Tabou – Lucernaire
Inspiré de faits réels, Tabou met en scène cinq femmes qui ont toutes souffert d’agressions sexuelles et ont décidé d’agir en justice pour faire reconnaître ces violences. Il s’achève par la retranscription de la plaidoirie de Gisèle Halimi lors du célèbre procès d’Aix en Provence, véritable manifeste du mal que les violences sexuelles infligent à notre société toute entière.
Des actrices formidables prennent tantôt la place de victime et celle d’enquêteur, posant tour à tour des questions froides, factuelles et rigides à des femmes contraintes de dévoiler publiquement les pires instants de leur intimité. Cinq drames sont ainsi minutieusement révélés, de ceux qui interrompent brutalement et irrémédiablement le cours normal d’une vie.
Le désarroi des victimes de viol devant un appareil judiciaire mal adapté à la prise en compte de ce crime est volontairement mis en valeur. Car dans le viol, comme en témoigne la superbe plaidoirie finale, les preuves font trop souvent défauts, et seule la parole de la victime pèse contre celles de l’agresseur. Laurence Février, reprenant les mots de Gisèle Halimi, appelle à combattre la « théorie du consentement », selon laquelle les agresseurs arguent toujours du consentement de leurs victimes à l’acte sexuel pour se dédouaner. La preuve contraire étant extrêmement difficile à apporter par ces dernières, dans des scènes trop souvent perpétrées en des lieux reculés et sans témoin.
Au-delà des difficultés procédurales à reconnaître les viols dans notre système judiciaire, Laurence Février met en exergue la violence extrême, et mal reconnue, de ce crime dans notre société. Crime contre la culture, contre les relations entre les hommes et les femmes, crime contre l’amour, enfin. Cette pièce dénonce un malaise profond qui conduit certains hommes à ne pas avoir conscience de la gravité d’actes perpétrés depuis toujours, et conduit à affirmer que le combat pour l’égalité des sexes est loin d’être gagné.
Sophie Thirion
Tabou
De Laurence Février
Assistante à la mise en scène : Julie Simonney
Plaidoierie de Gisèle Halimi à la Cour d’Assises d’Aix-en-Provence, le 3 mai 1978
Avec Laurence Février, Véronique Ataly, Mia Delmaë, Françoise Huguet, Carine Piazzi et Anne-Lise Sabouret
Lumières : Jean-Yves Courcoux // Illustration sonore et scénographie : Brigitte Dujardin
A partir du 5 septembre 2012
Du mardi au samedi à 20h
Le dimanche à 17h
Le Lucernaire
53, rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris
M° Notre Dame des Champs, Vavin, Saint-Placide ou Edgar Quinet
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