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Entretien avec Sylvie Dusseaux sur la préservation des monuments nationaux en milieu rural

Antoine Baux 19 janvier 2024
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Le château de Montal (46)

Le patrimoine en milieu rural fait face à des défis qu’il est nécessaire de connaître et de relever. Quatre châteaux situés en Occitanie sont l’objet de nombreux travaux aussi bien manuels, pédagogiques ou encore, administratifs.  Entretien avec Sylvie Dusseaux, administratrice adjointe de quatre châteaux : Montal, Castelnau-Bretenoux et Assier dans le Lot (46) ainsi que de Puyguilhem en Dordogne (24). 

Quel est votre métier ?

Je suis administratrice adjointe de quatre monuments faisant partie du Centre des Monuments Nationaux (CNM) qui est un établissement public qui gère l’ensemble du patrimoine de l’État. Mon métier consiste à valoriser ces monuments. Cela implique d’assurer la sécurité du public et du bâtiment, d’avoir un projet artistique et culturel à mener sur les années à venir, ou encore, de développer les recettes de ces monuments.

Quelle formation avez-vous effectuée ? 

Après l’obtention d’un bac A1 (mathématiques et philosophie), j’ai suivi un cursus d’Histoire à Paris. Ensuite, j’ai effectué un DESE (équivalent au Master 2) de gestion de projets culturels. C’est à l’occasion d’un stage à la caisse des monuments historiques et des sites que je me suis professionnalisée puisqu’il a abouti sur un contrat.

Quelles sont vos missions quotidiennes ? 

Elles sont nombreuses et variées. Il y a de la programmation culturelle au sens large. Par exemple, il faut contacter des troupes de théâtre, préparer des expositions ou des colloques. Il y a également l’encadrement des équipes qui demande du temps ainsi que la tenue du budget. Enfin, l’entretien quotidien de ces monuments demande aussi de l’investissement.

Y-a-t-il d’autres professions avec lesquelles vous avez l’habitude d’intervenir au quotidien ? 

Bien sûr. Il y a d’abord des architectes. Il y en a deux sortes : ceux travaillant au siège des monuments nationaux qui sont missionnés sur  les transformations des bâtiments appartenant à l’État. Ensuite il y a les architectes des bâtiments de France, ils interviennent sur tout types de travaux pouvant avoir une incidence sur le paysage. Je travaille principalement avec les guides, contractuels de l’établissement ou intervenants extérieurs. Enfin, il y a beaucoup d’interactions avec les artistes au sens large du terme (illustrateurs, comédiens, graphistes, artisans, métiers de bouche ou des sociétés de technologies particulières) pour mener à bien les projets de médiation culturelle. 

Dans le Lot, tout est préservé  car aucune guerre n’a détruit ce département depuis les guerres de religion au XVIe siècle. Chaque village conserve son noyau médiéval. Du fait de l’éloignement de Paris, cela engendre un fort tourisme culturel. Comment valoriser ce patrimoine rural ? 

Le premier frein à cette valorisation est que ce sont des sites qui ne sont pas desservis par les transports en commun. Cela induit des difficultés à attirer un public jeune. De même pour faire venir des élèves de collèges, lycées ou d’écoles primaires, la première question est celle du prix du car.

Comment attirer le public dans ces différents lieux ? 

L’idée est de faire venir des personnes issues du champ social. Cela se manifeste en travaillant avec par exemple une association à Figeac (46) qui se charge de donner des logements à des personnes en situation délicate. De même, en entretenant des relations avec l’Éducation Nationale, cela permet de mettre à disposition des mallettes pédagogiques à destinations des classes primaires. La communication joue aussi un rôle important pour attirer le public. Elle passe par internet, les réseaux sociaux, des flyers, de l’affichage etc. Enfin, monter des programmes spécifiques est un moyen fort pour attirer  l’attention du public. Par exemple, “Pill’arts des Château”, un jeu de piste organisé sur les 4 châteaux fut un grand succès en 2022. 

Y-a-t-il des problèmes auxquels vous et vos équipes êtes confrontés ?

Il y a d’abord des problèmes liés aux intempéries (chutes d’arbres, tempêtes ou encore, des voies d’eau dans les monuments). Ensuite, la saisonnalité peut aussi constituer un problème dans la mesure où le rythme est assez différent selon les saisons. De plus, en été, interviennent des problèmes de chaleur. Pour information, tout le personnel a le PSC1. Il existe enfin, des problèmes de ressources humaines.

Quels sont les enjeux financiers de ces monuments ? 

Il faut noter l’importance de l’économie induite. En effet, même si un monument a des recettes faibles, il est en mesure de faire fonctionner l’économie locale dans la mesure où gravitent autour de lui, une multitude de petits commerces (artisans, cafés, restaurants etc.). Dernièrement, il fut nécessaire de revoir les coûts de l’éclairage des bâtisses dans une contexte d’économies d’énergies.

Y-a-t-il une instance référente dans votre travail ? 

Il s’agit du Ministère de la Culture. Cela implique un devoir d’exemplarité et de transparence dans la tenue des comptes. À cet égard, le CMN a pu bénéficier du Plan de relance de l’Etat, après la crise Covid, et proposer aux entreprises plusieurs chantiers de restaurations sur les bâtisses.

Suivez l’actualité de ces monuments sur le site du Centre des Monuments Nationaux. 

Propos recueillis par Antoine Baux

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