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Zafi et Mohamed Hadid : “Deux pinceaux pour une œuvre”

Anastasia Le Goff 30 avril 2020
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Zafi est un artiste peintre de Cognac reconnaissable par son style, sa passion évidente pour les artistes cubistes et l’importance des couleurs dans son travail. Pour lui, “l’art est un partage sans frontière”. C’est exactement ce dont témoigne sa collaboration inattendue avec Mohamed Hadid, promoteur immobilier de Los Angeles. Les deux hommes, que tout semble opposer, nous racontent leur collaboration et nous plongent dans l’univers artistique de Zafi.

Zafi, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Jean-Claude Fitoussi, alias Zafi. Artiste peintre, j’aime assembler et composer dans un style cubiste-contemporain ou cubiste-figuratif. Mon nom d’artiste est lui aussi un assemblage, ou plutôt un mariage, puisqu’il s’agit des initiales de mes parents ZA-FI. C’est pour moi une forme d’hommage et une manière de les rassembler à travers mon art. Autodidacte, ce n’est que vers 50 ans que j’ai osé prendre mon premier pinceau. Mes inspirations sont les peintres Soutine, Cézanne, Modigliani, Basquiat et surtout Picasso pour qui j’ai une adoration et une affection particulière, et dont la première femme repose à seulement 10 minutes de mon atelier à Cognac.

Peut-on dire que ta peinture est un hommage aux maîtres cubistes ?

Il y a deux façons de rendre hommage aux maîtres cubistes selon moi. La première est de pouvoir perpétuer leur art à travers mes peintures et la deuxième est d’obtenir la reconnaissance du public à travers mon travail. À ce moment là, j’ai le sentiment de rendre hommage.

Pourquoi autant de couleurs dans tes tableaux ?

Parce que la couleur, c’est la vie ! (Rires). Plus sérieusement, les couleurs sont pour moi naturelles, de par mes origines tunisiennes. Je pense que je reproduis ce que j’ai vu pendant mon enfance, à l’âge de 12 ans, lorsque je voyais ma mère dessiner, colorier des fleurs. J’étais émerveillé par les couleurs qu’elle utilisait. La couleur est pour moi une onde positive au quotidien, une forme de liberté, d’évasion et de fraîcheur d’esprit.

La lettre (à gauche), Détente au Hammam (à droite), de Zafi

Mohamed Hadid, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Mohamed Hadid et je suis né en 1948 à Nazareth, en Palestine. D’abord réfugié en Syrie, je suis arrivé aux États-Unis avec ma famille à l’âge de 14 ans, où j’ai suivi des études d’architecture.

Comment s’est déroulée votre rencontre ?

Zafi : Je dirais que cette rencontre a été à la fois naturelle et surtout, avec le temps, exceptionnelle : “Comme une étoile qui arrive d’ailleurs, sans qu’on s’y attende“. Elle a commencé par hasard, via un “like” sur un réseau social et un coup de cœur de Mohamed Hadid pour l’une de mes peintures. La rencontre physique ne s’est, à ce jour, jamais faite. Il s’agit d’une rencontre virtuelle, où seul l’art a pris place.

M. Hadid : J’ai vu ses œuvres dans une exposition d’art à Paris. Je l’ai ensuite retrouvé par hasard sur Instagram et nous avons commencé à échanger au sujet de son travail.

Qu’est-ce qui vous a poussé à collaborer ensemble ?

Zafi : Ce qui nous à fait collaborer c’est tout simplement la passion pour l’art, mon camarade artiste a aussi une adoration pour Picasso. Nos âges et notre goût pour l’art ont créé un réel feeling artistique. Cette entente artistique a été plus forte que la distance.

M. Hadid : Zafi est pour moi autant vrai dans la vie que dans ce qu’il incarne en tant qu’artiste : humain, coloré, humble, gentil, avec un cœur en or. Je définirais son style comme très fluide et en même temps très difficile à produire. Je crois qu’il est l’un des artistes les plus talentueux qu’il reste encore à découvrir aujourd’hui. J’ai donc décidé de travailler avec lui pour ajouter à son génie, y apporter ma touche, ainsi qu’une histoire derrière chaque tableau.

© Mohamed Hadid

Partager une création à 10 000 km, d’un continent à l’autre, peut paraître extraordinaire. Quel est votre processus de création ?

M. Hadid : Partager une création à 10 000 km de distance, est-ce encore extraordinaire et nouveau comme processus de création ? Pas vraiment… Pas si vous êtes Zafi et moi. Nous savons ce que nous voulons dans un tableau. J’apprends son style, sa manière de peindre les personnages et ses scènes. Je l’ai compris. Ainsi, je peux finir le tableau pour compléter son travail.

Zafi : Nos créations se réalisent assez naturellement. Je commence toujours le sujet le premier, que j’essaie d’alterner d’une toile à l’autre. Puis, je laisse la moitié de la toile blanche pour que mon camarade puisse s’exprimer. Ensuite, les toiles partent enroulées, direction Los Angeles. Généralement, Mohamed Hadid ne connait pas les sujets, il les découvre en déballant les toiles et libre à lui de compléter comme bon lui semble. “Deux pinceaux pour une œuvre” et ce qui est bluffant dans le résultat final, c’est que tout le monde pense qu’il s’agit d’un seul et même pinceau.

Vous dites, à l’issue de votre première peinture, que vous êtes “de vrais enfants”.

Zafi : Oh que oui ! Nous sommes de grands enfants, qui sans s’être jamais vus, s’amusent et dialoguent, échangent en peinture et à travers nos pinceaux. Nous sommes aussi heureux à l’idée de recevoir ou découvrir l’œuvre finale.

Qu’est-ce que cette collaboration vous apporte  ?

Zafi : C’est enrichissant de partager une toile, sa manière de peindre ou sa vision. Et, au- delà d’être un homme d’affaires reconnu, Mohamed Hadid est pour moi un pur artiste et surtout un homme exceptionnel, avec de magnifiques valeurs.

M. Hadid : Une couleur et un style auxquels je n’étais pas habitué. C’était un défi !

Le peintre et son œuvre, Zafi & Hadid. À gauche la version envoyée par Zafi, à droite l’ajout de M. Hadid

Avez-vous eu d’autres collaborations ?

Zafi : C’est ma seule collaboration et sincèrement, je n’aurais jamais pensé un jour vivre ce genre d’expérience. En revanche, je ne suis pas contre d’autres collaborations. Idéalement, il faudrait que cela se fasse naturellement, au détour d’une rencontre ou d’un coup de cœur.

De futurs projets ?

Zafi : Au sujet des projets, là aussi, je laisse faire le destin. Cela dit, un solo show aura peut-être lieu à la Viktoria’s Gallery (Bratislava). Ainsi qu’une exposition à Los Angeles, qui réunirait toutes les créations Zafi-Hadid et qui serait visible à Paris.

Le mot de la fin ?

Zafi : La plus belle des réponses sur mon travail est celle des personnes qui voient et commentent mes œuvres. Je pense aussi que cette histoire artistique entre deux hommes, que tout oppose à la base, démontre la puissance de l’art, sa force à rassembler. Et même quand le monde est à l’arrêt, figé, confiné, l’art lui, arrive à passer et à transmettre des émotions et du partage.

Plus d’information sur les pages  Facebook et Instagram de l’artiste.

Propos recueillis par Anastasia Le Goff.

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