Cet été, le centre d’art urbain flottant Fluctuart présente l’exposition “Sabordage” de l’artiste Levalet

Levalet investit Fluctuart à travers une exposition immersive réalisée exceptionnellement pour le centre d’art urbain. Quoi de mieux qu’un centre d’art flottant pour évoquer la perspective d’un naufrage à venir ?

Une réception tout ce qu’il y a de plus chic, des convives triés sur le volet, le capitaine d’un navire à la dérive qui noie son sens des responsabilités dans les abysses d’un cocktail bleuté. L’ambiance est à la fête, on parade, on s’arrose de bavardages superficiels, on s’empiffre d’euphorie et de bonne chère.

Levalet, exposition Sabordage

Sous ce déluge de joyeuses mondanités, on sent néanmoins poindre l’ombre d’une menace. Viendra-t-elle de l’inconséquence de l’équipage ? Des dangers insoupçonnés qui rôdent aux alentours du paquebot ? Des étranges créatures retenues en captivité pour le plaisir des convives ? Tant que l’orchestre joue, nous resterons sourds aux sonnettes d’alarme.

Cette exposition regroupant installations, peintures et dessins s’ancre de manière humoristique et parodique dans l’univers d’une soirée digne d’un bal du Titanic. Le lieu est investi par les œuvres pour tirer parti de ses spécificités aquatiques et pour évoquer de façon métaphorique différentes problématiques propres à nos sociétés contemporaines.

Levalet, exposition Sabordage

3 questions à Levalet

Qu’est-ce qui t’a inspiré cette exposition ? Pourquoi avoir choisi Fluctuart pour cette exposition en particulier ?

Quand je travaille dans la rue, ma démarche est avant tout contextuelle. Lorsque j’ai reçu l’invitation à construire un projet d’exposition sur Fluctuart, je me suis naturellement orienté vers le même principe de travail. La singularité du lieu — un centre d’art flottant — m’a amené à entamer une réflexion autour du bateau, de l’univers maritime et de ce qui pouvait en découler en termes de narration. Je voulais élaborer une exposition à la fois festive et décalée mais qui porte en même temps en elle les fondements d’une réflexion sur l’état actuel du monde. Le naufrage d’un pseudo Titanic, l’orchestre qui joue pendant que le bateau coule m’a semblé être un bon moyen d’évoquer de manière métaphorique le déni de nos sociétés du divertissement face aux périls à venir.

Levalet, exposition Sabordage

L’artiste a-t-il un rôle à jouer dans le monde que nous traversons ?

Je ne pense pas que l’artiste ait un rôle assigné dans la société en général. La spécificité de l’acte artistique, en comparaison avec la plupart des corps de métier, réside justement dans sa dimension superflue, inutile, au sens strictement logistique du terme. C’est justement cette dimension superflue qui offre à l’artiste la liberté de s’exprimer d’une manière singulière et qui fait l’intérêt principal de ce mode d’expression. Pour moi, le travail de l’artiste consiste avant tout à assimiler des informations et des impressions du monde dans lequel il vit, à les digérer et à les recracher à travers ses moyens d’expression privilégiés. L’artiste donne donc à voir une image du monde déformée, orientée, mais qui participe à faire naître une réflexion chez le spectateur qui agit de manière spécifique. Là où la presse ou les différents modes de communication nous livrent des informations, l’expression artistique nous livre des doutes. En ce sens, le travail de l’artiste est essentiel à l’émancipation d’une société car une société qui ne doute pas est vouée à sa perte.

La dérision fait souvent partie de ton travail. Est-ce un moyen plus simple de dire les choses ?

Je pense que je ne sais pas vraiment m’exprimer autrement que par la dérision, c’est un ton qui est omniprésent dans mon travail depuis le début. La dimension humoristique de mon travail agit à la fois comme une politesse et comme un lubrifiant mental. Pour aborder des sujets sensibles, voire dramatiques, il est à mon sens plus efficace d’attraper le spectateur avec le miel du rire qu’avec le sel des larmes. C’est en ça que réside toute la puissance de la comédie, elle ne donne pas à voir la dimension tragique ou absurde de l’existence de manière frontale, elle détourne l’attention pour frapper les consciences de manière plus insidieuse mais souvent plus efficace.

Levalet, exposition Sabordage

À propos de Levalet

Charles Leval, dit Levalet, est né en 1988 à Epinal.
Il grandit en Guadeloupe, région où il entre au contact de la culture urbaine, puis des arts plastiques. Il poursuit ses études d’arts visuels à Strasbourg ; son travail, alors davantage tourné vers la vidéo, se nourrit d’une pratique théâtrale assidue. Il obtient l’agrégation en 2012, année où son travail commence à prendre place dans les rues de Paris et d’ailleurs. Dès 2013, il commence à exposer en galerie et à participer à des événements internationaux.

L’œuvre de Levalet est avant tout un travail de dessin et d’installation. Il met en scène ses personnages dessinés à l’encre de Chine dans l’espace public, dans un jeu de dialogue visuel et sémantique avec l’environnement présent. Les personnages interagissent avec l’architecture et se déploient dans des situations frôlant souvent l’absurde.

À propos de Fluctuart

Fluctuart est une plateforme de rencontre avec l’art urbain et un territoire d’expression pour les artistes.

“Notre mission est de rendre l’art accessible à tous, de démocratiser la culture, en donnant vie à un lieu consacré à ce mouvement, sur la Seine, gratuit et ouvert à tous. Notre modèle est libre de tout rapport marchand et financier à l’art : aucun coût d’accès aux expositions, aux visites et aux ateliers, aucune subvention publique et aucune vente des œuvres d’art exposées. L’art urbain est par nature engagé, gratuit car visible par tous, dynamique car éphémère, souvent exposé en extérieur et donc fragile.

En tant que lieu d’accueil, de rencontre et de fête, nous endossons les messages des œuvres que nous exposons, nous fixons des objectifs de réduction de l’impact de nos activités, et nous invitons les visiteurs et nos clients à rejoindre ce mouvement collectif.

Relier l’art, l’humain et la nature, c’est ce à quoi nous nous engageons en tant qu’entreprise à mission.”

[Source : communiqué de presse]