Camille Cottin, Camille Chamoux, les voix d’une nouvelle génération

Plusieurs projets communs et une cote qui n’en finit plus de monter : Cottin et Chamoux ne partagent pas qu’un prénom. Dans Larguées, où elles jouent les deux filles de Miou-Miou, elles sont une nouvelle fois parfaites. Retour sur leur début de carrière.

Pour Camille Cottin, le déclic est arrivé grâce à Connasse. Dans ce programme court diffusé sur Canal Plus, elle interprétait en caméra cachée une femme absolument imbuvable, sans empathie ni compassion, qui faisait preuve d’une méchanceté et d’un égoïsme ahurissants. De quoi rebuter en profondeur ou, au contraire, susciter une adhésion enthousiaste. La série a fini par devenir un long-métrage (Connasse, princesse des cœurs, toujours à l’initiative de Noémie Saglio et Eloïse Lang) dans lequel l’actrice, toujours en caméra cachée, s’en donnait à cœur joie, mettant l’Angleterre à sac à la manière d’un Sacha Baron Cohen, mais sans jamais sombrer dans la copie.

Nommée au César de l’espoir pour le film, Camille Cottin a ensuite décollé de façon impressionnante, loin de rester cantonnée à un rôle qui aurait pu lui coller à la peau pendant des années. Son rôle phare dans la série Dix pour cent, où elle interprète une agent de vedettes, la rend populaire. Et la prestation est d’autant plus saluée qu’il s’agit de l’un des premiers personnages ouvertement lesbiens qui accèdent à la tête d’affiche d’une série grand public.

Côté cinéma, Cottin n’est pas en reste : dans Les Gazelles de Mona Achache, elle s'impose en meneuse de la comédie française au féminin, pour ne pas dire féministe. Toute première fois (co-réalisé par Noémie Saglio) et Telle mère, telle fille (première réalisation solo de Saglio) ne rencontrent pas un franc succès mais continuent néanmoins à l’imposer dans le paysage cinématographique français.

Camille Cottin a atteint un niveau de charisme tel qu’il lui est désormais possible de sauver un film à elle seule. C’est par exemple le cas avec le poussif Iris de Jalil Lespert, où elle est la seule à briller. En revanche, dans Larguées, elle est idéalement entourée, et bien servie par un scénario et des dialogues à tomber.

Première réalisation en solo pour Eloïse Lang, le film s’intéresse aux vacances réunionnaises de Rose et Alice, deux sœurs totalement différentes qui vont collaborer afin d’offrir à leur mère déprimée un repos bien mérité. Cette mère, c’est Miou-Miou, trop peu présente sur nos écrans, et a fortiori dans des comédies. Le film a tout pour faire un carton, d’autant que l’autre Camille y livre également une prestation géniale.

Camille Chamoux, elle, a débuté sur scène. Ses one woman shows détaillent avec drôlerie les atermoiements d’une trentenaire (désormais quadra) qui se débat entre ses souvenirs d’enfance, son destin de femme et les mille et unes injonctions qui se présentent à elle. Deniers spectacles en date : le craquant Née sous Giscard, qui date de 2012 et qu’elle a mis en scène elle-même, et le récent L’esrit de contradiction, mis en scène par… Camille Cottin.

Les deux femmes ne se quittent plus. On avait également pu les voir ensemble dans Les Gazelles, où on ne voyait quasiment qu’elles. Très présente dans le paysage comique de ces dernières années, Camille Chamoux n’a pas fait que des bons choix (Mes trésors avec Jean Reno et Faut pas lui dire avec Jenifer n’étaient pas de franches réussites), mais sa simple présence suffit généralement à injecter de l’énergie et de la drôlerie aux films dans lesquels elle apparaît.

Les deux actrices sont la preuve qu’on peut percer à presque quarante ans, être drôles sans toujours être futiles, et faire gagner en qualité chaque film et chaque série où l’on fait appel à elles. C’est toujours un ravissement absolu de les retrouver séparément, et c’est une joie sans limite que de savoir qu’on pourra les voir et revoir ensemble dans Larguées, qui a tout pour être le succès pas si surprise du printemps. C’est en tout cas tout ce que l’on souhaite aux deux actrices, ainsi qu’à Miou-Miou et Eloïse Lang.

Lucile Bellan