Premier Amour – de Samuel Beckett – Théâtre de Nesle
“Mais quelle importance, la manière dont les choses se passent, du moment qu’elles se passent ?”
“Premier Amour” est une nouvelle écrite en 1946 par Samuel Beckett, qui a été peu présentée au théâtre, dans laquelle un homme tente de raconter son premier amour…
Note d’intention de la metteuse en scène Mo Varenne
C’est un texte à la confluence du théâtre et de la prose. Il laisse une liberté totale à l’acteur et au metteur en scène, non pas d’une interprétation spiritualiste ou intellectualiste, mais celle de montrer un homme parlant du tourment d’exister.
Cet homme qui parle tout seul, comment le montrer sur une scène ? Aucune indication de jeu, de déplacement. Aucun évènement extérieur qui pourrait faire imaginer que l’acteur bouge. Le texte est une invitation au voyage intérieur. L’extérieur présent n’existe pas. Tout est souvenir.
Le décor : un banc, un banc anonyme semblable à celui qu’il raconte ; et des feuilles suspendues, des feuilles d’écriture, seuls témoins durables de ses réflexions, à moins qu’elles tombent à l’automne.
L’homme qui expose ce qui se passe dans sa tête entraîne les spectateurs dans un va et vient rythmant et activant le déroulement de sa pensée. Mouvements de plus en plus minimalistes à l’instar de l’entreprise de décapage de son récit. De brèves digressions : quelques petits cailloux d’humour pour ne pas se perdre, de courtes bouffées de tendresse et ce chapeau, celui du père, qui ne le quitte pas. Il parle de sa rencontre avec une femme, de son amour. Il le tourne et le retourne, c’est un poids sur le cœur, une obsession. Il le parle, il l’écrit, dans sa tête, cet amour trop pesant, trop tourmentant, cette pierre sur le cœur, qu’il roule. Il la roule comme la vague sur la grève, que ce premier amour devienne un galet dur et lisse… Lisse de tout amour.
Entreprise douloureuse que cette volonté de précision obsessionnelle et ce désir de se débarrasser de tout dérangement pour atteindre un état d’“existant” à l’instar du végétal ou du minéral.
Mo VARENNE
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