“La Disparition de Josef Mengele” à la Pépinière Théâtre
Mikaël Chirinian dans "La Disparition de Josef Mengele" © Jean-Philippe Larribe
Le comédien Mikaël Chirinian reprend l’excellent spectacle qu’il a créé lors du dernier festival d’Avignon. Adaptant l’éblouissant livre d’Olivier Guez, il se glisse dans la peau d’un monstre ordinaire, Josef Mengele, le médecin d’Auschwitz, lors de sa fuite en Argentine en 1949. Dans la mise en scène de Benoît Giros, l’enquête avance et dévoile la complexité d’un homme et d’un système que tous protégeaient. Edifiant.
Josef Mengele, le médecin d’Auschwitz, surnommé l’”Ange de la mort”, a fui en Argentine en 1949 après avoir envoyé près de quatre cent mille hommes, femmes et enfants dans les chambres à gaz, entre 1943 et 1945. Durant près de quarante ans, ce médecin nazi, coupable d’expérimentations atroces sur des déportés vivants, a pu bénéficier du soutien et de l’aide active de sa famille allemande, de ses amis et des autorités des pays d’Amérique du Sud grâce auxquels il a pu survivre et se dissimuler sous une fausse identité. L’écrivain et journaliste Olivier Guez a travaillé durant trois ans sur le roman autobiographique de Josef Mengele, pour lequel il a reçu le Prix Renaudot en 2017. Ses recherches détaillent le parcours intime du monstre nazi, ainsi que l’impunité totale dont il a bénéficié, pour mettre en valeur la rencontre, à la fin de sa vie, avec son fils Rolf qui fut le seul à lui demander des comptes. A son tour, le comédien Mikael Chirinian a décidé d’adapter ce récit pour le théâtre, de manière à comprendre les mécanismes et explorer le mal radical. Avant d’être un monstre, Mengele est un homme ordinaire. Le spectacle débute par son arrivée à la douane argentine, sous un faux nom, avec une valise contenant des seringues sous-cutanées.
Il a fui l’Allemagne non par culpabilité, mais parce que son pays, malheureusement, a perdu la guerre. Dans la mise en scène intelligente de Benoît Giros, le comédien prend en charge ce récit, impassible, assis sur une chaise. Son jeu est hallucinant de concentration. Il est le personnage de Mengele tout en étant dissocié, créant pour le spectateur un troublant effet de réel, entre l’homme ordinaire et le tortionnaire. Mais l’acteur ici est prodigieux de puissance, de concentration et de profondeur dramatique. Assis ou debout face aux murs de photos de dignitaires nazis, passant de la colère froide au rugissement de bête traquée, l’acteur nous saisit en se faisant l’interprète charnel de ce texte vertigineux, dont il s’empare de manière grandiose. “Toutes les deux ou trois générations, lorsque la lumière s’étiole et que les derniers témoins des massacres précédents disparaissent, la raison s’éclipse et des hommes reviennent propager le mal. Méfiance, l’homme est une créature malléable, il faut se méfier des hommes.” écrit l’auteur. Un spectacle nécessaire et totalement bouleversant.
Hélène Kuttner
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