Dans la peau d’Hundertwasser – Musée en herbe
L’artiste n’a pas été exposé à Paris depuis 1975 au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, et seule une exposition à Marseille, l’année dernière, lui a rendu hommage. Sincèrement, pourquoi tant de haine ? Certes, on peut reprocher à Hundertwasser un jusqu’au-boutisme écolo, un militantisme vert exacerbé, mais ces couleurs… ces formes… qui, mieux que ce génial héritier de Gaudi et de Klimt, pourrait incarner la définition même de liberté ?
Reprenons depuis le commencement. Né Friedrich Stowasser en 1928, Hundertwasser s’initie d’abord timidement au dessin, voyage énormément, travaille sur un cargo, crée son personnage chapeauté, fabrique ses propres vêtements, s’intéresse à la nature, à l’architecture, à la place de l’homme dans le monde. Amoureux de la spirale par opposition à la ligne droite (qui n’existe pas dans la nature), le peintre veut réinvestir l’humain dans toutes ses peaux : le derme, les vêtements, la maison, les proches, l’univers. Ces cercles concentriques hantent littéralement l’ensemble de son oeuvre, un millier de tableaux qu’il refuse obstinément de vendre, même aux plus acharnés. Alors Hundertwasser lithographe, reproduit, conçoit des affiches, des timbres, des drapeaux, seuls produits dérivés qu’il consent à céder. Il s’improvise architecte, pense un nouveau mode d’urbanisme où tout est possible (des arbres locataires, des locataires heureux, une église ouverte aux athée, un lycée conçu et financé par ses lycéens). Cet amoureux de l’instabilité, du fluide, s’installe sur un bateau, le Regentag, et développe une relation spéciale à la Nouvelle Zélande, pays où il est inhumé. Il décède sur la croisière inaugurale du Queen Elizabeth 2, en 2000, entre deux eaux.
L’exposition, réalisée en collaboration avec la Fondation Hundertwasser de Vienne rassemble une quarantaine d’œuvres, dessins, lithographie, maquettes. On pourra également visiter la reconstitution du bureau d’Hundertwasser. Conçu d’abord pour les enfants, l’événement est bien entendu ouvert aux adultes, qui y trouveront tout à fait leur compte. On peut souscrire une visite libre, une visite assortie d’un atelier, une visite guidée, une visite et un thé, une visite et un apéro…
Le Musée en herbe complète cette exposition ambitieuse avec des ateliers pédagogiques attractifs pour les enfants, dans une ambiance vraiment sympathique et agréable. Parallèlement, il accueille des expositions temporelles d’artistes sur l’art végétal (Duy Anh Nhan Duc, du 31 mai au 23 juin 2013) et la fluidité de la couleur (Miguel Chevalier, du 27 juin au 8 septembre 2013).
Mathilde de Beaune
Dans la Peau d’Hundertwasser
Du 28 mars 2013 au 5 janvier 2014
Du lundi au dimanche de 10h à 19h sans interruption, vacances et jours fériés
Nocturne le jeudi jusque 21h
Tarifs : visite libre à partir de 6 €, ateliers à partir de 10€
Musée en herbe
21, rue Hérold
75001 Paris
M° Les Halles, Palais Royal et Sentier
[Crédit photo : en haut : Hundertwasser-Architecture model, Ronald McDonald House, Essen, 2003 © 2013 Hundertwasser Archiv, Wien.jpg // En bas : Dans la peau de Hundertwasser © Musée en Herbe]
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