Nymphéas de Claude Monet – musée de l’Orangerie
Il est grand temps de se mettre au vert. Les projets de modernisation du « Grand Paris » apportent leur lot commun de nouveaux poumons urbains. Mais sur la terrasse supérieure du jardin des Tuileries, l’Orangerie, avec les Nymphéas de Claude Monet, offre déjà depuis 1927 une véritable bouffée d’oxygène.
La contemplation des tableaux égare l’esprit dans un songe éveillé. Dans les deux grandes pièces circulaires, le visiteur est invité à s’installer sur les bancs matelassés, comme s’il s’adossait au tronc d’arbre d’une berge surplombant l’étendue d’eau. Derrière le léger rideau tombant des rameaux grêles et tressés d’un saule pleureur, la nature étale sa grandiloquence oratoire. Ciel et flots se confondent à n’en plus imaginer d’horizon que dans la profondeur aérienne des nymphéas. La rose clarté des nuages pare tant et si bien les reflets de l’onde paisible que l’on croirait saisir la douceur d’un soir d’été ; l’ombre des arbres s’allonge avec autant de justesse dans les renfoncements tamisés, que l’on penserait entendre le bruissement des feuilles caressées par le vent.
Claude Monet a peint quarante de ces grands panneaux, en contemplant le « jardin d’eau » de sa propriété normande de Giverny. A différents instants de la journée et au fil des saisons. L’artiste engage ainsi le constat d’une nature infinie et aléatoire, le désordre harmonieux d’une composition animée. Laquelle, en perpétuelle évolution, s’avère également soumise à l’empreinte du temps.
Léger et tourbillonnant
En 1909, anticipant la future portée de son œuvre, Claude Monet en décrivait les vertus : « Les nerfs surmenés par le travail se seraient détendus là, selon l’exemple reposant de ces eaux stagnantes, et, à qui l’eût habitée, cette pièce aurait offert l’asile d’une méditation paisible au centre d’un aquarium fleuri. »
L’homme à l’épaisse barbe blanche, avec les Nymphéas, présente l’envers d’un décor désaxé et envahissant, défait des notions de haut et de bas. Le pinceau de Claude Monnet, léger et tourbillonnant, enroule les couleurs les unes autour des autres, superpose les multiples teintes de l’eau, en alliant toutes les gammes de bleu et de violet. Permettant alors les infimes reliefs des remous et le moire des scintillements lumineux. La flore, très riche, se mélange sauvagement dans ses plus amples verts et marrons, entre les nénuphars, les herbes marécageuses, les roseaux et les surfaces mousseuses, parsemés de l’éclosion de quelques fleurs épanouies.
Source d’apaisement intérieur, les Nymphéas dressent la table d’une communion universelle entre l’homme et la nature, dans une ambiance feutrée et apaisante.
Cyril Masurel
A découvrir sur Artistik Rezo :
– le jardin de Monet à Giverny
– le dossier Festival Normandie impressionniste 2010
Les Nymphéas – Claude Monet
Ouvert tous les jours, sauf le mardi, le 1er mai et le 25 décembre de 9h à 18h
Informations : 01.44.77.80.07
Plein tarif : 7,50 € // Tarif réduit : 5,50 € (majoration de 2 € pour les expositions temporaires)
Gratuit le premier dimanche de chaque mois
Musée de l’Orangerie
Jardin des Tuileries
75001 Paris
M° Concorde
[Visuel : Exterior of Musée de l’Orangerie in Paris. Septembre 2008. Travail personnel de Homonihilis. Licence Creative Commons Paternité – Partage des conditions initiales à l’identique 3.0 Unported]
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