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Mahler, Sibelius & Chostakovitch – Paavo Järvi – Salle Pleyel

23 juin 2013
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Le concert ouvre avec un bref mouvement de Sibelius, Le Cygne de Tuonela. Le quintette à cordes et le cor anglais produisent l’essentiel du discours dans une oeuvre sans réelle difficulté de mise en place. Elle file tranquillement devant nous.

Les bois sont sans flûtes et les cuivres sans trompettes. Le caractère diaphane, presque transparent est typique du compositeur finlandais. Tout semble pur. L’exact inverse de Mahler que nous entendrons plus tard. Vers la fin, un unisson de toutes les cordes ponctué de sombres accords de cuivres est d’un effet fantastique.

Le Concerto pour violon n°1 de Chostakovitch est donné de plus en plus fréquemment dans les salles de concert. Il est en passe de devenir l’une des oeuvres importantes du répertoire.
Annoncée d’une durée de 39 minutes dans le programme, il n’a pas dépassé les 35, et ce fut perceptible. Les tempi choisis par le violoniste à partir du deuxième mouvement ont toujours semblé trop rapides, au point de glisser sur l’extrême tension que ce Concerto dégage normalement. Frank Peter Zimmermann, violoniste allemand qu’on ne présente plus, a toujours fait preuve dans sa carrière d’une technique et d’une vélocité éblouissantes.
Dans le Nocturne initial, le son demeure lointain. Sur la corde de sol, son jeu est sobre, sans aucune emphase. Le Scherzo témoigne de la qualité de l’orchestre, notamment des bois. Le tutti orchestral est saisissant. La passacaille est également prise trop vite, et la Cadence de soliste est exécutée à toute vitesse. C’est impressionnant, mais sans direction. Le quatrième mouvement enfin, Burlesque, n’a plus rien de burlesque. C’est dommage, on aurait pu ici tisser un lien avec l’oeuvre suivante.
En bis, il abat le premier mouvement de la Partita en Mi majeur de Bach. C’est très démonstratif, et le public adore.

C’est entendu, Gustav Mahler est à la mode depuis quelques temps. Mais il a le défaut d’être très difficile à mettre en place. En cause, l’hétérogénéité du matériau musical sur lequel il travaille.
En somme, les orchestres n’ont pas le choix : soit on le joue peu en privilégiant certaines oeuvres et on assure ainsi ses arrières, soit on se lance du jour au lendemain dans une intégrale parce qu’on se croit ambitieux et c’est une catastrophe, soit on joue régulièrement toutes les oeuvres et petit à petit on construit quelque chose.
C’est cette dernière option qu’a choisi l’Orchestre de Paris, dont on peut dire aujourd’hui qu’il est (mais depuis quelques années seulement, ce fut long) le meilleur orchestre français dans Mahler.
La Première symphonie fut programmée six fois en dix ans, alors qu’elle n’est pas la plus importante !
Le quatrième mouvement est déterminant. C’est là que l’Orchestre fait la différence. Premier vrai mouvement symphonique écrit par le compositeur, il est d’une difficulté redoutable. Les musiciens s’en sortent remarquablement. L’élan n’est jamais rompu. Les variations agogiques données par le chef estonien sont toujours cohérentes et maîtrisées par les instrumentistes. Le final en apothéose est somptueux. Les sept cors jouent debout et emportent le public dans un tonnerre d’applaudissements.
Moins ambitieux, mais déjà très personnels, les mouvements précédents dont le matériau thématique est en partie tiré des Lieder eines fahrenden Gesellen sont plus abordables.
Le thème du deuxième mouvement dans l’esprit d’un Ländler est systématiquement amorcé par un retenu pour le moins exagéré qui renforce l’effet kitsch.
Enfin, le trop célèbre troisième mouvement offre de magnifiques sonorités : l’interruption des trompettes dans le second thème parodique, ou encore la phrase en sourdine des cordes issue des lieder.

Sibelius, Le Cygne de Tuonela
Chostakovitch, Concerto pour violon n° 1
Mahler, Symphonie n° 1

Frank Peter Zimmermann, violon

Orchestre de Paris
Paavo Järvi, direction

20 juin 2013 à 20h
Salle Pleyel

21 juin à 22h30 (Symphonie n° 1 de Mahler uniquement)
Paris – Pyramide du Louvre

www.orchestredeparis.com
www.sallepleyel.fr

[crédit : Klaus Rudolph Online Photo Archive]

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