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Pour le Collectif Renart, le street art est “planétaire, percutant et fédérateur”

© Collectif Renart

Julien Prouveur, Responsable du Collectif Renart, revient sur son parcours, du social au street art. Il nous présente les projets futurs de l’association Collectif Renart, accessibles à tous et favorisant les artistes locaux. 

Parlez-nous un peu de vous, pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Julien Prouveur, je suis responsable du Collectif Renart. Je suis originaire de Denain, une ville très marquée socialement, à une cinquantaine de kilomètres de Lille ; la misère était présente autour de moi, ce qui peut expliquer ma vocation pour le social. Mon parcours a été assez linéaire, éloigné de la culture au sens large puisque j’ai fait des études  d’éducateur socioculturel. À l’âge de 17 ans, j’ai découvert le BAFA, une formation dans l’animation volontaire non professionnelle, qui m’a bien plu. Après le BAFA, j’ai fait un DUT Carrière et social à l’ITT de Tourcoing, puis je me suis dirigé vers une licence et un master en développement avec un axe social important.

Qu’est-ce que le Collectif Renart ?

Les prémices du Collectif Renart ont débuté lorsque j’étais assez jeune, les grands frères de mes copains faisaient du graffiti. Ils ont créé une association : “Fin 2 bombe” en référence aux fins de bombes de peinture qu’ils utilisaient, par manque d’argent. La création de cette association a été déclenchée par le fondateur, il s’était fait arrêter par la police alors qu’il graffait. Il a donc décidé de créer une association avec ses copains pour pouvoir graffer plus ou moins légalement. J’intègre rapidement cette association à l’âge de 17-18 ans, tout d’abord en tant que simple bénévole. Puis, je me suis rapidement occupé de l’administratif car les artistes n’aimaient pas trop cette partie. Petit à petit, je suis devenu président de l’association ; en 2012 nous avons décidé de dissoudre l’association Fin 2 bombe pour créer le Collectif Renart, avec les mêmes personnes. Nous avons décidé de développer un axe culturel plus important, notamment avec la Biennale Internationale d’Art Mural, qui reste le projet fort du Collectif.

D’où vous vient cette appétence pour le street art ? Pratiquez-vous la discipline ?

J’ai pratiqué très peu de temps et je ne pratique plus du tout aujourd’hui. J’ai vraiment eu une période vandale au collège et au lycée avec des copains. J’ai vite arrêté parce que j’avais d’autres activités. Mon talent est de mettre en connexion les gens et d’en tirer le meilleur pour pouvoir monter des projets. Si mes amis avaient été clowns par exemple, ou avaient fait du cirque, il y a de fortes chances qu’aujourd’hui je sois plutôt directeur d’une association de cirque. Je me suis de plus en plus intéressé au collectif et j’y ai passé beaucoup plus de temps, je me suis acculturé et renseigné ; aujourd’hui j’ai un bagage de connaissances assez solide. C’est important pour moi que le collectif soit accessible à tous car ça se passe dans la rue. Le collectif et l’accessibilité sont des valeurs qui me correspondent, et c’est finalement une histoire humaine.

Le street art pour vous en 3 mots ?

Planétaire, percutant et fédérateur ; j’aimerais que le street art dénonce davantage, il est vrai que certains ne sont carrément pas du tout, ou moins, dans cette optique. On est quand même de plus en plus dans une volonté de déco grandeur nature, plutôt jolie. Nous, aussi, ça nous arrive, donc je m’intègre dans ce commentaire. Nous avons aussi un côté fédérateur car notre collectif est planétaire et parce que finalement nous sommes une communauté. En tout cas, j’ai envie d’y croire.

© Collectif Renart

Dans quel but avez-vous créé le Collectif Renart ?

L’idée première était de promouvoir les artistes locaux, de mettre en avant toute la richesse de l’art mural, de faire découvrir différentes techniques et différents styles. Mais aussi pour permettre au public d’accéder à nos œuvres, à des projets participatifs, à une pratique artistique grâce au collectif.
Le volet international est hyper important, nous avons cette envie de voyager, de rencontrer d’autres cultures, de transmettre, de découvrir des artistes, de les inviter. J’ai de plus en plus envie de partager des moments avec les autres. J’aimerais passer du temps à l’étranger, mais comme pour tout le monde, c’est compliqué en ce moment.

Pourquoi avoir choisi ce nom ?

Il y a une version officielle et une version officieuse. Je vais commencer par vous donner la version officielle. Nous avons dissous l’ancienne association, Fin 2 bombe, sans changer les modalités ni les personnes, on renaissait en quelque sorte de nos cendres. En général, après une dissolution, chacun repart de son côté. Pour nous, cela ne s’est pas passé ainsi, cette dissolution nous a permis de rebondir et de renaître. C’était la renaissance de l’art d’où le nom Renart.

Et la version officieuse ?

Je ne peux pas la dire, c’est tout le principe d’une version officieuse. Mais je peux dire qu’il y a un indice sur la dernière œuvre réalisée à la Faculté de Lille.

Quels sont les projets futurs pour le Collectif Renart ?

Courant janvier, notre premier projet sera de peindre un bâtiment Leroy Merlin désaffecté de plus de 500m2. Ce bâtiment va être à la disposition d’Emmaüs, pendant 1 ou 2 ans pour que cette association puisse stocker ses meubles et les vendre. Nous allons travailler avec les quatre artistes permanents du Collectif Renart : Lady Alézia, Danny Boy, PI80 et Logik pour ce chantier.
Ensuite, la nouvelle édition de la BIAM va vite arriver, avec des ateliers de sensibilisation en février. Les artistes arriveront en avril/mai. Cela nous fait donc un premier semestre 2021 assez chargé.

Vous organisez la BIAM depuis 2013, pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ?

En 2011, lors d’un voyage en Pologne, quelques copains et moi avons vu un très grand projet de peinture murale et nous nous sommes dit que ce serait vraiment chouette d’amener ce concept dans la métropole lilloise. L’objectif était à la fois de montrer des artistes locaux de talent, de changer le regard que les gens pouvaient avoir sur le graffiti  mais aussi d’inviter des artistes internationaux, pour le rayonnement touristique.
Notre premier objectif et notre parti pris en termes de direction artistique était de montrer l’éventail de styles et de techniques, avec le mur comme support. Les artistes étaient libres de travailler aux pochoirs, aux pinceaux, à l’aérosol, ou de faire du collage, c’est pourquoi cet événement s’appelle Biennale Internationale d’Art Mural. Cela nous a menés à avoir un projet événementiel street-art-graffiti de renom sur la métropole lilloise. Nous créons également des parcours pour les visiteurs.

Quand sera la prochaine édition ?

La prochaine BIAM se déroulera d’avril à juin 2021. Les ateliers se dérouleront en avril, et à partir de mai, les murs commenceront à être réalisés.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

La prochaine BIAM aura un thème ouvert et intéressant : l’hybridité. Pour cette nouvelle édition, nous avions envie de sortir un peu du côté “peinture murale” avec plus d’éléments comme du végétal ou du mapping, par exemple. Si les conditions sanitaires le permettent, nous inviterons des artistes internationaux.
Nous avons un site Internet : collectif-renart.com avec une boutique en ligne. Vous pouvez y retrouver des peintures, des planches de skate, et plein d’autres articles !

Propos recueillis par Zoé Lavanant et Zoé Selosse

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