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Phia Ménard au Monfort: Alerte aux boules de glace!

2 mars 2015
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P.P.P.

De Phia Ménard

Avec Phia Ménard

Du 3 au 14 mars 2015

Tarifs : 10-25 €

Durée : 1h

Le Monfort
Parc Georges Brassens
106 rue Brancion,  75015 Paris
M° Porte de Vanves

www.lemonfort.fr

Du 3 au 14 mars 2015

Jongler avec des boules de glaces qui tombent du plafond sans crier gare, voilà l’incroyable défi que se lance Philippe Ménard dans « P.P.P. ». Jongler avec l’injonglable! Devenu quasiment mythique, son spectacle phare est de retour à Paris. Mais entretemps, Philippe est devenu(e) Phia. Rarement, une création n’aura été aussi intimement liée à l’histoire de son autrice et interprète. Et bien peu de pièces ont à ce point marqué le paysage artistique.

La glace au plafond, la glace au sol. Trois énormes frigos comme scénographie. Du blanc et d noir, des boules, des blocs, des cercles. Une performance chorégraphique et circassienne où Ménard est jongleuse, danseuse, paysagiste et femme, avant tout. En 2008 Philippe Ménard créa « P.P.P. » Il y disait tout à propos d’un monde assassin qui lui tombait sur la tête. Il jonglait avec la glace, s’exposant à la chute imprévisible des cent-vingt boules suspendues au plafond, qui fondaient lentement pour tomber de façon imprévisible. Ca promet d’être des étoiles, et puis ça cogne. Comme la vie, quoi…

En robe noire, cet homme se gela les fesses sur un bloc de glace, symbole du masculin et de privation de liberté. De telles images ne laissent pas indifférent. « Dans tous les pays, P.P.P. provoque de vraies rencontres avec le public, qui pose des questions très humaines et s’exprime de son côté. C’est peut-être ce que j’ai toujours cherché. » Et on avait de nouveau le souffle coupé quand après le spectacle, Philippe arrivait au bar, en talon aiguilles et robe de soirée.

Avant, Philippe déclara qu’une fois devenu femme, il n’aurait plus besoin de jouer « P.P.P. », et que logiquement le spectacle cesserait de tourner. Et pourtant, il tourne, inéluctablement. Car « P.P.P. » est une proposition scénique fascinante, impossible à réduire à un discours. Il n’y en a pas. Tout est dans les images et leur bouleversante poésie.

34-file3Devenue la femme rayonnante qu’elle est aujourd’hui, Phia a exploré la légèreté, avec « Vortex » et « L’Après-midi d’un Foehn », même si là aussi elle se confronte à l’impossibilité de jongler. Mais la libération était bel et bien palpable. Elle y jongle avec des sachets en plastique et le vent. Les « balles » montent et retombent lentement. C’est ludique, colorié et transparent, abordant la verticalité alors que « P.P.P. » signifie en fait « Position Parallèle au Plancher ». En effet, il y a danger de glisse!

Beaucoup de spectacles, et même de très beaux, se créent sans raison profonde. « P.P.P. » fait exception. Ressentir telle une femme, alors qu’on vit dans un corps d’homme, ou l’inverse, est particulièrement douloureux pendant l’adolescence, quand on voit son propre corps développer une identité sexuée qu’on désire rencontrer et aimer, au lieu de l’incarner. Il devient alors extrêmement difficile d’exprimer ses émotions. Dans cette situation, un parcours artistique peut offrir un espace de liberté, un espoir d’entrer en dialogue avec son corps et de s’adresser aux autres à travers lui.

Au moment de la création de « P.P.P. », Ménard confirma: « J’avais un rapport horrible à mon corps. Je ne le comprenais pas. Je croyais être fou. Il m’a fallu attendre Internet pour pouvoir dialoguer avec d’autres transgenre et comprendre ce qui m’arrivait. A dix-huit ans, le jonglage m’a permis de me réapproprier mon corps. » Un acte inconscient, mais logique, suite à sa rencontre avec Jérôme Thomas, chef de file du nouveau jonglage, en France et dans le monde.

34-file1Et Phia de déclarer: « Le geste et la conscience du corps sont nécessaires pour désapprendre les gestes masculins et apprendre les gestes féminins. Le but est le passing, à savoir la capacité de passer dans l’espace public sans être identifié comme un homme dans un corps de femme. Il faut que les mouvements soient naturels. Pour y arriver, la danse aide beaucoup. » Au
Festival d’Avignon 2010, pour sa création « Black Monodie », la feuille de salle indiqua: « Mlle Philippe Ménard, jongleuse, auteure, performeuse, fondatrice de la compagnie Non Nova ». Une erreur, un oubli? « Phia est le nom que je revendique, mais Philippe reste mon nom d’état civil et de scène. En France, il est très compliqué de le changer. Nous sommes certes non expulsables, mais nous sommes finalement des sans-papiers, » dit Ménard.
 

Thomas Hahn

 
[ Photos : © Jean-Luc Beaujault ]

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