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Invader et les Space-invaders

29 avril 2015
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portrait Invader

Invader
 

L’artiste-performer Invader développe sa pratique du Street Art en réalisant des personnages qui envahissent le monde, les célèbres « Space-Invaders ».

Qui êtes-vous?
J’ai pris pour pseudonyme « Invader » et personne ne connait mon visage car j’apparais toujours masqué. Certains prétendent que je suis un pollueur, d’autres que je suis un artiste. Personnellement je me considère comme un envahisseur !

En quoi consiste le projet « Space-invaders » ?

L’idée est « d’envahir » la planète en répendant dans des villes du monde entier des personnages inspirés des premières générations de jeux vidéo et principalement du célèbrissime « space-invaders ». Ces personnages sont réalisés en carrelage, ce qui me permet de les cimenter sur les murs et de conserver leur esthétique ultra pixelisée.

Combien y a-t-il de personnes impliquées dans ce projet ?

Je suis le seul ! Cela fait huit ans que je me consacre à ce projet pour lequel je me suis personnellement rendu dans 35 villes sur 5 continents dans l’unique but de les « envahir ». 
Ceci dit, j’ai déjà reçu des photos de space invaders situés dans des villes où je n’ai jamais mis les pieds ! Je trouve cela plutôt positif, je le prends comme un hommage. J’ai déjà pensé à cette idée de mettre au point une stratégie d’invasion de groupe mais il est trés difficile de déléguer ce travail. C’est donc quelque chose que je n’encourage pas mais que je ne condamne pas non plus.

Pourquoi avez-vous choisi les Space invaders comme figure centrale de ce projet ?

Il y a de nombreuses raisons à cela. Je pense qu’ils représentent notre époque, la naissance des technologies contemporaines comme les jeux vidéo, les ordinateurs, l’internet, les hackers et les virus numériques…
 De plus, traduit librement, Space invader peut signifier « envahisseur d’espace », ce qui est plutôt une bonne définition de ce projet…

Comment les œuvres sont-elles fixées aux murs ? Ne sont elles pas enlevées ou volées ?

Elles sont fixées avec des produits particulièrement robustes! Rien n’est éternel mais quitte à les coller, autant bien le faire… Il arrive cependant que certaines pièces soient détruites par un propriétaire mécontent ou par les services de nettoyage urbain. Concernant le pillage, cela se solde bien souvent par quelques carreaux cassés car ils sont trop fragiles pour qu’on puisse les décoller sans les briser.

Comment choisissez-vous vos emplacements ?

Invader1C’est ce que j’appelle la recherche du “spot”. C’est la partie la plus longue du travail, en général je sillonne la ville de part en part, et parfois un endroit m’interpelle. C’est le spot. Je mets alors tout en œuvre pour pouvoir l’atteindre.

Taito, le détenteur des droits du jeu vidéo original n’a-t-il rien tenté contre vous ?

Non, peut être le ferait-il si je créais un jeu vidéo s’appelant “Space-Invaders” mais ce n’est pas le cas. Et puis mes Space Invaders se sont éloignés de ceux de Taito, car j’ai visuellement remixé les quatre spécimens originaux pour en créer des milliers de variations.

Comment opérez-vous?
Vous préparez des plaques que vous n’avez plus qu’à coller?

Cela dépend, j’ai développé toutes sortes de techniques qui me permettent de m’adapter aux différentes situations comme la fréquentation du lieu, l’heure de l’invasion, la taille et le poids de la pièce, la hauteur de son emplacement etc.
 Rencontrez-vous des problèmes avec les forces de l’ordre ?
Cela m’arrive mais ça fait partie du jeu. C’est la case « allez en prison et perdez trois tours » !

Les space invaders posés sont-ils archivés ?

Oui, étant tous différents, ils sont tous numerotés, photographiés et soumis à indexation. Ces informations sont en partie restituées dans les « guides d’invasion », une collection de livres dont chaque titre retrace l’histoire de l’invasion d’une ville. Paris et Los Angeles sont les deux premiers volumes, la suite est en préparation.

Que sont les « Invasion Maps » ?

Les plans de villes sont des éléments importants de mes conquêtes territoriales, pour chaque ville envahie j’en crée un sur lequel j’indique la position de chaque pièce posée. Après l’invasion de certaines villes, il m’arrive de redessiner et de faire imprimer une « carte d’invasion » qui retrace en quelque sorte le parcours de l’invasion. Ces cartes sont ensuite distribuées dans la ville en question et vendues sur la Space shop. A ce jour, 16 cartes d’invasion ont déjà été imprimées (sur les 38 villes envahies).

Qu’est-ce que la Space shop ?

C’est une boutique virtuelle sur www.space-invaders.com. Je l’ai ouverte il y a quelques années pour subvenir à mes achats répétés de carrelage. Aujourd’hui la Space shop me permet de diffuser toutes sortes d’éditions qui sans cela seraient inaccessibles pour les trois-quarts de la planête.

Toutes les photos des space invaders posés sont-elles mises en ligne ?

Non, seule une petite partie est montrée sur le site. On peut en découvrir beaucoup plus sur des sites communautaires comme Flickr.com par exemple.

Quel est votre message ? Est-il politique ?

invaderrLe geste en lui même est déjà politique puisque j’interviens dans 99% des cas sans autorisation. Pour le reste, je suis plutôt dans l’expérimentation que dans la contestation, et puis il y a évidemment une dimension ludique dans ce projet, car j’ai finalement passé ces huit dernières années à voyager de villes en villes avec, comme principal objectif, celui de remporter un score maximum.

Comment fonctionne votre système de score ?

C’est trés simple, chaque Space Invader posé rapporte entre 10 et 50 points en fonction de sa taille, de sa composition et de son emplacement. Ainsi chaque ville envahie possède son propre score qui s’ajoute aux scores précédents.

Êtes-vous toujours actif ?

Absolument, je ne passe pas une semaine sans poser de nouvelles pièces.

Participez-vous à des expositions institutionelles ou en galerie ?

Oui, ce que l’on peut voir dans la rue n’est qu’une partie de ma production. J’aime passer de l’un à l’autre, ça permet de faire des choses différentes. Je m’intéresse par exemple en ce moment au Rubik’s cube, le célèbre casse-tête des années 80. Je l’utilise comme matière première pour réaliser des tableaux et des sculptures. J’ai qualifié cette période de « RubikCubiste ».

Pourquoi les Rubik’s Cubes ?

Je pense que c’est un développement logique de mon travail. Tout comme les Space Invaders, il s’agit d’un jeu conçu dans les années 80 et composé de petit carreaux colorés. Le Rubik cube est un objet fascinant car à la fois très simple et très complexe. Saviez-vous par exemple qu’on peut former avec un Rubik’s cube plus de 43 milliards de combinaisons colorées différentes? … Dans mon cas, j’utilise les Rubik’s cubes comme un peintre utilise de la peinture. J’aime l’idée de détourner l’usage de cet objet, d’autant que cela fonctionne très bien.

A découvrir sur Artistik Rezo : Interview d’Invader par Sophie Pujas 
Retrouvez l’univers d’Invader sur www.space-invaders.com

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