Matys Barré : “On arrive à garder un certain équilibre”
© Matys Barré
Rencontre aujourd’hui avec Matys Barré, jeune étudiant originaire de la région parisienne, actuellement en cursus lutherie à l’ITEMM. Guitariste amateur et passionné de musique, il travaille également à Custom Shop, magasin spécialisé de guitares. Il fait ici le point sur son activité et l’impact de la crise sanitaire sur cette dernière.
Bonjour Matys, pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Matys Barré, j’ai 21 ans et je suis actuellement en étude de lutherie à l’Institut technologique européen des métiers de la musique (ITEMM) au Mans. Passionné de musique et de graphisme, je suis également guitariste amateur en parallèle.
Quel a été votre parcours ?
Je suis sorti du lycée avec un Bac S et je ne me voyais pas continuer dans des études dites traditionnelles, j’ai donc fait une école de graphisme pendant 3 ans. En dernière année, j’ai commencé à travailler par intermittence dans le magasin Custom Shop à Paris. Suite à ça j’ai commencé mon cursus de lutherie à l’ITEMM, en alternance avec mon travail au magasin.

© Matys Barré
En quoi consiste votre activité ?
À Custom Shop on vend de la pièce détachée pour guitare, cela va du manche de guitare, des micros ou du corps, à la petite vis de pontet, en passant par les dizaines de potentiomètres et de sélecteurs différents. On a également une bonne centaine de jeux de cordes différents. On fait aussi de la lutherie légère pour guitares et basses. On s’occupe majoritairement du réglage et du câblage en tout genre, mais aussi des petites reprises de vernis à la cyanolite, des défonces sur guitares pour micros, ou encore des montages de guitares.
Vous devez voir passer des instruments exceptionnels, y en a-t-il certains qui vous ont particulièrement marqué ?
J’ai effectivement vu passer des très jolies guitares malgré ma jeune expérience : des vieilles séries vintage de chez Fender ou Gibson, ou encore de vieilles Martin, ce genre de guitares de musée sur lesquelles on ose à peine jouer et où il n’y a presque rien à faire. On voit aussi l’exact opposé, des guitares bas de gamme avec des champignons sur la touche, piquées de rouille parce qu’elles sont restées trop longtemps dans un grenier. Mais, même si les guitares chères ou rares sont intéressantes, mon plus grand plaisir reste de redonner une seconde vie à une guitare en mauvais état ; lorsqu’elle a vécu, qu’elle a été jouée, parfois délaissée, et qu’elle passe entre nos mains, avec comme but de la rendre la plus agréable possible à jouer. Et le plus incroyable c’est quand derrière la poussière et la rouille, une fois tout enlevé et qu’on commence à régler, on découvre une guitare parfaite, pas forcément chère mais qui marche et qui est bien faite, comme certaines séries de chez Squier ou Sterling. Ce sont des instruments que l’on peut régler comme bon nous semble et qu’on peut rendre au client sans qu’elle n’aie rien à envier aux guitares de grandes marques.

© Matys Barré
Qu’est-ce qui vous a donné envie de travailler dans ce domaine ?
Ma passion pour la musique s’est révélée très tard, en première, grâce à mon meilleur ami qui m’a forcé à me mettre à la guitare parce qu’il voulait jouer en groupe. Suite à ça, le métier de luthier m’est resté en tête. Il était pour moi la meilleure façon de combiner mon désir de création et mon besoin de rapport physique à l’objet, cette envie d’un travail manuel.
Le contexte sanitaire actuel impacte-t-il votre activité ?
Oui, comme tout le monde… Même si je ne pense pas que nous soyons les plus touchés. On est évidemment limité dans les horaires d’ouverture avec le couvre-feu, ou dans le nombre de personnes autorisées à l’intérieur du magasin, mais ça ne nous empêche pas de travailler. Et même si tous les musiciens professionnels viennent beaucoup moins nous voir à cause de la crise sanitaire et des problèmes qu’elle engendre pour les musiciens de scène ou de studio, une nouvelle clientèle s’est formée, celle qui s’est mise à la musique pendant les confinements. Et en fin de compte, même si notre chiffre d’affaires a chuté, on arrive tout de même à garder un certain équilibre.
Propos recueillis par Paul Fuilla-Weishaupt
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