“Casse-Noisette” : un conte merveilleux qui parle de résilience
"Casse-Noisette ou le Royaume de la nuit" © Vincent Pontet
Au Théâtre du Vieux-Colombier, Johanna Boyé et Elisabeth Ventura réinventent le conte d’Hoffman, devenu par la suite un ballet de Tchaïkovski, en y insufflant des problématiques contemporaines. Véritable comédie chantée et dansée, le spectacle fait la part belle aux créations de costumes et de décors fantastiques avec des acteurs survoltés. Un régal pour les petits et les grands en cette période de Noël.
Un conte fantastique

© Vincent Pontet
Quelle bonne idée ont eu Johanna Boyé et Elizabeth Ventura, qui avaient déjà co-signé La Reine des Neiges en 2022 pour la Comédie Française, de réinventer le conte de Casse-Noisette, écrit par Hoffman en 1816, adapté en français par Alexandre Dumas et mis en musique par Tchaïkovski pour un ballet classique qui deviendra célèbre ! Les contes sont faits pour être réinventés et le grand spécialiste des contes de fées, Bruno Bettelheim, n’a cessé d’analyser et de valoriser ces oeuvres qui stimulent l’imagination et la curiosité des enfants, les aidant à voir plus clair dans leurs émotions. Nous voici donc dans la maison des Silverhaus, dans laquelle une jeune fille nommée Clara, qui porte à la jambe gauche une attelle, vit avec son père et sa mère. Véronique Vella (la mère), perruque à bouclettes blondes et bigoudis sur la tête, et Nicolas Chupin (le père), engoncé dans un costume rose framboise, éructant dans son noeud papillon à pois, sont les deux géniteurs grotesques de cette jeune héroïne très vive, qui refuse catégoriquement de sortir, au grand dam de ses parents qui s’agitent comme des moustiques.
Un récit initiatique

© Vincent Pontet
Seul Drossemeyer, l’horloger aux mains d’or, comme Edward aux mains d’argent du cinéaste Tim Burton, pourrait communiquer avec la jeune fille. Il débarque donc, ce haut personnage capé de noir et à la personnalité magnétique, incarné par Yoann Gasiorowski, avec sa mèche d’argent. Voix douce, regard protecteur, le magicien offre à Clara un cadeau de Noël géant : un soldat de plomb à taille humaine qui fait office de casse-noisette quand il ingère des fruits secs. Superbe et habillé comme une image, Baptiste Chabauty, le regard bleu perçant, incarne ce jeune militaire sans âme, que le papa de Clara va totalement casser à force de le bourrer de noisettes. Eh oui, dans cette version du conte, ce sont les parents qui font tout dérailler ! Et c’est à ce moment là, aux douze coup de minuit, que la magie opère. Restés seuls, Clara et Casse-Noisette deviennent complices et le soldat de plomb sort peu à peu de son armure. Casse-Noisette devient un beau jeune homme, blessé comme son amie Clara, et prêt, comme elle, à affronter le monde ainsi que Dame Mauserink, la redoutable reine des Souris qui montre ses immenses griffes noires.
Une histoire de réparation

© Vincent Pontet
Toute la seconde partie bascule dans le fantastique d’un monde imaginaire, celui de la cour du royaume des Pirlipates, dans lequel la jeune Clara deviendra au contraire la Ministre des Solutions. Les comédiens se transforment en personnages rabelaisiens à la vitesse de l’éclair, les lumières passent du bleu au rouge et les marmites fument à mesure que la Reine y plonge du gras de lard. Le récit se fait musique, chansons originales, comédie dansée, dans une ambiance plutôt rock et hype très enlevée et très drôle. Mélissa Polonie, formidable jeune comédienne, possède la vitalité et l’énergie effervescente d’une héroïne secouée par d’incroyables péripéties, entre rêve et cauchemar, problèmes et solutions. Charlotte Van Bervesselès campe la jeune princesse à son tour balafrée. L’esthétique du spectacle navigue entre les univers cinématographiques de Tim Burton et de David Lynch, et nos deux héros cabossés, Clara et Casse-Noisette, vont retrouver grâce à la fée Dragée, une marraine déjantée et excentrique, interprétée avec maestria par Coraly Zahonero, des raisons de vivre et de s’emparer du monde. Un spectacle inventif et surprenant, à recommander pour tous les publics.
Hélène Kuttner
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