Revenge

Elias, qui se fait maltraiter par des camarades à l’école, et Christian, orphelin de mère fraîchement débarqué, se rencontrent et se retrouvent dans leur incompréhension à voir des crimes impunis. Alors que la question, « la vengeance est-elle une solution ? » ne se pose plus pour eux, Anton, le père d’Elias, est lui-même soumis à de graves tiraillements moraux.

Beaucoup de choix de la réalisatrice sont contestables. En décidant de raconter deux histoires distinctes, l’une au Danemark, l’autre en Afrique, l’une d’adulte, l’autre adolescente, Susanne Bier perd son spectateur dans deux univers que rien ne rattache à part une grossière thématique commune. Frustrant aussi de constater que ces deux segments détachés auraient pu faire de bien différents et néanmoins passionnants films. On sent aussi comme un souffle d’américanisation dans cette œuvre qui croule sous le poids d’une musique quasi permanente et grandiloquente et se perd dans une photographie lisse, sans âme et sans aspérités.

Enfin pour conclure ce monument de politiquement correct, où malgré de très rares bonnes idées les questions de morale sont omniprésentes, la réalisatrice ne trouve pas mieux que de s’offrir un happy end factice et puant, comme pour refermer rapidement une page qui dérange et en se coupant par là de l’humanité et du détachement nécessaires au sujet.

Manichéen à l’extrême, Revenge est une réelle déception. Il brasse des sujets déjà traités un nombre incalculable de fois au cinéma sans y apporter quoi que ce soit et emmène le spectateur dans une zone de confort, si peu subtile, édulcorée et clichée que ça en devient gênant. Un faux pas de taille dans la filmographie de Susanne Bier.

Lucile Bellan

Revenge
Un film de Susanne Bier
Avec Mikael Persbrandt, Trine Dyrholm, Ulrich Thomsen

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