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Moloch : la série française qui reprend le flambeau du genre fantastique

15 décembre 2020
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Le 22 octobre 2020 sortait le premier épisode de la série Moloch, créée par Arnaud Malherbe et co-produite par la chaine de télévision Arte. En résumé : une série fantastique, une ville côtière inextricable, des combustions humaines spontanées et deux personnages principaux mystérieux, Gabriel (Olivier Gourmet) et Louise (Marine Vacth), faisant face à leurs côtés les plus sombres.

Voir Moloch c’est se retrouver enlevé dans une ville sans nom, sans réel visage, dans un récit à l’entre-deux mondes entre passion et raison. Dans un premier temps, l’ambiance de la série est posée, un premier homme brûle, l’enquête s’ouvre. Le premier personnage apparaît : Louise, une jeune journaliste qui tente de faire ses preuves et qui a un penchant pour les faits divers et affaires non résolues. Son obstination va pousser l’histoire dans ses extrêmes les plus sombres. Par ailleurs, Gabriel, le second personnage principal, un psychiatre en souffrance, va également sombrer dans cet entêtement. Les deux protagonistes vont passer d’épreuves en épreuves, créant une relation passionnelle, entre hostilité et fraternité. Par conséquent, cette relation va nourrir la série d’une palette d’émotions, aborder des sujets plus qu’actuels enchevêtrés dans des histoires personnelles, interpersonnelles et locales.

Psychoses, sciences et croyances

La croyance et le fanatisme sont deux thèmes récurrents dans la série. L’abnégation est caractéristique du personnage de Jimmy (Marc Zinga). Fou du Christ, martyre sur terre, il vit dans un monde où il porte l’entièreté de ses malheurs. Chauffeur de bus à l’apparence lambda, il vit en banlieue avec sa femme Gloria ; tout prête à penser que les choses sont normales. Cependant, la vie dans une cité dans laquelle la violence est omniprésente éclipse toute forme de bonheur possible. Les troubles psychiatriques de Jimmy sont la raison de sa rencontre avec Gabriel, qui devient son psychiatre. Une majorité de personnages vont avoir un lien direct ou indirect avec le psychiatre : le premier mort par combustion, Jimmy le chauffeur de bus, Stella enfant de la lune, Paul le fils d’une victime d’auto-combustion sont tous des patients du psychiatre. Sa femme est la professeure de violoncelle de la sœur de Stella.

Scène de la série “Moloch”, épisode 2. © CALT STUDIO / Guillaume Van L

Moloch : la puissance du fantastique pour faire écho à la réalité

Plusieurs milieux aux fonctionnements méconnus sont présentés et critiqués. Le psychiatre, victime de stress post traumatique depuis la disparition de son fils, essaie de soigner des pathologies mentales, alors que le journalisme apparaît comme une profession à l’éthique douteuse et à la recherche du buzz. La police cache la vérité aux médias pour éviter la panique, et le milieu underground prend des positions politiques extrémistes, tout en soutenant des horreurs…
Les 6 épisodes plongent le spectateur dans les psychologies troubles de tous les personnages qui interagissent dans tous ces milieux. Qui est sain ? Qui ne l’est pas ? La question martèle la réflexion du spectateur, ce qui le garde en haleine dans un suspens enivrant jusqu’à la dernière minute.

Pourquoi Moloch ? Moloch est historiquement une divinité rattachée à la Bible qui, dans sa colère, sacrifie des enfants par le feu. Le lien apparait : les combustions inexpliquées seraient une sanction, et l’auteur des crimes serait alors un ange de la mort cherchant à rétablir la justice. Qui peut faire une chose pareille consciemment ? Comment est-il possible que des gens prennent feu sans raison apparente ? Y a-t-il des morts légitimes ? Peut-on en vouloir à quelqu’un qui souffre ?
Bienvenue dans une histoire où cœur et raison se déchirent et science et croyance s’affrontent sans arrêt.




Une esthétique singulière

En dehors d’un récit embrasant, il est impensable de ne pas évoquer la beauté visuelle et sonore de la série. La récurrence de la couleur rouge donne à voir un magnifique contraste dans le décor gris de la ville, et la façon de filmer donne encore plus de profondeur à l’histoire. La bande-originale grave et abyssale saisit le spectateur et l’embrasse dans une atmosphère apocalyptique, fantastique et à la fois très réelle.

Partez en voyage depuis votre canapé pour admirer cette vive critique de notre société, traduite dans un thriller fantastique somptueusement exécuté.

Emma Castro

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