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Les Fiançailles au couvent – Opéra Comique

29 janvier 2011
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Cet opéra bouffe, d’après La Duègne de Sheridan, a vu le jour en 1946 au Théâtre Kirov de Lenningrad, vingt ans après l’Amour des trois oranges, et fut peu apprécié officiellement par le régime stalinien. Prokofiev s’était attaché à l’intrigue très théâtrale sans doute en raison de ses ressemblances avec une comédie de moeurs. Dans une Espagne de convention, au sein d’une famille noble, un père veut marier sa fille à un très riche marchand de poisson. Il est aisé de saisir la trop visible métaphore des barbons matérialistes voulant réduire les jeunes premiers pleins de sagesse et de bon sens.

 

Martin Duncan signe une mise en scène claire et efficace, malgré la langue russe, en soulignant la théâtralité de l’intrigue : des déguisements, des quiproquos, un enlèvement… mais aussi le décor très mobile manipulé parfois par les chanteurs mêmes, et six techniciens présents sur scène dans des chorégraphies. Ce décor quasi unique est renouvelé par les lumières. Le spectacle se fait et se défait, cédant peut-être chaque soir une place importante à l’improvisation.

FIANCAILLES-COUVENT_3_DR_Patrice_NinLa musique de Prokofiev crée d’authentiques personnages, accentuant leur tempérament et les situations dramatiques. Anastasia Kalagina interprète une délicieuse Louisa. La soprano, très applaudie, a charmé par le timbre divin de sa voix et sa grâce naturelle s’opposant au rude et grivois Mendoza et à son père naïf, respectivement Mikhail Kolelishvili et Brian Galliford.

 

Quelles figures ! Quelles présences et quels tempéraments ! Dirigés avec finesse et dans l’esprit de la farce, la basse et le ténor jouent les deux barbons avec bonheur, sans oublier la terrible duègne, interprétée avec humour par Larissa Diadkova, apportant la dimension comique de l’oeuvre. Le lyrisme apparaît avec les personnages de Don Carlos et Ferdinand, Yuri Vorobiev et Édouard Tsanga, composant des personnages modestes et attachants.

Les styles sont mélangés avec le carnaval : toutefois les costumes fluo des danseurs tirent trop vers le grotesque, rappelant la comédie enfantine célèbre des français “Casimir”, mêlés aux livrées très XVIII ème du valet. Une certaine poésie se dégage des scènes du couvent tandis que celle des moines est totalement burlesque mais datée aujourd’hui. Qui irait se moquer de cet univers ecclésiastique aujourd’hui ?

 

 

Marie Torrès

 

 

© Patrice Nin.

 

 

Les fiançailles au couvent
Opéra Bouffe en quatre actes de Serge Prokofiev
Livret de Serge Prokofiev et Myra Mendelssohn d’après La Duègne de Sheridan. Créé au Théâtre Kirov de Leningrad le 3 novembre 1946

Direction musicale, Tugan Sokhiev
Mise en scène, Martin Duncan
Décors et costumes, Alison Chitty
Lumières, Paul Pyant
Chorégraphie, Ben Wright

Orchestre et chœur du Capitole de Toulouse

Spectacle en russe sur-titré

28 janvier, 1er, 3 février 2011 – 20h
30 janvier 2011 – 15h

Tarif B : 115, 95, 70, 40, 15, 6€
Salle Favart – Durée : 2h15

 

www.operacomique.fr

Introduction à l’œuvre 30 minutes avant chaque représentation

 

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