Le Repas des fauves – Théâtre Michel
La convivialité est de mise en ce début de soirée, et les denrées rares amenées par André et ses combines douteuses promettent un franc succès. Sont présents Jean-Paul, un docteur sympathisant, une veuve de guerre, un aveugle mutilé de guerre, un philosophe et le couple qui reçoit : Sophie, un peu candide, et Victor, son mari libraire. Les plaisanteries fusent dans une ambiance nonchalante et détendue, jusqu’à ce que le repas tourne au drame et mette chacun face à soi même et aux autres, dans le gouffre d’un choix plus que cornélien. A la suite d’un attentat contre deux soldats allemands, le commandant Kaubach va annoncer à la joyeuse troupe qu’ « à partir de ce jour les assassins sauront que les innocents paient pour eux ». Deux otages doivent être choisis parmi les convives avant la fin du dessert…
Un petit bijou du théâtre s’offre au public dans cette pièce où tout est ravissement. Le thème est plus que propice à une analyse de l’être humain, de son sens moral, de son individualisme. La réussite ici est de parvenir à osciller entre le drame, le tragique et le comique d’une manière parfaitement maîtrisée. L’insertion de visuels modernes représentant l’extérieur de la scène apporte une originalité bienvenue et savamment construite.
Sauver sa peau
Huit personnages occupent l’espace scénique, huit échantillons humains qui participent à une expérience peu engageante : choisir qui, parmi eux, va mourir, et qui va être sauvé. Dans ce laboratoire, les questions de l’amitié, de l’amour, du sens moral, de l’égoïsme, du rapport à la mort sont posées. Les protagonistes refusent d’abord toute désignation, revendiquant leur amitié mutuelle qui s’effrite pourtant au fil du temps. Après quelques tentatives pour trouver le salut de l’extérieur, l’individualisme prend le dessus et chacun essaye de sauver sa peau : mensonges, pots de vin, victimisation et autres justifications, suivant finalement la maxime « Tout est pardonnable quand il s’agit de sauver sa vie ».
De la tension dramatique installée sur scène surgit aisément l’humour, telles des fusées permettant de décompenser la situation. Comique de situation, jeux de mots, quiproquos, humour noir, autant de situations plaçant un texte dramatique sous le signe de la légèreté.
L’homme n’a-t-il donc, en vérité, aucun sens moral ? On aurait en tout cas tort de se refuser le plaisir d’aller voir cette question mise en perspective dans Le repas des fauves, pièce qui brille par l’interprétation, la mise en scène et le rire qu’elle sait susciter.
Sophie Thirion
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Le Repas des fauves
D’après l’œuvre de Vahé Katcha
Adaptation et mise en scène de Julien Sibre, assisté d’Isabelle Brannens
Avec Julien Sibre, Pierrejean Pagès, Olivier Bouana, Cyril Aubin, Stéphanie Hédin, Pascal Casanova, Jérémy Prévost et Caroline Victoria
Jusqu’au 27 février 2011
Du mardi au samedi à 21 h
Le samedi à 16h30
Le dimanche à 15h
Tarifs : 32 € (cat.1) // 24 € (cat. 2)
Location : 01.42.65.35.02 ou sur le site du théâtre
Théâtre Michel
38, rue des Mathurins
75008 Paris
M° Havre-Caumartin
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