Quelqu’un comme vous au Théâtre du Rond Point
Pendant que le public se place, le bruit des vagues, très subtilement, tente de calmer l’excitation des spectateurs en retard ou perdus au milieu de la grande salle Jean-Louis Barrault. On distingue la scène, voilée pour le moment d’un rideau transparent, évoquant une végétation sauvage. Enfin, le noir se fait. La scénographie s’avère très épurée, chiadée, efficace. Un système de représentation bien pensé. Weber entre, fait la crêpe au soleil, tout est calme, l’atmosphère s’installe.
Le problème, c’est que ça ne décolle pas. La présence du grand comédien et sa justesse de ton n’arrivent pas à combler le vide d’un texte insignifiant, et la présence très légère de Bénabar. Il ne joue pas mal, mais se révèle trop inconsistant physiquement pour une scène de théâtre. On a plus l’impression d’assister à une répétition de Weber et une réplique de dépannage. Bénabar, sensé être un personnage inquiétant, ressemble à un gosse qui vient taquiner son grand-père. Cependant, il n’est pas responsable de l’échec de la pièce pour autant.
Le rythme est la notion absente de ce spectacle. Tout traîne, le pas des acteurs, les répliques, et surtout l’intrigue. Le texte mériterait d’être coupé, remanié afin de donner pièce de trente, voire quarante-cinq minutes. Mais une heure et demie, c’est trop. La substance du discours se délite, parce-que trop étirée.
On s’endort un peu, on attend…Pour un dimanche pluvieux, on avait rêvé mieux. Le Rond-Point nous déçoit cette fois-ci, mais on ne lui en tiendra pas rigueur.
Nathalie Troquereau
A découvrir également sur Artistik Rezo :
– la critique de Cassandre Bournat
Quelqu’un comme vous
Texte de Fabrice Roger-Lacan
Mise en scène Isabelle Nanty
Avec Jacques Weber et Bénabar
Jusqu’au 10 avril, 21h
Tarifs réduits : groupe 20€, plus de 60 ans 25€, demandeurs d’emploi 16€, moins de 30 ans 14€, Imagine R 10€
Réservations : 01 44 95 98 21
Théâtre du Rond-Point
2bis, av. Franklin D.Roosevelt
75008 Paris
M° Franklin D.Roosevelt (lignes 1 et 9) ou Champs-Elysées Clémenceau (lignes 1 et 13)
[Visuel : Jacques Weber, Bénabar. © Giovanni Cittadini Cesi]
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