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“Ils disent que c’est de l’amour” : la rentrée de Cécile Cornet à la galerie Danysz

Anna Rémuzon 25 septembre 2025
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Cecile Cornet Eggs 145 x 215 cm 2025 courtesy Danysz

Cecile Cornet Eggs 145 x 215 cm 2025 courtesy Danysz

La rentrée artistique prend des allures de manifeste haut en couleurs avec la première exposition personnelle de Cécile Cornet à la galerie Danysz jusqu’au 27 septembre : “Ils disent que c’est de l’amour”…

Le titre de cette exposition donne le ton et sème le doute qui précède une prise de conscience. Il réveille en nous des situations bien connues, familières et pourtant loin d’être anodines. Il nous met face à un clivage intime et nous engage à prendre position. L’amour… en rouge majeur… aurait-il un goût doux-amer ? La définition de l’amour ne serait-elle pas aussi consensuelle qu’elle en a l’air… pour éprouver autant le besoin de se justifier ? Il peut y avoir un monde entre ce que l’on dit et ce que l’on fait… celui des beaux parleurs. C’est pourquoi l’artiste nous invite à passer des paroles à l’action… à rechercher si ce qu’ “ils disent” est vrai… à trouver les preuves. Car comme le disait Pierre Reverdy, “il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour”.

Récolter des indices… dans chacun des titres et chacune des toiles pour venir élucider cet “amour” qui n’en n’est pas toujours. Faire la part des choses entre les sentiments et la domesticité… l’illusion et la réalité. Alors, que faire lorsque la maison brûle comme le cœur au foyer ? La femme devient la flamme et l’incendie. Elle est à la fois humaine et divine… surnaturelle et victime… Pandore ou Ariane au bout du fil à linge. Elle doit jouer sur les deux tableaux et avoir, qu’elle le veuille ou non, le don d’ubiquité. Être tout à la fois… sans compter… surtout pas les heures invisibles qu’elle enfile comme des perles. On la désigne Mère… à moins que son trop plein de liberté ne la rende Sorcière. L’histoire est un bûcher ardent… un héritage de mères en filles… le rituel des tâches ménagères pour unique Sabbat. Un pouvoir magique qui devient slogan commercial… un produit sacré de consommation. Un miracle…

Cécile Cornet, Another Day In Paradise, 38 x 46 cm, 2023 © Courtesy Danysz

Dans ses toiles qui tournent l’assignation sociale en dérision, on retrouve aussi une féminité assumée jusqu’au bout des ongles… sensuelle et fatale. La manucure appartient à, une iconographie contemporaine de la femme car elle est présente et visible dans tous ses gestes. Elle rehausse et sublime cette prise en main de son corps et de son existence individuelle. Le rouge… lumineux et cruel… concentre dans ce corps, mis à nu, la
persistance d’un double sens : le rouge de l’amour et de la Passion ou le rouge du sang et
de l’Enfer… la femme comme sujet ou la femme-objet… la révolution et le sacrifice. Elle en porte encore les stigmates comme une offrande votive. L’épouse… la bague au doigt comme une couronne d’épines… unie pour le meilleur et pour le pire dans toute sa légalité et son égalité matrimoniale. Son cœur éponge tout… de la romance en dentelle, de l’amour dans les draps, et des larmes de joies et de peines. Arraché, il ne bat plus d’amour ni de vie mais il pourra toujours se gorger de liquide vaisselle. L’amour a parfois une odeur de propre…

Cecile Cornet, Ex Voto I, 89 x 116 cm, 2025 © Courtesy Danysz

Sans fatalisme mais avec lucidité, l’artiste propose un regard critique et complice… une réflexion engagée sur la société d’hier à d’aujourd’hui. Elle met en évidence un lien de cause à effet… dans le regard des uns et le regard des autres. Physique et psychologique se rejoignent sur la toile au travers de ces figures libres et universelles… ni Madame “tout le monde”, ni Madame “personne”… qui n’aspirent qu’à être enfin aimées pour ce qu’elles sont. Car elles n’ont pas besoin d’un visage ou d’une identité particulière. Anonymes, elles appartenaient à l’imaginaire collectif, au déterminisme et à la tradition… mais elles appartiennent désormais à elles mêmes et à leur vision de l’avenir. Elles sont une question qu’on ne se posait pas et qu’on aurait tort de ne plus se poser. D’ailleurs, la voilà qui revient aux yeux du spectateur… Femme, qui es-tu ?

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Anna Rémuzon

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