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Décryptage – Le thème de la mort d’Ophélie dans la peinture

Emma Gontier 10 février 2021
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De Shakespeare à John Everett Millais, plongez dans le mythe terrible d’Ophélie qui a passionné le monde de la peinture.

Tout d’abord rendons à Shakespeare ce qui est à Shakespeare ! Le personnage d’Ophélie à été inventé par Shakespeare dans sa pièce La Tragique Histoire d’Hamlet, prince de Danemark plus souvent appelée Hamlet, dont la première représentation se situe aux alentours de 1598. La pièce traite dans les grandes lignes de la vengeance et de la folie, on est d’accord qu’on à vu plus joyeux comme sujet. Dans la pièce Ophélie est la fille du chambellan et conseiller du roi du nom de Polonius. Elle est une figure tragique de la pièce, Ophélie est une jeune fille, vierge et magnifique qui devient très rapidement l’intérêt amoureux du prince Hamlet. Elle tombe bien évidemment amoureuse de ce beau prince pourtant en proie à une semblante folie. Son père Polonius s’inquiète de l’intérêt d’Hamlet envers sa fille. Il a peur de la folie de ce prince vengeur mais aussi que le prince se joue de sa fille, qu’il lui prenne sa virginité et la laisse en disgrâce. Dans la suite de la pièce, dans un jeu de hasard et d’incompréhension Hamlet tue Polonius le méprenant pour l’objet de sa haine. Ophélie dévastée devient folle à la vue de son amour tuant son père, se sentant seule au monde et son esprit divaguant de plus en plus, sombrant dans la folie, Ophélie finit par mourir, par accident ou par suicide personne ne le sait réellement.

L’élément qui touche particulièrement les peintre ? Elle se noie dans une rivière bucolique au milieu de belles fleurs. En effet Ophélie finit ses jours dans une petite rivière au fin fond des bois dans une nature luxuriante, sa chevelure détachée flottant comme un linceul. 

Maintenant que vous connaissez la ravissante histoire d’Ophélie voici comment les peintres la représentent

1- John Everett Millais, 1851-1852

Sûrement l’une de nos favorites ! Ophélie y apparaît les yeux entrouverts, presque encore vivante, le teint pâle, les cheveux flottants et recouverte de fleurs colorées. La nature qui l’entoure est merveilleuse de détails, l’eau en transparence est particulièrement belle. Si vous vous sentez d’attaque vous pouvez partir à la recherche d’un rouge-gorge, mais aussi de la signification de la présence de telle ou telle fleurs près d’elle.

Ophélie de John Everett Millais

John Everett Millais
1851-1852

2- Eugène Delacroix , 1853

Un autre style, encore plus tragique. Eugène Delacroix nous livre dans sa version une Ophélie très pâle, accrochée à un arbre de la main, dans une eau paradoxalement peu profonde. Il ne nous livre par ailleurs pas seulement cette version, il est enivré de ce sujet et le peint à maintes reprises. On voit très bien que l’appartenance du peintre au mouvement romantique change la représentation d’Ophélie. La représentation est moins décorée, plus concentrée sur les émotions et l’ambiance autour de cette mort tragique.

La mort d’Ophélie Eugène Delacroix


Eugène Delacroix
1853

3- Alexandre Cabanel, 1883

Cette représentation nous montre une très belle Ophélie tombant dans le ruisseau avec sa couronne de fleurs et ses lourds habits. Ici on est en plein dans la peinture académique et cela se ressent. Le peintre à repris le texte de Shakespeare et à peint au mot près ce qui est décrit. La branche se casse, Ophélie tombe dans l’eau avec sa couronne de fleurs. Elle a dans son regard une sorte d’acceptation de son destin tragique. Le tout est peint avec beaucoup de grâce et de légèreté.

Ophélia d'Alexandre Cabanlel

Alexandre Cabanel
1883

4- Odilon Redon, 1900-1905

Cette fois une version plus abstraite de la mort d’Ophélie où nous n’entrevoyons que la silhouette de sa tête et les fleurs qu’elle regarde, qui l’étouffent presque. Le peintre nous livre lui-aussi plusieurs versions de ce tableau dont l’une intitulée “l’enfant prédestinée” ce qui nous donne un aperçu de son opinion sur le mythe d’Ophélie, très jeune certes mais destinée à la mort.

"Ophélia

5- Michel Cure, 1990

On est dans une vision plus noire et moins poétique de la mort d’Ophélie. La jeune fille est une silhouette blanchâtre au milieu d’eaux noires avec quelques touches de couleurs rappelant la verdure qui doit l’entourer. On comprend donc qu’Ophélie n’incarne plus ici la magnifique jeune vierge mais plutôt la victime du destin.

Ophélia, les poissons de Michel Cure

Michel Cure
1990

Si vous aimez le thème d’Ophélie et que vous avez un petit peu de temps devant vous, découvrez le poème de Rimbaud à son sujet intitulé “Ophélie” ou “Ophélia” publié dans le Recueil de la Douai.

Propos de Emma Gontier

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