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Wax Tailor : “Phonovisions est mon concert le plus ambitieux.”

1 juillet 2014
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phonovisions

Wax Tailor sur la scène de La Défense Jazz Festival : “Phonovisions est mon concert le plus ambitieux.”

Wax Tailor & The Phonovisions Symphonic Orchestra

waxtailor.com

Le 6 juillet 2014

Accès libre 

Place de La Défense
92400 Courbevoie
M° La Défense-Grande Arche

ladefensejazzfestival.hauts-de-seine.net

Le 6 juillet 2014

Compositeur, Jean-Christophe Le Saoût, alias Wax Tailor, est d’abord, comme il aime se définir, un “metteur en son”. En tournée depuis début mai 2014, l’artiste se produit dimanche 6 juillet à l’occasion du festival jazz de La Défense. Le musicien au style “hip-hop orchestral” présente son projet “Wax Tailor & The Phonovisions Symphonic Orchestra”. Pour ce concert exceptionnel, 40 musiciens, 17 choristes, ainsi qu’une scénographie interactive accompagnent Wax Tailor et ses machines. Rencontre.

Ta tournée intitulée “Wax Tailor & The Phonovisions Symphonic Orchestra” s’achève le 6 juillet. Pour ce spectacle au festival jazz de La Défense, tu reprends des morceaux de tes 4 albums et les réorchestres en version symphonique. Comment as-tu réalisé cela ?

Wax Tailor : L’idée de “Wax Tailor & The Phonovisions Symphonic Orchestra” n’était pas de prendre un orchestre et moi de « tricoter » dans un coin. On s’est demandé comment donner un volume à cet ensemble. Habituellement, je suis accompagné par 4 musiciens, et là, d’un coup, j’en ai 40, plus les 17 choristes. La particularité d’un orchestre symphonique est qu’il s’agit d’un son physique. Quand tu es sur un plateau et que tu as 40 cordes qui jouent, tu n’as pas besoin de micro. En revanche, moi je suis amplifié. Il fallait donc trouver l’équilibre entre le son physique et le son amplifié. Ça a été un gros travail en amont, avec 5 ingénieurs du son, et en dehors de cela il a fallu s’occuper de la réorchestration, trouver les nuances. C’est une lecture grand format. Et avec mon expérience de 2010, “Wax Tailor & The Mayfly Symphony Orchestra” [NDLR : avec l’orchestre symphonique de l’Opéra de Rouen], j’ai pu dresser un bilan de ce qui avait été bien ou non : j’ai eu envie de travailler plus sur les percussions, de continuer avec les cordes, et pour les cuivres j’avais envie de quelque chose de plus contrasté, plus soul funk. L’idée, c’est de prendre le meilleur des deux mondes : je veux profiter de la puissance d’un orchestre symphonique, mais sans le côté cérémonial hyper pompeux.

Qu’entends-tu par scénographie interactive ?

Wax Tailor : Un univers, c’est ça qui est le plus important ! Quand tu mets beaucoup de technologie en place, ce n’est pas pour faire une démonstration. L’important était de trouver la petite magie d’un univers où les gens plongent. Après des mois de boulot sur la scénographie interactive de la tournée de Dusty rainbow [NDLR : son dernier album], on est repartis de zéro sur la création visuelle. Quand tu as 50 personnes sur un plateau, tu ne peux pas avoir des images aussi narratives que celles que j’avais sur la tournée de Dusty, c’est trop accaparant. Je voulais quelque chose de plus contemplatif. Je suis parti de l’idée d’une partition en mouvement, où les images sont beaucoup plus au service de ce qui se passe sur scène. J’ai monté une équipe avec une dizaine de réalisateurs et un directeur artistique. Si je devais comparer Phonovisions à ce que je fais habituellement, c’est bien sûr mon concert le plus ambitieux. Après, il faut accepter les règles du jeu : je suis beaucoup plus cadré. Un soir, j’ai lancé à l’orchestre “qu’est-ce qu’on joue comme morceau maintenant ?” en blaguant bien évidemment, car le paradoxe c’est qu’on n’est pas du tout libres. Il y a donc cette contingence mais en retour on a une vraie puissance. Pour moi, c’est un plaisir de fin gourmet. Dans la formation dans laquelle je suis, on ne peut pas avoir toutes ces nuances.

Tu ne te sens pas trop seul durant tes tournées ? Raconte-nous ta première scène…

Wax Tailor : La première scène de ma vie était nulle, mais moi j’avais l’impression que c’était bien, donc ça reste un bon souvenir [rires]. Ma première scène en tant que Wax Tailor, c’était en 2004 pour le festival “Le rock dans tous ses états”. Le responsable du festival m’avait appelé après la sortie de mon premier EP pour me demander si j’avais un live et si je me sentais prêt. J’ai dit oui tout de suite. Mais en réalité, je n’avais absolument pas de live [rires]. Je ne voulais juste pas manquer cette opportunité. J’ai dû bosser pendant 3 mois de façon intensive et au final ça s’est très bien passé. Et en tournée, je ne me sens jamais seul car j’y vais la plupart du temps en communauté. Sauf une fois, où je suis parti au Laos jouer un set dans un club pour des teenagers de 14 ans… Je me suis vraiment demandé ce que je faisais là, j’avais l’impression d’avoir 120 ans… [rires]

Quels sont tes projets futurs ? Des envies de collaborations ?

Wax Tailor : Je me souviens, il y a trois ou quatre ans, lors du concert de Gorillaz, j’ai croisé Damon Albarn [NDLR : le chanteur de Blur et Gorillaz] en backstage, dont je suis fan. Un de mes amis m‘a dit d’aller lui “proposer quelque chose”. Je n’y suis pas allé car je trouvais ça d’une vulgarité monumentale. Ça m’arrive parfois que les gens me disent “il faut qu’on fasse un truc ensemble” et cela me gonfle car je suis très pudique ; quand je ne connais pas la personne, je ne peux pas m’imaginer dans un studio avec elle, qui sait si on aura des affinités ou pas ? Je préfère arriver en disant que j’ai pensé à quelque chose de précis, de préparé, et si la personne refuse, je m’en remets. Aussi, dans la scène musicale contemporaine, beaucoup de gens font des “featurings” : ils envoient 10 instrus à un interprète et lui laissent choisir un des morceaux. Mais au final, ils perdent la direction artistique de leur projet, car on leur a simplement renvoyé un disque… Quant à mes projets à moyen terme, je suis content car j’ai enfin réussi à capter Phonovisions, le film sortira début novembre. Ça me met un bon sourire d’adolescent idiot [rires]. En octobre 2014, je serai à Bogota pour jouer en formation symphonique avec un autre orchestre, et ensuite je retournerai travailler en studio. J’ai des idées, pas de deadline, on verra où ça me mène. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises idées, il y a de bonnes et de mauvaises réalisations.

Est-ce vrai qu’un journaliste t’a demandé si tu faisais de la “lounge music” ?

Wax Tailor : [Rires] C’est le pire tampon musical qu’un journaliste puisse me donner. Quand les gens me demandent si je fais du “trip-hop” par exemple, ce n’est pas grave, au final on s’en fout. Mais le “lounge”, autrement dit la musique d’ascenseur, ça ne passe pas… C’est vraiment la musique des gens qui n’ont pas envie d’écouter de la musique. On m’a déjà sollicité pour des projets dans cet esprit, j’ai dit “jamais !”.

Les étiquettes, tu détestes ?

Wax Tailor : Au début, je faisais plus attention, car je voulais contrôler mon image. Et puis maintenant je m’en fiche, je me rends compte que les gens veulent dire la même chose mais utilisent des termes différents. Le terme “hip-hop orchestral” me convient, car dans ma musique il y a un rapport à l’orchestral qui est fort, et le hip-hop est une culture qui est partie de l’idée de se nourrir de tout ce qui existe.

Propos recueillis par Juliette Jean

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[Crédits photo : LillelaNuit.com – lea]
 

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