0 Shares 4215 Views

Kiki Smith à la Monnaie de Paris, une carte blanche exceptionnelle

Agathe Pinet 11 novembre 2019
4215 Vues

Kiki Smith - Monnaie de Paris

Une centaine d’œuvres de l’artiste Kiki Smith ont investi les murs de la Monnaie de Paris pour notre plus grand bonheur. L’exposition inédite est à voir jusqu’au 9 février 2020.

Pionnier, engagé et harmonieux, le travail de Kiki Smith invite à la fois à l’introspection et à la contemplation du monde qui nous entoure. Au fil des salles, le public découvre les thèmes abordés par l’artiste : organe, peau, corps, animaux, nature et univers. Du microscopique au cosmologique, Kiki Smith met des images sur ce que nous ne saurions voir : notre existence au sein du cosmos ou encore notre lien étroit avec la nature.

Sungrazer VII, 2019, Sungrazer VIII, 2019, Sungrazer IX, 2019 © Kiki Smith, courtesy Pace Gallery

L’art de Kiki Smith s’inscrit également dans une démarche féministe, comme illustré par Pyre Woman Kneeling. Avec cette sculpture l’artiste s’attaque au sujet des procès fait aux femmes accusées de sorcellerie pendant la Renaissance ayant conduit à des dizaines de milliers d’assassinat. Puissantes et en chair, les femmes de Kiki Smith ne sont pas objectifiées par un regard masculin.

Kiki Smith, Pyre Woman Kneeling, 2002  © Kiki Smith, courtesy nctm e l’arte and Galleria Raffaella Cortese

Le parcours, pensé par l’artiste elle-même sous le commissariat de Camille Morineau, rend hommage à la large palette de médiums qu’elle maitrise : sculptures, tapisseries, cire, dessins et gravures sont au cœur de cette rétrospective. Par leur intermédiaire, Kiki Smith parvient à créer des œuvres pleines de sens, sans jamais tomber dans le superflu ou l’inaccessible. Sleeping, Wandering, Slumber, Looking About, Rest Upon (2009) qui ouvre l’exposition n’invite à rien d’autre qu’à déambuler parmi des sculptures géantes de femmes et de moutons dispersées dans le Salon Dupré.

Kiki Smith, Sleeping, Wandering, Slumber, Looking About, Rest Upon, 2009-2019 © Kiki Smith, courtesy Pace Gallery

Au sein de cet univers, l’artiste navigue et s’inspire de ces expériences personnelles aussi bien que de références culturelles et spirituelles. Ainsi, la religion catholique, dans laquelle elle a été élevée est prédominante à travers l’image de la Vierge Marie. L’importance de cette figure s’explique également par le lien qu’elle voit entre religion et art: « it’s one of my loose theories that Catholicism and art have gone well together because both believe in the physical manifestation of the spiritual world ».

Kiki Smith, Untitled, 1995 © Kiki Smith, courtesy Pace Galler

L’artiste s’inspire également de son enfance et des contes qu’on lui a lus. Avec Rapture, elle représente une femme naissant d’un loup, clin d’œil au Petit chaperon rouge. Son intérêt pour les héroïnes de contes et son désir de montrer le lien fort entre femme et animaux a été insufflés par la découverte d’un tableau représentant Sainte Geneviève, patronne de Paris, entourée de loups et de moutons.

Ce qui frappe dans cette exposition inédite, c’est la capacité de l’artiste à réconcilier les contraires et à faire dialoguer des éléments habituellement montrés en opposition. C’est ainsi que féminin et masculin, religieux et profane, enfance et âge adulte se répondent avec harmonie tout en provoquant des émotions diverses chez le spectateur.

Agathe Pinet

En ce moment

Articles liés

Orelsan et “Yoroï” : un nouvel art de se raconter
Cinéma
75 vues

Orelsan et “Yoroï” : un nouvel art de se raconter

Avec Yoroï, Orelsan dépasse la musique pour façonner un univers cinématographique dense et personnel. L’artiste brouille les frontières entre fiction et réalité pour mieux se réinventer. Un tournant qui redéfinit sa place dans la culture contemporaine. Un peu plus...

“Détail d’un vase grec à figures rouges”, du théâtre déconstruit à l’Athénée
Agenda
92 vues

“Détail d’un vase grec à figures rouges”, du théâtre déconstruit à l’Athénée

Ce spectacle n’est pas un spectacle. Ou peut-être que si ? En tout cas, ce n’est pas un spectacle. Inscrits avec humour dans une démarche de déconstruction de la représentation théâtrale, Flavien Bellec, Étienne Blanc, Clémence Boissé et Solal Forte...

L’adaptation du conte “Poil de Carotte” à l’Athénée Théâtre
Agenda
80 vues

L’adaptation du conte “Poil de Carotte” à l’Athénée Théâtre

À rebours d’une adaptation littérale du conte cruel de Jules Renard, Poil de Carotte, le trio Flavien Bellec, Étienne Blanc et Solal Forte s’appuie sur l’expérience de l’humiliation portée par le roman pour déconstruire la représentation théâtrale. Entre geste...