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Festival de Cannes 2012 – Bilan du cinéma français (1/2)

28 mai 2012
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Quinzaine des réalisateurs 2012

Le Festival de Cannes est chaque année le lieu idéal pour prendre le pouls du cinéma mondial. La planète cinématographique gravite le long d’une Croisette à peine plus grande que disons la rue Montorgueil pour les plus parisiens d’entre nous. C’est précisément entre le Palais des Festivals et l’Hôtel Miramar que tout se joue. D’un côté, la cour des grands (la Salle Lumière), de l’autre la « crèche » qui voit émerger les nouveaux cinéastes (La Semaine de la Critique). Au milieu ? Un casino qui cache un autre cinéma, le Théâtre de la Croisette (La Quinzaine des Réalisateurs).

C’est au sein de ces trois salles (sans compter celles du Marché du Film) que les professionnels et les spectateurs se bousculent pour découvrir ce que le cinéma mondial propose de mieux. Quelle place la France tient-elle donc cette année ? En compétition officielle, les jeux sont déjà faits. On savait déjà à quoi s’attendre avec De rouille et d’os de Jacques Audiard et Holy Motors de Leos Carax (deux films poétiques au style bien différent). Quant à La Palme d’Or, elle est revenue à juste titre à Amour de Michael Haneke probablement l’un de ses meilleurs films. A l’inverse, les autres compétitions ont choisi de se concentrer sur des valeurs sûres (Michel Gondry, Bruno Podalydes, Sandrine Bonnaire, Noémie Lvovsky) et de « nouveaux talents » (Elie Wajeman, Alice Winocour, David Lambert).

La grande vadrouille de Mr Gondry

Tout commence à La Quinzaine des Réalisateurs qui propose en ouverture le dernier film de Michel Gondry, The We and the I. Après son effroyable adaptation du Frelon Vert (était-ce vraiment de sa faute face à l’omniprésence d’un Seth Rogen ?), Gondry étonne avec un huit clos « aéré » dont l’action se déroule entièrement dans un bus. Soit l’histoire d’une bande de jeunes lycéens immatures qui parcourent la ville de Brooklyn à la veille des grandes vacances scolaires.

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Au cinéma, le huit clos a autant fonctionné (Douze hommes en colères, Albino Aligator, Garde à vue) qu’il a pu agacer (Eden Log, Cub Zéro). Tout dépend de son introduction et de sa durée. Gondry réussit une entrée en la matière parfaitement chronométrée (entre la sortie des cours et la présentation des protagonistes principaux) mais qui perd de son rythme à force de séquences rébarbatives. Reste qu’il y dresse le tendre portrait d’une jeunesse perdue, manipulée par les réseaux sociaux et autres nouveaux outils de communication. Pour Gondry, la révolution technologique apparaît comme un fléau entraînant sur son passage des conséquences lourdes sur la pensée et sur le cœur.


L’uniformisation fémisienne

A La Quinzaine, Alyah d’Elie Wajeman, à la Semaine, Augustine de Alice Winocour. Deux premiers films réalisés par deux anciens étudiants de La Femis qui font pâle figure face aux Les Bêtes du sud sauvage de l’américain Benh Zeitlin, grand vainqueur de la Caméra d’Or. Le problème du cinéma français se résume à travers ces deux films. Ces œuvres prouvent que celui-ci manque cruellement d’ambition, qu’il cherche peu à bousculer le spectateur et à l’emmener dans un voyage au scénario bien ficelé. A l’inverse, il repose sur un vrai/faux classicisme qui n’arrive pas à se détacher des réalisateurs issus de la Nouvelle Vague. On se retrouve donc avec deux histoires qui évoluent platement, à l’image du destin de ses personnages : d’un côté un jeune garçon paumé, assommé par son frère et son entourage, de l’autre, une jeune fille que personne ne regarde et davantage choisie pour sa maladie que pour sa beauté.

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Le problème du cas fémisien est qu’il semble faire fi des émotions. Non pas que ces deux films ne soient pas remplis de bons sentiments (bien au contraire) mais une certaine peur de plaire se fait malgré tout sentir. Comme s’il ne fallait pas franchir la frontière entre le divertissement émotionnel et l’intelligence émotionnelle à la française. Prisonniers de leur propre situation, les deux anciens élèves de La Femis le sont malgré eux, tout comme beaucoup de leur confrère. Ne nous voilons pas la face : le style Femis existe et cause du tort au cinéma français tout comme il le sauvegarde de l’uniformatisation. Un paradoxe sur lequel La Femis devrait sérieusement se pencher afin de s’ouvrir au monde et aux autres cinémas. Comme le style se bonifie avec l’âge, rien n’est toutefois perdu pour eux. Preuve en est avec les réalisateurs François Ozon et Noémie Lvovsky, anciens élèves de La Femis, qui réussissent à s’en détacher avec talent.

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Edouard Brane
Twitter: Cinedouard 

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