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Grâce à Dieu de François Ozon

Antonin Dubois 20 février 2019
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© Mars Films

Sujet récurent au cinéma ces dernières années, la pédophilie, ici au sein de l’Église, est abordée de manière crue et réaliste dans le nouveau film de François Ozon.

Spécialiste des films à personnages féminins forts, François Ozon a innové en se penchant sur la fragilité masculine. Grâce à Dieu s’intéresse à Alexandre (Melvil Poupaud), fervent catholique vivant à Lyon avec sa femme et ses enfants. Un jour, il découvre par hasard que le prêtre qui a abusé de lui aux scouts officie toujours auprès d’enfants. Rejoint par d’autres victimes du prêtre, François (Denis Ménochet) et Emmanuel (Swann Arlaud), avec lesquels il fonde l’association La parole libérée, il se lance alors dans un long combat.

Mon avis

Le réalisateur a fait le choix fort de présenter trois profils diamétralement opposés. Considérer différents types de souffrances s’avère en effet extrêmement pertinent. Il met l’accent sur la reconstruction et le rôle de ces événements sur les décisions futures de ces personnages. Le résultat pourrait sembler un peu trop proche du documentaire, mais cela permet de montrer qu’il n’y a pas un profil type de pédophilie.

Quand aux actes en soit, ils sont très détaillés et lourdement suggérés par des flashbacks de l’enfance des personnages. Le début est assez laborieux avec une multitude d’échanges de mails lus en voix off qui alourdissent le rythme du film. Néanmoins, la fluidité de la mise en scène et du montage accroît l’intérêt à mesure que la parole se libère et que de nouvelles victimes sortent de leur silence.

Le culte religieux tient évidemment un rôle essentiel dans ce film. L’omniprésence des symboles, notamment l’utilisation de nombreuses bougies, vise à sacraliser l’action menée par cette association. Le prête, véritable dieu, aux yeux de ces personnages, perd de sa prestance au fil des minutes. Le propos de François Ozon ne consiste pas à s’attaquer à l’Église en tant qu’institution, mais bien au silence maintenu pendant des années. Un des personnages dira d’ailleurs : « On ne fait pas ça contre l’Église mais pour l’Église ».

Cependant le film tire parfois en longueur. Certaines scènes, notamment les différentes confrontations avec les parents, sont redondantes, même si elles sont nécessaires, et alourdissent un récit déjà complexe. Mais dans sa globalité, Grâce à Dieu est sans conteste l’un des meilleurs films de François Ozon.

Antonin Dubois

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