L’Illusion Conjugale – Théâtre Tristan Bernard
« Il y avait zéro conséquence puisque que je n’avais pas l’intention de te le dire ». Avec ses dits et ses non-dits, le thème de l’infidélité et de l’adultère, L’Illusion Conjugale aurait pu être une énième comédie sur le désenchantement du mariage. Mais si elle en reprend certains codes, elle ne s’en contente pas et les dépasse pour offrir au public près d’1h30 de bons mots et de rires.
Cette nouvelle comédie d’Éric Assous, scénariste notamment des Randonneurs, nous plonge dans la vie d’un couple aisé et dans leur quotidien que l’on imagine triste et sans grand intérêt. Un tableau préliminaire qui pourrait être celui d’une pièce de Georges Feydeau, impression confortée par l’articulation et l’évolution de l’intrigue qui rappellent à plusieurs moments certaines pièces du dramaturge français.
Verve et énergie
À peine une journée, tel est le laps de temps qui s’écoule entre le lever de rideau et l’extinction finale des lumières. Ce resserrement temporel explique l’absence de temps mort : le contexte est posé dès la première phrase et sa trame dès les premiers échanges. Le spectateur n’a nullement le temps de reprendre son souffle tant les répliques s’enchaînent avec énergie et verve. Trois scènes, trois moments distincts de la journée où les trois personnages de la pièce sont toujours présents, directement ou indirectement. Trois, comme autant de côtés d’un triangle. Un triangle amoureux ? Le suspense, parfaitement maitrisé, laisse planer le doute tout au long de la pièce.
Mauvaise foi et cynisme sont au rendez-vous de cette comédie menée par un trio d’acteurs dont la justesse de ton est frappante. Isabelle Gélinas et Jean-Luc Moreau qui jouent les époux en souffrance parviennent à merveille à incarner cette femme et cet homme qui n’ont en apparence que faire des aventures de l’autre. Elle est parfaite dans son jeu de femme mutine et quelque peu manipulatrice tandis qu’il est brillant dans son rôle d’époux innocemment coupable qui se pose en victime. « Que tu le veuilles ou non, le mariage nous rend propriétaires ! On s’appartient ! Tu m’appartiens et je t’appartiens. Et quand une tierce personne se glisse entre nous, alors oui, il y a effraction ». À ces deux comédiens vient s’adjoindre José Paul, le meilleur ami fraichement divorcé, qui apporte à la pièce la dose nécessaire de tristesse, d’incompréhension, et peut-être de morale.
L’Illusion Conjugale revisite donc le thème de l’infidélité et habille cette dernière d’un costume fait de gravité et d’humour, d’âpreté et de finesse, de mordant et de justesse. Jubilatoire, forcément jubilatoire.
Solène Zores
L’Illusion Conjugale
De Eric Assous
Mise en scène parJean-Luc Moreau
Avec Isabelle Gélinas Jeanne, Jean-Luc Moreau Maxime et José Paul Claude
Jusqu’au 3 juillet 2010
Du mardi au samedi à 21h
Samedi à 18h
Théâtre Tristan Bernard
64, rue du Rocher
75008 Paris
www.theatretristanbernard.fr
La pièce est reprise, du 23 mars au 30 juin 2011, au Théâtre de l’Œuvre
[Visuel : © Éric Devert]
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