Festival de Cannes 2012 – 23 mai 2012
Je participe aussi à des initiatives créatives sur le web (comme « Cannes Inside » depuis des années, et maintenant « Cannes I Come ») et certains supports profitent de ma présence sur place pour me commander des interviews… bref, mes journée sont déjà bien pleines sans même aller voir les films. Imaginez un peu le nombre de séances de films « pour le plaisir » que j’ai dû oublier pour cause d’emploi du temps de ministre et je ne parle même plus des sorties que je refuse ou des lieux dont je rêve et où je ne peux pas mettre les pieds. C’est aussi ça Cannes, des choix cornéliens et la certitude, plus que jamais dans la vie, que quels que soient ses choix on rate toujours une meilleure fête, une meilleure opportunité, un meilleur film.
À 15h, je rattrape enfin le film du réalisateur coréen Hong Sangsoo, In Another Country, avec Isabelle Huppert. Comme toujours, le facétieux réalisateur nous raconte une même histoire déclinée, toujours la même, celle de l’amour, du désir et des soirées entre amis avec son humour et son talent habituel. Mais cette fois, la fatigue a raison de moi, le rythme lancinant des vagues dans cette station balnéaire de Corée me fait fermer les yeux et une projection qui aurait pu être agréable voire réjouissante se transforme en torture à lutter contre le sommeil. Je décide donc de rentrer une nouvelle fois à l’appartement pour une courte sieste qui, je l’espère sera réparatrice.
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Je prévois à mon retour dans la bataille au moins une heure d’attente pour la projection presse de Post Tenebras Lux, le nouveau film du réalisateur Carlos Reygadas dont beaucoup présument qu’il pourrait avoir la palme. Quelle déception et quelle colère quand je quitte une salle bondée dans le même état que moi pour cette farce visuellement irréprochable (et même magnifique) qui n’est que le théâtre d’une réalité triviale et malsaine. Rien de pire qu’un film sans scénario ou sans tête.
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Très contrariée, je me rends à la salle du soixantième pour une projection rattrapage du film de Takashi Miike (hors compétition), Ai to Makoto. Mais il faut d’abord traverser une rue bloquée par les montées des marches successives de la soirée, par un public dense et la police qui gère tout ce petit monde. C’est une course contre la montre, que de traverser ces pauvres 500 mètres en moins de 30 minutes et c’est bien le grand défaut de ce folklore.
Pour la troisième projection, la salle du Soixantième est loin d’être pleine et je profite d’un confort que j’avais presque oublié, celui d’étendre les jambes et de garder une place pour mon sac. Le film de Takashi Miike est jouissif comme prévu, parfait pour calmer ma colère et dans la veine de son dyptique Crows Zéro. Très référencé autour de la culture manga et globalement la culture populaire japonaise, cette histoire d’amour sous forme de comédie musicale est un petit bijou d’humour et de violence, d’expérimentations visuelles et de J-Pop.
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Il est autour de minuit quand j’erre dans la ville à la recherche de mon dîner. Une tradition en festival, où il est souvent impossible de trouver à s’alimenter rapidement, passé 23h. Comme souvent c’est une célèbre enseigne de fast food qui me sauve et je rentre vite à l’appartement pour écrire avant de glisser dans les bras de Morphée.
On sent la fin du festival qui déjà marque les visages et rend les réveils difficiles. La liste des favoris pour les différents prix est déjà sur toutes les lèvres et le beau temps sonne en fait le glas de la fête et de la folie des premiers jours…
Lucile Bellan
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