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“Hard Core” de Abdul Rahman Katanani – Magda Danysz Gallery

Agathe Louis 12 décembre 2017
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La galerie Danysz présente Hard Core, première exposition monographique d’Abdul Rahman Katanani en France – artiste protéiforme dont le travail traduit un fort engagement social et citoyen.

Utilisant l’art comme moyen de résistance, il porte un regard sensible sur les problèmes du monde. Abdul Rahman Katanani mène un travail de mémoire, avec l’intime conviction qu’en découle une forme de tolérance et d’acceptation de l’autre. Abdul Rahman Katanani accorde aussi bien une place au fond qu’à la forme et à l’esthétique de ses oeuvres. Il dompte toute sorte de matériaux accumulés au fil du temps : fils de fer barbelé, tôles ondulées, pneus, tissu ou encore bidons d’essence.

Paradoxalement, ces matériaux qui font partie de son quotidien sont froids. À l’état brut, très rarement peints, il en fait ressortir par des reflets un subtil jeu d’ombre et de lumière. De son processus créatif émerge une dualité entre la réalité des éléments chaotiques retravaillés et la beauté de la composition finale. Il dit ainsi du fil barbelé omniprésent dans son travail (et qui forme notamment les branches de ses célèbres oliviers) : « Il me fait mal quand je travaille avec lui, mais le travailler me procure le plus grand plaisir. »

Au rez-de-chaussée de la galerie, l’installation centrale de l’exposition est une réalisation à l’échelle 1 d’une rue de camp de réfugiés. La pièce rendue interactive est réalisée entièrement avec du matériel de recyclage, dans laquelle le spectateur peut pénétrer et errer. Il se voit alors reflété des dizaines de fois par les miroirs qui bordent le passage, donnant l’impression d’être démultiplié et à l’étroit dans la structure. Une vidéo de surveillance le filme et retranscrit au sous-sol de la galerie, en noir et blanc et au ralenti, sa « co-errance » dans l’oeuvre. En noir et blanc : il n’y a pas de couleurs dans le camp. Au ralenti : l’image, fantomatique et étirée, évolue jusqu’à se perdre dans une forêt, quelque part au fond de l’espace. Suite à ce parcours, c’est au troisième niveau de la galerie que le visiteur peut ensuite découvrir les oeuvres poétiques faites de barbelées de l’artiste.

C’est adolescent qu’Abdul Rahman Katanani a développé son sens artistique par la caricature, critique et engagée, qui continue d’influencer son travail, comme lorsqu’il dessine « the best border is no border » sur les murs de la galerie Analix Forever à Genève. Ses inspirations sont également à chercher du côté de Vermeer, dans son souhait de figer des scènes du quotidien, d’Yves Klein dont le bleu, reconnaissable et tranché tel le fil barbelé Abdul Rahman Katanani, imbibait l’ensemble de son travail, ou encore de Robert Rauschenberg, accumulant formes et symboles historiques dans ses collages et peintures.

Aujourd’hui priment chez Abdul Rahman Katanani un désir d’affranchissement et une recherche de liberté qu’il prône par l’éducation, la culture et l’art. Il y trouve des moyens de résistance et de résilience. « Le concept de liberté est d’après moi constamment en mouvement ». Mouvement que l’on retrouve dans ses oeuvres par le cercle, le tourbillon ou encore la vague. Il ne cesse de réinterpréter, avec sa force narrative, le monde tel qu’il le perçoit pour en extraire des questions universelles : origines, inégalités, contraintes, liberté ou enfermement.

[Source : communiqué de presse]

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