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Joseph Grand… – La nouvelle expo de Rero à Backslash

19 avril 2021
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Le terme résilience est beaucoup apparu, ces derniers temps, dans les médias ou les conférences à propos de la situation exceptionnelle à laquelle nous faisons aujourd’hui face. Afin d’y accéder, l’artiste français Rero nous suggère la notion de Via Negativa qui n’est en aucun cas une notion négative mais plutôt une certaine forme de positivisme face au manque, sorte de nouveau minimalisme que l’artiste tente d’appliquer dans sa vie comme dans son œuvre. 

Nous sommes actuellement tous en situation de manque général, qu’il s’agisse d’un manque de contact, de vie professionnelle, de liberté. Avec ce nouveau corpus d’œuvres, Rero propose de changer notre façon de voir et de s’adapter plus concrètement à une situation nouvelle et déstabilisante à travers deux concepts proches mais légèrement différents : la Via Negativa et l’anti-fragilité.
En terme matériel, le concept de Via Negativa propose de se concentrer sur l’essentiel, sur l’intrinsèquement vital.
En termes de pensée, la notion d’anti-fragilité de Nassim Nicholas Taleb met l’accent sur la “décomplexification” nietzschéenne d’un événement. Les facteurs négatifs auxquels est soumis tout ce qui est, ou qui constitue, deviennent une source de renforcement et de puissance, à la fois physique et psychique. En ça, le concept d’anti-fragilité se distingue des idées de résilience (la capacité à se remettre d’un échec) ou de robustesse (la capacité de résister à l’échec), puisque les éléments extérieurs ne sont plus subis négativement mais acceptés et transformés en principes positifs. 

Avec cette sixième exposition à Backslash, Rero continue donc d’apposer une vision philosophique à un ensemble d’œuvres distinctes les unes des autres mais toutes soudées par une unique définition d’ensemble.
Le titre même de l’exposition, si obscur soit-il, rejoint l’idée de superflu inutile généré par les deux concepts précédemment cités. Se débarrasser, ou plutôt éviter ce qui n’est pas nécessaire devient pour Joseph Grand, un des personnages secondaires de La peste, une révélation lorsqu’il finit par écrire la première phrase de son roman en la débarrassant de tout adjectif superfétatoire.
Selon Rero, voilà ce qu’il est nécessaire de faire en temps de crise, de pandémie ou encore de surcharge émotionnelle. Face à l’impasse, l’adversité, l’essentiel redevient post-consumériste ou même pré-consumériste, si ce concept a jamais existé depuis la découverte du feu.
La confrontation que Rero opère face à la situation pandémique, qu’elle soit contemporaine ou passée comme celle d’Albert Camus,  qu’elle soit physique d’un virus ou psychique d’un totalitarisme, est très intéressante. Comment traduire les sentiments que ces époques nous procurent à travers l’art ? 

Rero pose, peut-être inconsciemment, ici la question du beau telle qu’elle est abordée par Luc Ferry dans son essai sur le sens du beau. Le Joseph Grand de Camus supprime les adjectifs pour réduire sa phrase au strict nécessaire, sujet-verbe-complément. Quid des mots qui définissent quelque chose et qui le rendent beau ? Dénuer une poésie de tout adjectif peut revenir à l’anéantir et lui ôter cette notion poétique. Une œuvre d’art peut-elle se prémunir de tout artifice ? 

La Via Negativa constitue pour Rero une source essentielle de réflexion. Cette nouvelle exposition propose de nous y confronter avec des nouvelles séries inédites d’œuvres inspirées de techniques aussi diverses que le Raku japonais, des peintures en anaglyphe, des œuvres inspirées du champ chromatique, une nouvelle approche de la technique du bois brulé ou encore des pièces faites de miroirs. Ces nouvelles séries questionnent notre rapport à l’essentiel et notre rapport au monde, avec la voix de Joseph Grand qui résonne et/ou murmure auprès de chacune des œuvres présentées. Elles font également écho aux installations que l’artiste présente actuellement au CentQuatre ainsi qu’à l’Aquarium de Paris à partir du 27 mai prochain.

À propos de l’artiste

Entre Rio de Janeiro et Paris, l’artiste français Rero déploie son identité artistique à travers sa fameuse police verdana barrée d’un épais trait noir. Son travail a été exposé dans de nombreuses institutions à travers le monde, notamment au Centre Pompidou, au Grand Palais, au MAC/VAL, au MAC de Bogota, au Art Science Museum de Singapour ou encore à la Caixa Cultural à Rio de Janeiro, Sao Paulo et Brasilia.

[Source : communiqué de presse]

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