Emilio Calcagno

Emilio Calcagno s’est fait connaître d’un large public, plus étendu que celui de la danse, avec ARCHIPEL, une série de boîtes magiques d’où émergent des danseurs à l’effigie d’un personnage de BD mythique. Ce qui ne l’a pas empêché de créer Nouvelle Vague, étude minutieuse et instruite sur la génération Bagnolet, autrement dit l’émergence de la danse contemporaine en France, dans les années 80. C’est que notre homme n’oublie pas ses racines, sans pour autant oublier d’aller de l’avant. Et ailleurs. Il est d’abord remarqué en tant que danseur soliste au sein du célèbre Ballet Preljocaj.

Bien vite, il y prend en main le secteur pédagogique et celui de sensibilisation. Sa poigne a fait beaucoup. Il est plébiscité par de grandes marques comme AUDI, et des acteurs tels que Denis Lavant avec qui il crée un film dansé au Palais Farnese à Rome. De New York à Tel Aviv, en passant par Sydney, les tournées l’emportent…sans lui monter à la tête, qu’il a carrée, impulsive, droite et déterminée. Un sens du réalisme, des affaires, rare dans le milieu de la danse, qu’il marie gracieusement avec une poésie douce et le goût des belles choses. Après une période de recherche sur son propre style, qui a fait voir le jour à des pièces d’orfèvre come Peter Pan, Emilio s’attaque à des collaborations prestigieuses, à l’instar des Ballets Russes de Diaghilev au début du 20ème siècle. Une lignée de haut vol, assumée. Ainsi, on assistera en 2012, notamment à Chaillot et à l’Opéra de Saint-Etienne, à la naissance du premier ballet sur le thème de Peau d’âne.

La passion d’Emilio pour les histoires de princes et de princesses, et sa fascination pour l’inceste, du moins la charge érotique trouble contenue dans le conte des Frères Grimm repris par Perrault, a tissé la trame d’un projet grandiose. L’orchestre de Picardie, avec Nathaniel Mechaly, talentueux compositeur de BO de célèbres films internationaux, sera pour beaucoup dans l’événement. Une envolée lyrique sans égal à ce jour dans la danse contemporaine. Sylvie Olivé, fameuse collaboratrice de ballets, à la scénographie, contribuera à la féerie de l’œuvre. Une pièce haut de gamme, riche en surprises, est donc attendue à la veille de Noël… Pour nous faire rêver.

D’ici là, un ballet sur Rousseau, pour fêter le tricentenaire de sa mort, nous embarquera dans une fête où la philosophie des Lumières sera traitée avec finesse et sens du plaisir, autour de la notion chère à Jean-Jacques de la gourmandise… Emilio est aussi toujours en résidence au Théâtre de la Faïencerie à Creil… Et, bien sûr, les boîtes magiques d’ARCHIPEL tourneront : de la MAC de Créteil au festival Temps d’Aimer à Biarritz, en passant par l’Auditorium du Louvre… Toutes ces dates prestigieuses en des lieux d’exception ne font pas monter la pression outre mesure à Emilio. Concentré, il ‘est pas nature. Confiant, mais prudent, il a appris à devenir un battant. Avec sa dégaine de dandy planté au beau milieu d’un sourire latin ravageur , un sens de la dérision qui ne sombre pas dans le cynisme mais lui permet juste d’éviter les embuches, un réalisme qui le rend fort et tenace, il fait figure d’OVNI dans la danse française. Parions que cette énergie à revendre fera les beaux jours des spectateurs en leur redonnant le goût du Beau, décrié, malmené…et par Emilio affirmé. De nos jours, a-t-on besoin d’autre chose que de rêver ?

Bérengère Alfort

Prochainement :

• ARCHIPEL : Biarritz, festival Temps d’aimer, septembre 2011
• Paris, Auditorium du Louvre, 17 février 2012
• Créteil , la MAC, dans le cadre des Plateaux de la Biennale, 23 et 24 septembre 2011
• PROJET ROUSSEAU : Parc Rousseau, du 28 au 30 juin 2012
• Peau d’âne : du 8 au 10 novembre 2012 à Chaillot, en décembre à l’Opéra de Saint-Etienne

www. Compagnie-eco.com

[Visuels : Portrait d’Emilio Calcagno // archipel / little nemo 3 / Copyright Tommaso Awerbuch]