinaire encore, le public peut s’allonger dans l’herbe, sous la couronne de l’arbre. Fallen Thoughts : Le titre fait allusion à la chute, mais la gravité est en permanence déjouée quand Roosens et Estelle Delcambre grimpent telles des écureuils, koala ou caméléons, pour se glisser entre les branches. Elles se balancent dans un ballet (presque) aérien, finement étudié. Leurs états énergétiques peuvent renvoyer à des espèces diverses et variées, des singes aux reptiles. Heureusement, elles ne versent pas dans la mimesis animalière au premier degré, lui préférant le mystère d’une présence para-humaine en apesanteur. Voilà qui produit le même effet transfigurant que les grands jetés d’une ballerine. Corde, corde élastique et fil de sécurité sont pleinement visibles, sans nuire à la magie des présences. Sous le feuillage, la lenteur des déplacements contribue également au mystère. Et la musicienne, suspendue dans son cabanon, accompagne les deux créatures d’une musique pleine de mystères.

Si elles portent des combinaisons rouge ou orange, c’est pour ne pas disparaître complètement derrière les feuilles. Car Satya Roosens, la chorégraphe, aime jouer avec la présence et la disparition. Dans sa pièce précédente, on voyait un trio dans l’eau, à la nage et en plongée, dans un ménage à trois autour d’une plateforme flottante. Aujourd’hui, accrochées à leurs cordes, Roosens et sa partenaire jouent de nouveau, mais autrement, avec l’apesanteur.

Studio Eclipse - Fallen ThoughtsL’union entre la pratique chorégraphique et le message fonctionne à merveille, sans passer par les lourdeurs d’un discours. Le spectateur se projette dans l’arbre et fait une expérience sensorielle. Instinctivement, il ressent l’importance de la symbiose entre l’homme et la nature car il est évident qu’ici, la création s’adapte à son support. Est-ce déjà de la danse écologiste? Peut-être, même si Satya Roosens ne prévoit pas forcément de créer à jamais pour un environnement naturel. Bruxelloise, elle peut nous réserver de toutes autres surprises à l’avenir. Sa capacité à danser hors des sentiers battus n’est plus à démontrer.

Thomas Hahn

[Photos : Thomas Hahn]
 

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