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Muddyoush : “Je n’aimerais surtout pas m’enfermer dans un style de musique”

À l’occasion de la sortie de son nouveau projet Excursions, Volume 1, nous partons aujourd’hui à la rencontre du producteur Muddyoush. Ce jeune musicien parisien transgresse les genres pour nous offrir une musique toujours plus innovante et personnelle.

Depuis combien de temps fais-tu de la musique? 

J’ai dû commencer il y a 4 ans maintenant je pense. En réalité, ça passe très vite.

Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer ? 

Il n’y a pas eu d’événement particulier. À l’époque j’écoutais énormément Tyler The Creator et c’est surtout le morceau Treehome95, sur l’album Wolf, qui m’a vraiment fait réfléchir. Je n’avais jamais entendu un morceau pareil et je me suis dit que je pourrais faire ce genre de son également si je me mettais à la musique.

http://https://www.youtube.com/watch?v=kpVpEnP7ELM

Peux-tu nous parler de ton projet ?

De base, je ne comptais même pas sortir de projet. J’était encore à la recherche d’un concept pour commencer mon prochain album. C’est quand j’ai appris la mort de MF DOOM que je me suis poussé à faire une beat tape (ndlr : compilation de morceaux instrumentaux). En réalité, c’est assez ironique que je n’en aie jamais sorti auparavant parce que j’ai des centaines de prods qui traînent dans mon ordi. Ce projet c’est surtout une compilation de tout ce que j’ai fait au mois de janvier. Il y a une bonne dizaine, voire une vingtaine de prods, qui n’ont pas fini sur le projet. Pour l’interlude, j’ai vraiment laissé Kyoss faire tout ce qu’il voulait. Il a pondu quelque chose de particulier mais il a fait son truc.

Excursions Vol.1, disponible sur les plateformes de streaming

Pourquoi avoir choisi ce titre, Excursions, Volume 1 ?

Le titre fait référence aux moments où je pars en mission avec mes potes, c’est un peu comme une sorte de soundtrack à nos sorties et au métro parisien. Il y aura d’autres excursions à suivre, sur d’autres thématique et d’autres pays. Il faudra essayer de dig des loops (ndlr : “dig des loops” est une référence à l’expression “crate-digging”, qui signifie chez les producteurs de hip-hop le fait de chercher des samples dans les bacs des boutiques de disques.) dans d’autres régions du monde, c’est sûr qu’il existe des gemmes.

Quelles sont tes influences ? 

Ce sont surtout d’autres musiciens qui m’inspirent. Tyler The Creator, Madlib aussi bien sûr ! J’ai découvert l’album Madvillainy au lycée et ça a vraiment été une grosse claque pour moi. Tout l’aspect “sound collage” et la compression de la SP-303 (ndlr : sampleur utilisé sur cet album par Madlib) ajoutent énormément d’authenticité et une aura particulière au projet. En parlant d’aura, la scène rap de Memphis dans les années 90 est très spéciale. L’atmosphère qui entoure cette scène, c’est quelque chose qu’on retrouve rarement dans la musique. Les sujets abordés et les prods sombres, caractérisées par la dégradation sonore par cassette, offrent un mélange unique. Ça me fait un peu penser au black métal norvégien. L’aura de la musique est très négligée de nos jours et c’est quelque chose que j’essaie de mettre en place dans chaque projet que je sors. J’ai l’impression d’avoir le mieux réussi ça sur Orchards. Il ne faut surtout pas oublier l’influence de MIKE sur toute la scène new-yorkaise et sur le neo Boom-bap en général. Il a vraiment apporté quelque chose de différent avec ses loops et les sujets intimes qu’il aborde. Je vais citer d’autres influences, sans trop rentrer dans les détails : J Dilla, Standing on the Corner (écoutez Red Burns !), Griselda et toute la nouvelle vague des loops, Dean Blunt et enfin l’album 1994, d’Hamza.




Avec quels artistes aimerais-tu collaborer? 

Pour l’instant, je fais mes trucs et on verra comment ça évolue. Je veux d’abord sortir des projets avec mon collectif “Bermuda Archive” et me concentrer là-dessus. J’aimerais beaucoup pouvoir produire pour une chanteuse aussi, peut-être m’axer un peu plus sur un délire R&B/neo soul avec le temps.

Quelles sont tes espérances pour le futur de ta carrière? 

Pouvoir vivre de ma musique, ce serait bien. Même si je ne me suis jamais lancé là-dedans pour l’argent, je ne vais pas faire comme ci c’était pas cool. La production a toujours été une forme de méditation pour moi et j’aimerais vraiment éviter de transformer ça en facteur de stress plus tard. Pour l’instant je vais juste continuer à sortir mes projets, des albums plus concrets comme le précédent, Orchards, mais aussi des clips avec mon pote Zaki et des mixes avec Ndoty. J’aimerais essayer d’influencer une génération, avoir un impact sur la musique en général et pouvoir donner envie à d’autres de faire de la musique. J’aimerais surtout ne pas m’enfermer dans un seul style de musique. C’est pour ça que j’ai ramené Kyoss avec moi, il est très axé sur des sonorités bizarres et je le laisse faire ce qu’il veut.




Découvrez l’univers de Muddyoush sur Spotify.

Propos recueillis par Mattéo Ramanitra

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