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Les Capulet et les Montaigu – Bellini – R. Carsen – Opéra Bastille

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6893_-DSC8345Reprise de la mise en scène de Robert Carsen de la tragédie lyrique de Bellini Les Capulet et les Montaigu. Karine Deshayes et Ekaterina Siurina triomphent en Roméo et Juliette à l’Opéra de Paris.

La mise en scène de Robert Carsen, reprise pour la cinquième saison à l’Opéra Bastille depuis 1996, séduit dans les décors grandioses de Michael Lévine. Chacun connaît le célèbre amour des deux jeunes gens opposé à l’entêtement des familles en conflit pour le meurtre du jeune Capulet. La tragédie lyrique est toujours d’actualité. Elle interroge le spectateur : peut-on aimer le meurtrier de son frère ? La réponse est négative comme l’illustre la première image en plantant dans le sol des épées que chaque homme du clan Capulet retire une à une.

Le ton tragique est donné d’emblée. Le décor symbolique révèle l’enfermement tragique des personnages. Le combat est inévitable dans les clans ennemis. À la première image de l’opéra répond la dernière. Nous retrouvons le même mur frontal qui cache la profondeur de la scène au début : nous avons pénétré dans le drame comme chez les Capulet. Nous en sortons avec ce mur qui s’abaisse sur le drame laissant les personnages en prise à l’intérieur des murs comme à leurs convictions. Chacun se rejette tour à tour la mort des deux jeunes amants à coups d’épée. Tout est symbolique : déjà la couleur rouge de la maison des Capulet, vermillon comme leurs costumes, arborait celle du meurtre final. À l’opposé, les Montaigu sont vêtus d’un noir sinistre tandis que Juliette, en robe blanche immaculée, symbolise l’innocence et la pureté.

La scénographie est astucieuse. Elle présente un double avantage : d’une part, mobiles, comme des pièces d’un Lego, les murs s’articulent pour créer différentes configurations, intimes et publiques, présentant des zones dans l’ombre et d’autres en pleine lumière comme le lit de Juliette ou son tombeau. D’autre part, ils partagent ainsi l’immense plateau de l’Opéra Bastille. L’espace pleinement utilisé et réduit se transforme à vue d’œil, recélant des portes dérobées, voire un immense escalier. C’est magique.

Les scènes de combat succèdent aux affrontements des solistes dans cet espace mortifère. Robert Carsen a soin d’opposer la solitude du personnage à la multitude des ennemis. Roméo – Karine Deshayes – fait figure à la fois de lion face au chœur et de colombe. La mezzo-soprano incarne un Roméo troublant. Par sa stature féminine, elle campe un parfait adolescent quoique guerrier. Il est toujours l’épée à la main. La mezzo-soprano bouleverse sa puissance vocale tout en nuances mêlant la douceur et la virtuosité. Les duos avec Juliette sont superbes et seule contre tous, on ne voit qu’elle. La cantatrice a été extrêmement applaudie.

Ekaterina Siurina incarne une Giulietta déchirée, véritable colombe d’une douceur bouleversante. Leurs deux voix mêlées sont assez troublantes. 
Nahuel di Pierro est un magnifique Lorenzo et Paul Gay campe un noble Capellio très majestueux. Enfin, le ténor Charles Castronovo en Tebaldo est très convaincant. Bel homme, il est un double possible de Roméo, évincé par l’Amour.

Bruno Campanella dirige la musique de Bellini avec emphase.

Marie Torrès

Les Capulet et les Montaigu
Vincenzo Bellini
Tragédie lyrique en deux actes (1830)

Orchestre et chœur de l’Opéra National de Paris

Jusqu’au 23 mai 2014

Opéra Bastille
75011 Paris

www.operabastille.com


[Crédit photos :  Opéra national de Paris / Ch. Pelé / Ch. Leiber]

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