0 Shares 1482 Views

Thomas Fiebig – La Grande Bouffe – Addict Galerie

3 février 2012
1482 Vues
Addict Galerie

Dans sa quête du vrai, Thomas Fiebig use d’un langage d’une douloureuse ironie qui masque mal un certain désespoir. Ainsi, cible-t-il le hamburger, prêt-à-manger, fabriqué en masse, emblématique du vite absorbée, vite rassasié. Cette nourriture ambulante, saturée de produits standardisés pour fondre en bouche malgré leur empilement pyramidal, industrialise le gavage d’estomac.

La série de hamburgers que propose l’artiste dénonce à sa manière cette culture de l’élevage du citoyen en batterie. Le pop art revendiquait les objets de notre quotidien  comme données irréversibles de notre culture post-industrielle mais les restituait fidèlement (voir les soupes Campbell ou les billets d’un dollar). Thomas Fiebig, lui, dynamite la représentation de ces sandwiches vertigineux, moelleux mais sans substance, en étale la matière, en fait, au choix, des champignons suspects ou des verticalités informes, des compressions d’ingrédients indistincts, prêts à la mastication sommaire et à la digestion hâtive. La couleur éclate, coule, déborde, brouille la consistance de la pitance proposée au point qu’on voit mal à quel stade d’assimilation elle se situe. 

Thomas Fiebig veut dramatiser l’enjeu de son propos. Aussi broie-t-il les formes avec un appétit qu’on n’ose qualifier de carnassier. Ses excentriques hamburgers dénoncent une civilisation où, l’individu, intégré à une chaîne alimentaire infernale, est à la fois consommateur et digéré. Le goût ainsi uniformisé soulève le dégoût de l’artiste qui l’éloigne d’une représentation vériste du hamburger pour en dévoiler l’essence profonde.

Thomas Fiebig prépare méticuleusement son travail sur ordinateur avant de le reproduire de manière originale sur la toile. Il ne cherche nullement à recopier son schéma numérique mais à lui donner une traduction libre travaillée par la matérialité brute de la peinture et soumise aux aléas de l’inspiration. Il déconstruit, donc recrée, ce qu’il voit et le décline en autant d’œuvres singulières, ribambelle infernale qui domestique nos appétits.

C’est cette série qu’Addict Galerie sera heureuse de vous présenter à l’occasion de la première exposition personnelle de Thomas Fiebig à Paris.


Thomas Fiebig – La Grande Bouffe

Du 4 février au 31 mars 2012
Du mardi au samedi de 11h à 19h et sur rendez-vous

Vernissage le samedi 4 février 2012 de 18h à 21h

Addict Galerie – Laetitia Hecht
14/16, rue de Thorigny
75003 Paris 

www.addictgalerie.com

A découvrir sur Artistik Rezo :
Agenda des vernissages en février 2012

Articles liés

« Don Quichotte » à l’Opéra Bastille ou le rêve de sauver le monde
Spectacle
135 vues

« Don Quichotte » à l’Opéra Bastille ou le rêve de sauver le monde

Après le superbe ballet de Rudolf Noureev présenté il y a un mois, voici l’opéra de Jules Massenet dans une nouvelle production dirigée par Patrick Fournillier, mis en scène par Damanio Michieletto, avec un Don Quichotte à la mélancolie...

« Place de la République » ou le théâtre en suspension de Clément Hervieu-Léger
Spectacle
324 vues

« Place de la République » ou le théâtre en suspension de Clément Hervieu-Léger

Dans la plus petite salle du Lucernaire, le Paradis, une jeune femme attend assise sur un banc de la Place de la République. Un homme plus âgé survient et la prend en photo. Ces deux-là n’attendent pas Godot comme...

“Terrasses” : le chant des morts et des vivants de Laurent Gaudé à la Colline
Spectacle
354 vues

“Terrasses” : le chant des morts et des vivants de Laurent Gaudé à la Colline

Le 13 novembre 2015, la salle de spectacle Le Bataclan a été le théâtre d’un massacre total perpétré par des tueurs jihadistes. Une centaine de morts, plus de quatre cents blessés, dans une salle bondée de 1200 jeunes gens...