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Serra : mon plus grand défi
 a été le Grand Palais

17 décembre 2008
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serra

Que pensez-vous de la réinstallation de votre sculpture monumentale «Slat» à La Défense, 24 ans après sa première installation?

Cela fait plusieurs années que les gens de l’EPAD (Etablissement Public pour l’Aménagement de La Défense) pensaient réinstaller Slat [château de cartes composé de cinq plaques d’acier de près de 20 tonnes chacune, et d’une hauteur de 11 mètres]. Le nouveau site choisi est extrêmement ouvert, au pied de La Grande Arche, bien meilleur qu’autrefois où il était noyé dans une extension urbaine.


Que pensez-vous en tant que sculpteur de La Défense ?

Cela me rappelle Alphaville. Une ville nouvelle qui n’a pas la mesure des villes et de l’urbanisme qui l’entourent. Il y a une certaine artificialité. Personne ne va vraiment là. C’est avant tout un business center où l’on ne sent pas la vibration d’une place marchande ou la marque de l’urbanisme. Les sculpteurs ont été invités à y construire des oeuvres de façon continue, à commencer par Alexandre Calder. Je suis heureux que ma pièce soit installée là.
La Défense a été conçue comme une utopie d’architecte, restée inachevée en tant que telle.

Le sentez-vous ?

On a cette sensation d’une extension urbaine qui a débordé des murs de la ville. C’est assez unique en termes de verticalité, presque une ville satellite, sans comparaison ailleurs en Europe. La plupart des villes verticales se sont développées autour du cœur urbain historique et puis se sont étendues. Là, c’est presque une île en soi.

Est-ce plus difficile, ou plus libre, qu’au Grand Palais ?

Mon plus grand défi a été le Grand Palais. Je n’ai pas pu faire de maquette, ni voir les pièces érigées avant leur installation au Grand Palais, je ne pouvais pas anticiper le rapport d’échelle. Mais c’était glorieux de travailler au Grand Palais, la lumière de ce palais de cristal est sublime, c’est une des plus belles choses que j’ai accomplies et je dois dire que les Français y ont répondu d’une façon que je ne pouvais pas prévoir. Tous ceux qui entraient au Grand Palais, la comprenaient d’instinct. Les enfants. Les personnes âgées. Ceux qui ne la comprenaient pas avaient sans doute des préjugés avant même de la voir. On n’avait pas besoin de savoir quelque chose en art ou en sculpture pour comprendre comment cette pièce opérait dans l’espace. Au fur et à mesure que vous bougiez, elle bougeait. Cela donnait une mesure de votre corps par rapport à l’espace, la mesure de l’architecture, cela vous connectait à la révolution industrielle du XXe par le travail de l’acier manufacturé, votre équilibre enregistrait automatiquement l’effet produit par cette pièce dans le volume immense du Grand Palais.

Où sont ces 5 stèles exposées au Grand Palais aujourd’hui ?

Pour l’instant, elles sont dans une réserve, mais il y a une possibilité qu’elles soient érigées dans une ville en France, c’est en négociations en ce moment.

La France a-t-elle une façon spécifique de réagir à votre travail, par rapport à l’Amérique ?

Pérou ou Grand Palais, cela ne change rien. Ce n’était pas une réalisation tricolore, faite pour les Français ! Ce qui a fait de la France le centre de la culture, c’est sa capacité à prendre un artiste étranger pour en faire un artiste français. Giacometti n’était pas français. Picasso n’était pas français. La France s’est fait un devoir d’accueillir ces artistes qui ont peut-être, par écho avec la culture française, ont fait ici des choses qu’ils n’auraient tout simplement pas faites ailleurs.

En d’autres termes, vous vous sentez soutenu en tant qu’artiste ici ?

Je l’ai toujours été. Même quand j’étais étudiant ici, sans apprendre le français d’ailleurs (rires). Même si j’avais les cheveux longs à l’époque et si j’ai été arrêté deux fois parce qu’on m’a pris pour un Algérien ! La culture française a pour principes de soutenir un jeune artiste qui est censé prédire le futur. Peut-être aujourd’hui, ce phénomène existe à Berlin, là où se concentrent les jeunes artistes, ou à Londres, là où se concentre l’argent.
 

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