“Sorry Sun” : première exposition du Nouveau Programme de la Fondation Pernod Ricard
Du 16 septembre au 31 octobre, dans le cadre du Nouveau Programme de la Fondation Pernod Ricard, la commissaire d’exposition Liberty Adrien réunit trois artistes aux trajectoires distinctes : Saodat Ismailova, Alexandre Khondji et Hélène Yamba-Guimbi. Leurs pratiques déploient des écritures plastiques singulières, tout en partageant une attention portée à ce qui échappe à la linéarité du récit, aux systèmes figés de représentation et aux certitudes établies.
Le titre de l’exposition, “Sorry Sun”, évoque une lumière ambivalente – entre chaleur et brûlure, clarté et obscurité, éblouissement et fatigue. C’est dans cet interstice que l’exposition prend corps.
Les œuvres présentées tracent les contours d’une cartographie sensible du désajustement, laissant affleurer les fracture du présent : l’érosion des cadres et des idéaux sociaux, le désenchantement face aux promesses d’un progrès technologique devenu incertain, et l’intensification de l’urgence écologique. En creux, elles révèlent aussi les persistances de croyances, de récits et de rituels populaires – fragments de mémoire à la fois personnelle et collective, et formes discrètes de résistance narrative.
Le soleil devient ici la figure d’un basculement – celui d’un monde où les certitudes vacillent, à la lisière du familier et de l’insaisissable, de l’explicite et de l’ambigu. Dans l’espace d’exposition, la lumière agit comme un fil conducteur, à la fois présence sensible et principe de narration. Elle guide le regard du spectateur, glissant subtilement d’une clarté naturelle à une lumière fabriquée, révélant tour à tour les oeuvres selon leur propre logique d’apparition.
L’installation spatiale d’Alexandre Khondji naît d’une recherche in situ, en résonance étroite avec l’architecture singulière de la fondation. Elle donne forme à un dispositif où l’espace même d’exposition devient matière de création. Une lumière diffuse et fragmentaire semble, quant à elle, émaner des sculptures d’Hélène Yamba-Guimbi : ses objets et photographies émergent lentement de la pénombre, comme surgis d’une mémoire enfouie. La projection du film de Saodat Ismailova prolonge cette dramaturgie lumineuse : sa narration enveloppante tisse souvenirs intimes et mémoire collective, mythes et gestes rituels, faisant affleurer les strates de l’histoire de l’Asie centrale.
Liberty Adrien, commissaire d’exposition
- Saodat Ismailova, 18 000 Mondes, 2023. Vidéo full HD, 31’. Courtesy de l’artiste. Ce film a été réalisé avec le soutien de Eye Art & Film Prize © Nicolas Brasseur
- Hélène Yamba-Guimbi, Cecil Hotel (consumo), 2025. Courtesy de l’artiste © Nicolas Brasseur
Les artistes exposés
Saodat Ismailova
Née en 1981 a Tachkent (Ouzbékistan), Saodat Ismailova est cinéaste et artiste visuelle. Elle vit et travaille à Paris. Ses oeuvres explorent les liens entre passé et présent, figures mythiques et histoires enfouies, en s’appuyant sur les croyances séculaires, la mémoire collective et les récits oubliés, avec une attention particulière portée aux cultures féminines d’Asie centrale.
Alexandre Khondji
Né en 1993 à Paris (France), Alexandre Khondji vit et travaille à Paris. À travers son travail, il explore le statut de l’image et de l’oeuvre, en s’intéressant à leur capacité à se manifester et à s’exposer. Sa démarche s’appuie toujours sur une réflexion théorique qu’il développe à partir du lieu d’exposition.
Hélène Yamba-Guimbi
Née en 1995 à Rennes (France), Hélène Yamba-Guimbi vit et travaille entre Paris et Los Angeles.
Par l’usage de la répétition, de la variation et de l’opposition, elle explore les relations humaines et les tensions sociales comme formes de communication fragmentées et conflictuelles.

1/Saodat Ismailova © Lorenzo Palmeri, 2024. 2/ Alexandre Khondji © Alexandre Khondji. 3/ Hélène Yamba-Guimbi ©Hélène Yamba-Guimbi
À propos du Nouveau Programme
Le Nouveau Programme, évolution du Prix Fondation Pernod Ricard inauguré en 2025, poursuit l’engagement de la Fondation pour les artistes par l’accompagnement dans la durée, à travers des formats repensés et des modalités de soutien renouvelées. Dans une démarche collaborative et curatoriale, la Fondation confie chaque édition de son programme à un·e commissaire invité·e, chargé·e d’inviter trois artistes.
Ce programme s’articule autour d’une exposition collective dans les espaces de la Fondation, accompagnée d’un travail critique en amont et d’un suivi personnalisé après l’exposition.
Un ouvrage comprenant des textes inédits sur chaque artiste, ainsi que des contributions originales et des traductions inédites en français, prolonge les réflexions de l’exposition.
Au-delà de l’exposition, chaque artiste bénéficiera d’un accompagnement sur mesure pour développer un projet spécifique (production, résidence ou exposition), en partenariat avec des institutions en France ou à l’international.
Enfin, grâce au partenariat avec le Centre Pompidou/MNAM, les œuvres des artistes rejoindront les collections nationales par le biais d’une donation de la Fondation.
[Source : communiqué de presse]
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