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Les 60 ans de carrière de Takesada Matsutani au Centre Pompidou

© Courtesy de l'artiste et Hauser & Wirth. Photo : Marc Domage

Recouvrant soixante ans de la carrière de Takesada Matsutani, cette exposition est la première rétrospective majeure en France de l’œuvre de cet artiste japonais vivant et travaillant à Paris depuis 1966.

Présentée dans la Galerie du musée, l’exposition révèle une donation exceptionnelle faite par Matsutani au Centre Pompidou de vingt-deux de ses œuvres, de la fin des années 1950 à nos jours. Elle permet plus largement de retracer un parcours riche et original, débutant avec une première période qui mêle, à la fin des années 1950, la peinture traditionnelle nihonga et une veine surréalisante, pour évoluer vers une abstraction informelle, puis vers Gutai au début des années 1960.

La fascination de Matsutani pour la matière organique et sa propagation, déjà sensible dès sa période Gutai, ainsi que le rapport de l’artiste à l’espace et au temps, marqué par la culture du bouddhisme, l’emmènent ensuite, dans les années 1970, vers une aventure aux accents hard-edge, puis vers une œuvre « noire » très personnelle.

En 1963, à l’âge de 26 ans, Matsutani est accepté dans le groupe Gutai (nom évoquant le rapport concret de l’artiste à la matière) par son fondateur Jiro Yoshihara (1905-1972). Ses tableaux abstraits aux surfaces couvertes de cloques béantes, obtenues à partir d’un procédé de son invention utilisant de la colle vinylique, séduisent Yoshihara par leur nouveauté. Le critique Michel Tapié, promoteur de l’art informel au Japon à la fin des années 1950, salue également l’entrée de Matsutani dans Gutai. Ainsi s’engage un dialogue avec la matière organique, socle fondateur de l’œuvre à venir, que Matsutani intitulera « Propagation » dans les années 1960. Le vivant et son expansion fascinent d’autant plus l’artiste qu’il a souffert durant son adolescence de la tuberculose.

Sa découverte de cellules observées au microscope renforce cet intérêt, de même que les œuvres abstraites de Kandinsky.

Photo © Kaoru Minamino © Takesada Matsutani

En 1966, en remportant le premier prix d’un concours artistique franco-japonais, il peut profiter d’un séjour de six mois en France où il décide finalement de s’installer.
De 1967 à 1971, il s’adonne à la gravure à l’Atelier 17 de Stanley William Hayter, dont il devient l’assistant. Il découvre également la sérigraphie et épouse un nouveau style proche du hard-edge américain. Mais, pour lui, les notions de propagation, voire de développement dans les trois dimensions, prédominent toujours, sans réelle influence des théories américaines.

En France, Matsutani réexamine, à travers diverses lectures, sa réflexion spirituelle, marquée par le shinto et le bouddhisme qui ont bercé son enfance. Il évolue ainsi vers un style de plus en plus personnel, où l’expérience sur la matière organique se mêle à un travail sur la notion d’espace-temps.

À partir de 1977, il débute la série des Streams ou Courants, se concentrant sur l’usage du papier, du graphite et de l’encre sumi. Ces œuvres réalisées sur de longues bandes de papier de près de dix mètres de long rendent visibles à la fois le geste patient de l’artiste, trait de graphite après trait, l’écoulement du temps nécessaire à la réalisation de l’œuvre, ainsi que l’instant final où l’encre s’écoule en son extrémité par l’action de Matsutani. Ayant redécouvert son ancien matériau fétiche, la colle vinylique, il l’intègre au cours des années 1980 dans les Streams pour créer des surfaces bombées sur la toile ou le papier.

Il développe plus largement le travail in situ avec des installations toujours plus imposantes, souvent activées lors de performances (écoulement d’encre sur toile ou pierre). À partir de 2015, la couleur recommence à jouer un rôle important dans l’œuvre de Matsutani, avec des formats inhabituels tels ces tondos de couleurs vives, jaunes, bleus et verts, qui achèvent ici le parcours de l’exposition. L’un des rares artistes japonais à avoir effectué la plus grande partie de sa carrière en France, Matsutani reçoit ainsi un hommage mérité et tardif à son aventure artistique exceptionnelle qui l’a mené, à travers une expérimentation constante avec la matière organique reliée au spirituel, vers la quête de son « image intérieure ».

[Source : communiqué de presse]

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