Viens dans mon île : la vie en rose !
La 12e édition, c’était 3 jours, 12 artistes, 1 ambiance unique à L’île d’Yeu ! À ciel ouvert, sous les étoiles exactement.
Au large des côtes vendéennes, dans le cadre exceptionnel de La Citadelle, métamorphosée, il existe un festival de musiques actuelles qui grandit en notoriété. En revanche, on apprécie les concerts à taille humaine et son esprit familial. En effet, à VDMI, les échanges sont privilégiés, notamment entre artistes et bénévoles, au nombre de 200 (l’une des associations les plus attractives de l’île). Côté public, 8.000 personnes étaient attendues sur le site, dont plus de la moitié, venue du continent grâce aux navettes maritimes exceptionnelles. Une centaine d’artistes ont été accueillis.
L’organisation est sans faille car un tel projet sur une île soulève des enjeux logistiques de taille. L’équipe relève tous ces défis avec brio et bonne humeur. Entourés d’un bureau très impliqué, Antoine Grésillon-Bertrand, le président de l’association, et sa femme, Lisa, portent le projet avec passion et dynamisme depuis le début. Inspirés par le succès du Festival de Poupet, ce sont eux qui l’ont créé : mais « sans les bénévoles et partenaires, toujours plus nombreux, pas de festival ! », précisent-ils.
- © Rodrigue Laurent
Habillés de rose, avec la morgate (petite pieuvre très présente proche des côtes) comme emblème, on repère bien les volontaires, impliqués de la restauration à la sécurité, en passant par la logistique ou la billetterie. On compte une trentaine de nouveaux bénévoles, cette année. La relève est assurée ! « L’ADN du festival : l’esprit de famille, pour tous, y compris les artistes, considérés comme des sœurs, des frères ! ».
Des têtes d’affiche pas « prises de tête »
Port-Joinville revêt aussi les couleurs de l’évènement. Tuk-tuk et 4 L à l’effigie de VDMI transportent les invités. Les moyens étant limités, y compris pour les cachets, les artistes savent qu’ils seront chouchoutés : accueil VIP sans chichi ni tralala, autrement dit tour de l’île, produits locaux, rencontres… Divas s’abstenir, donc ! Pour autant, des stars acceptent l’invitation. L’authenticité de ces artistes, leur générosité, représentent bien les valeurs de ce festival d’esprit convivial qui donne la priorité aux rencontres.

Notre plus grand kif, cette année : Deluxe, groupe d’irréductibles moustachus mené par la chanteuse Liliboy, à vraiment découvrir sur scène. Ça tombe bien : la tournée accompagnant leur 7e album vient de débuter. L’île d’Yeu fait partie des étapes et… Ça fait plaisir (titre de leur dernier album).
Une chance, puisque de nombreux concerts sont déjà complets. Pourquoi pas les retrouver les 12 et 13 septembre dans le cadre de Super Moustache Festival, à Aix-en-Provence d’où ils sont originaires ? Dans leur propre festival, on retrouvera sans doute l’ambiance de rue qui les a portés jusqu’ici, avec, à leurs côtés, trois Victoires de la Musique à l’affiche (SANTA, Solann et Zoufris Maracas).
- © Sarah Meneghello
- © Rodrigue Laurent
Sans conteste, Deluxe fait le spectacle. LiliBoy est solaire et le saxophoniste Pépé met carrément le feu. Avec encore Kaya à la basse, Kilo à la batterie et aux platines, Pietre à la guitare, Soubri aux percussions et aux machines, le groupe prend toute sa dimension sur scène, qu’ils savent bien occuper, ce qui ne les empêche pas d’aller prendre un bain de foule. Quelle fougue ! Ils ont enflammé le public.
Leur répertoire brasse large. S’inspirant des grands maîtres du hip-hop, du jazz et de la funk, du raggamuffin, du rock, Deluxe crée sa propre recette musicale, mélange les styles, pour en donner le meilleur sur scène, avec des compositions malicieuses sur une ambiance très métissée. Du groove à la sauce Deluxe, bien relevée !
Chaleur humaine
À l’ouverture du festival, Thomas Dutronc a révélé sa recette du bonheur, une ode à la simplicité. Après l’album Frenchy aux sonorités jazz cool, en collaboration avec des artistes internationaux, ainsi que sa tournée dans les Zénith de France avec son père, il fait le grand écart entre une musique pure acoustique et une Pop moderne actuelle, mais la guinguette Manouche trône toujours en fond de scène.
Très bien entouré par ses musiciens, dont une violoniste péchue, il a ému ses fans venus en nombre. Après une année éprouvante, il est venu se recharger en énergie positive. Et elle ne manque pas ici.
Louis Bertignac était aussi très attendu sur l’île. Icône du rock français, il a électrisé la scène de la Citadelle. Avec cinquante années de carrière au compteur, l’ancien membre du groupe mythique Téléphone, a partagé ses créations personnelles et quelques titres culte, dont un mémorable avec Yannick Noah.
- © Rodrigue Laurent
- © Rodrigue Laurent
Chaleureux et festif, ce dernier a de nouveau fait danser et chanter le public, avec ses plus grands tubes. Une musique joviale et à la bonne humeur communicative. Comme à son habitude, pieds nus pendant tout le concert, souple et tonique, il a beaucoup occupé l’avant-scène, saluant un tel, interpelant une autre, se déplaçant jusqu’à l’espace gradins où les personnes à mobilité réduite ont pu apprécier une chanson presque en tête-à-tête. Une générosité qui contribue à sa popularité sans faille.
Une programmation intergénérationnelle
Autre génération, autre style : Yodelice, qui opère d’ailleurs un virage, à présent davantage électro pop, par moments new wave. D’abord inspiré des univers sombres de Tim Burton et Jim Jarmusch, il a rencontré le succès avec ses albums, notamment Tree of Life (Victoire de l’album révélation de l’année) et a collaboré avec des figures marquantes de la scène musicale française, comme Johnny Hallyday et Jain. Sa prochaine grande salle est l’Olympia le 6 mai 2026. On en entendra parler.
Enfin, pour les plus jeunes, Aliocha Schneider fait tourner les têtes ! Comédien, auteur, compositeur, interprète, il a tout de même déjà rempli la Cigale et l’Olympia. Il a présenté sur scène son 3e album (le premier en français). Des chansons aux accents de pop anglo-saxonne sur l’amour, la relation à distance et les désirs. Vibrant ! Il sait user de son charme.
- © Rodrigue Laurent
- © Rodrigue Laurent
- © Rodrigue Laurent
« Il y a de quoi satisfaire toutes les goûts et les générations, avec le retour d’artistes qui ont déjà marqué les esprits comme notre parrain Thomas Dutronc, Yannick Noah, ainsi que Deluxe, qui n’avait pas pu jouer la dernière fois à cause d’une tempête, et encore Nach, jamais très loin de son frère M (Matthieu Chedid), un autre fidèle, précise Antoine Grésillon-Bertrand.
En ce qui nous concerne, Nach, pourtant invitée systématiquement sur scène par ce dernier, est une belle découverte. Cette fois-ci, en solo, au clavier et au chant, entouré de plusieurs machines, elle déploie une énergie incroyable. C’est une véritable femme orchestre. Si l’on retrouve les mêmes envolées vocales que son frère et aussi une forte présence, elle se démarque par ses compositions de qualité qui nous invite à un voyage intime, poétique et puissant. Son nouvel album, Peau neuve, est conçu comme un voyage. Il symbolise une renaissance, une mue. Ses clips sont également très réussis, comme le dernier (réalisé avec Diane Moyssan).

Pour les premières parties, l’équipe a l’habitude d’inviter des groupes d’en face. C’est le cas de Manu de Nars, venu de Brétignoles, un groupe de rock aux références éclectiques, ou de Mystique Altesse, de Noirmoutier.
Enfin, relevons les autres bonnes idées de programmation : inviter en ouverture, un groupe local, Varek, avec Clément Bertrand dont on apprécie la fibre poétique fortement iodée, entouré de Nico Guitare, Régis Taraud, Christophe Hervy, Christophe Bryan, quatre garçons tout autant dans les embruns. Au départ, le projet était de chambouler le répertoire de chansons de marins. C’est sûr, ça nous change des Tribordais, groupe emblématique d’ici. À ces reprises se sont ajoutées des compositions originales à découvrir. La grande scène va bien à ce rock maritime qui déménage. Ou plutôt qui brasse large.
- © DR
- © Rodrigue Laurent
En dernière soirée, c’est BatuKayu, la batacuda insulaire composée d’une trentaine d’irréductibles amateurs « complètement frappés », dont une majorité de nanas, qui a marqué le coup. Dans la citadelle, ces percussions brésiliennes résonnent fort et prennent aux tripes.
On croise parfois ces passionnés sur la côte sauvage, leur salle de répétition préférée. Ils sont désormais incontournables, lors des fêtes populaires. Tout terrain, cette team met un joyeux bazar rythmique partout où elle passe. Leur leitmotiv : « Jouer par grand vent, jouer par tous les temps, mais jouer ! ». Et ça pulse. Avec leurs nouveaux costumes, ils ont fait déferler une vague de plaisir pailleté. On est ravie de voir que le groupe commence à s’exporter en dehors de l’île, avec une inoubliable virée au festival La Roue Cool. Bravo !
Il s’en passe des choses en Vendée ! Mais à L’île d’Yeu, c’est décidément unique.
Sarah Meneghello
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