Beaux livres photo : notre sélection 2025
Les beaux livres se prêtent bien à la photo. Panorama, essais pointu ou engagé, poésie illustrée, sans oublier des catalogues d’expos et même un livre objet original sur des projets inachevés : voici une sélection de beaux livres parus en 2025 à (s’)offrir.

Un concentré de photographies
Du daguerréotype au selfie en passant par les collages et le photojournalisme, cet ouvrage explore, dans un format pratique, les genres, thèmes et techniques qui font l’histoire de la photo. Pertinente, la sélection permet de comprendre l’évolution technique et esthétique, à travers 50 chefs-d’œuvre. Les explications sont claires, avec des mots-clés et des notions essentielles afin de décrypter les images. Parfait pour ceux qui veulent découvrir l’histoire de la photographie de manière ludique et visuelle.
Petite histoire de la photo, Flammarion, 224 p., septembre 2025, 22,90 €, présentation de l’éditeur ici
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Panorama revigorant de photographes de la Génération Z
Ce livre propose un panorama revigorant d’une soixantaine d’artistes issu·es de la génération née entre le milieu des années 1990 et 2010, dont les photographies témoignent d’un besoin urgent de représentation, d’un désir de raconter leur propre histoire dans un monde en constante mutation. À rebours du flux continu et éphémère d’images qui circulent sur les réseaux sociaux, ils créent des œuvres élaborées, libres et critiques, qui déconstruisent les normes visuelles, bousculent les récits dominants et inventent de nouvelles iconographies. Une plongée sensible dans les préoccupations d’une génération qui interroge le monde, autant qu’elle s’y cherche une place.
Gen Z, un nouveau regard, Collectif Nathalie Herschdorfer, Salomé Saqué, Textuel en coédition avec Photo Élysée, 256 p., octobre 2025, 45 €, présentation de l’éditeur ici
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Non, la photo analogique n’est pas morte !
Tandis que l’IA s’offre comme une alternative à la photo, celle-ci se régénère en réaffirmant les vertus d’une culture non numérique. Cet essai, largement illustré, explore ce moment qui commence au seuil des années 1980 et se prolonge jusqu’à nous, en réunissant des productions, certes différentes, mais toutes habitées par un même souci d’éthique. Comment voyons-nous, que regardons-nous, quel partage entre fiction et réalité ? Synthèse majeure et exigeante, l’historien y propose une réinterprétation des avant-gardes et des pratiques contemporaines, en s’appuyant sur des références philosophiques et des analyses d’œuvres, avec des illustrations qui éclairent les concepts abordés. Les précisions abondent (photographes, mouvements, expositions) pour relier la discipline à des enjeux sociaux, politiques et médiatiques. Éclairant !
La Photographie contemporaine, Michel Poivert, Flammarion, 312 p., mai 2025, 35 €, présentation de l’éditeur ici
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Martin Parr, haut en couleur !
Alors qu’il vient de nous quitter brutalement, le Britannique a publié sa première autobiographie imagée cet automne. C’est l’histoire d’un écolier distrait, devenu l’un des artistes qui ont changé notre manière de voir le monde. C’est aussi le récit d’une époque en pleine mutation : tourisme de masse, malbouffe, loisirs et culture populaire. C’est enfin l’histoire d’une révolution en images : du noir et blanc à la couleur, de l’argentique au numérique, du cliché à l’icône.
Dans ce témoignage, il retrace son parcours atypique (le titre vient d’un commentaire adressé à Martin Parr par l’un de ses professeurs lorsqu’il était encore un adolescent dissipé). Outre ses influences, il explique les choix qui ont façonné son style unique, à la fois moqueur et affectueux. Transformant des scènes banales en histoires visuelles puissantes, ses photos saturées et colorées traduisent effectivement les excès de notre époque, mais sans porter de jugement. L’exposition inaugurale de Fluctuart en a témoigné en 2023. Un ouvrage à lire avant de se rendre à la rétrospective au Jeu de Paume (du 30 janvier au 24 mai 2026).
Martin Parr, complètement paresseux et étourdi, Wendy Jones, Michel Lafon, 306 p., septembre 2025, 39,95 €, présentation de l’éditeur ici
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Le livre objet de Sophie Calle très abouti
À l’occasion de son exposition À toi de faire, ma mignonne, au Musée Picasso, Sophie Calle a dévoilé ses idées inabouties, qui sont aussi ses ratés. Dans ce recueil-événement, qui révèle toute la part immergée d’un travail de plusieurs décennies, on retrouve les motifs principaux de son œuvre, comme le hasard, la rencontre fortuite, et surtout son idée maîtresse de l’inachèvement comme aboutissement, l’essai et l’échec comme corollaires de l’action artistique. Un objet singulier, très soigné, qui ravira les amateurs.
Catalogue raisonné de l’inachevé, Sophie Calle, Actes Sud, coll. « Monographies Beaux livres », 240 p., octobre 2025, 49 €, présentation de l’éditeur ici
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L’archive du présent de Yann Arthus-Bertrand
Joaillière, éleveurs, polytechniciens, brocanteurs, sportifs, évêques, personnes porteuses de handicap, familles issues de l’immigration et tant d’autres, composent un recueil joyeux, bien loin des clichés de Français râleurs ou déprimés. Accompagnés de légendes raisonnées, ces clichés dressent un portrait vivant de notre pays, soit un livre de 3,7 kg.
Yann Arthus-Bertrand s’est fait connaître avec ses paysages vus du ciel. C’est également un portraitiste de talent, comme l’a révélé Human. Pour ce projet national, il ne fait pas non plus les choses à moitié. Depuis plus de 30 ans, il photographie des gens, au plus près, dans leur quotidien, en compagnie de ceux qu’ils aiment. Pendant trois ans, un studio mobile a sillonné la France profonde, traversant villes, campagnes, festivals, chantiers, lieux publics où se démènent tant de bénévoles. En 2023, avec la complicité d’Hervé Le Bras, ce travail s’enrichit en effet d’une dimension historique et démographique s’inspirant des recensements et des grandes enquêtes, donnant toute son ampleur à cette fresque (30.000 personnes rencontrées !).
Avec tous les métiers représentés et le protocole de la prise de vue, ça fait un peu catalogue, même si la maquette est soignée. Cette vision qui ne montre pas la France fracturée dépeinte dans les médias est étonnante, mais elle donne de l’espoir. C’est l’antithèse de l’Assemblée nationale ! L’empathie est sincère, avec une attention toute particulière aux invisibles. Un regard sensible, complété par un film, France, une histoire d’amour, à la rencontre de ceux qui ont choisi la solidarité et la combativité. C’est un baume pour le cœur.
France, un album de famille, Yann Arthus-Bertrand, Actes Sud, coll. « Monographies Beaux livres », 800 p., octobre 2025, 49,90 €, présentation de l’éditeur ici
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Sabine Weiss, la dernière représentante de l’école des humanistes
Cette Suisse (1924-2021) a indéniablement marqué l’histoire, contribuant de manière déterminante au développement de la photographie humaniste française, au même titre que Robert Doisneau, bien plus célèbre. Le goût de la rencontre, le souci de la technique et une curiosité vive et constante pour l’observation des gens (anonymes ou personnalités publiques) apparaissent comme les fils conducteurs de son œuvre protéiforme. Un an avant sa mort, elle a reçu le Prix Women in Motion pendant le festival des Rencontres d’Arles, saluant une carrière exceptionnelle. Alors qu’on a célébré le centenaire de sa naissance, en février dernier, ce livre de poche est une synthèse bien utile.
Sabine Weiss, 144 p., octobre 2025, 14,50 €, présentation de l’éditeur ici
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Face-à-face inédit
Le photojournalisme et le dessin de presse sont des langages singuliers, dont le dialogue offre des échos visuels et des regards convergents. La soixantaine de duos est accompagnée d’un texte de Pierre Haski, spécialiste de la géopolitique et président de Reporters sans frontières, et d’un entretien entre Kak, dessinateur de presse et président de Cartooning for Peace, et Guillaume Herbaut, photojournaliste multi-récompensé. Par ce croisement, cet ouvrage propose une diversité de points de vue sur les enjeux des conflits internationaux, l’instabilité de la démocratie, la remise en cause des droits humains ou l’accélération du réchauffement climatique.

À partir d’un même sujet (la chute de Bachar al-Assad, la Budapest Pride, les camps ouïghours), chaque duo révèle des complémentarités et des différences de traitement. Cette osmose graphique révèle l’universalité et la complémentarité de ces deux journalismes de l’image, fragilisés par les fake news, l’intelligence artificielle et les nombreuses menaces qui pèsent sur la liberté de la presse. Un face-à-face inédit qui rend hommage au talent et courage des photographes et dessinateurs de presse.
La Bascule du monde, codirigé par Cartooning for Peace et Emmanuelle Hascoët, soutenu par Amnesty International, Éditions de La Martinière, 144 p., octobre 2025, 24,90 €, présentation de l’éditeur ici
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« Les Contemplations » illustrées par les débuts de la photo : tout un poème
Quelle bonne idée d’associer le lyrisme de Victor Hugo aux débuts hasardeux et poétiques de photographes restés dans l’oubli, pour la plupart. 120 clichés réalisés entre 1826 et 1910 côtoient ainsi 92 poèmes choisis sur les 158 que comptent les Contemplations. Le mystère qui se dégage de ces images, leur fragilité, leur tremblement aussi, sont en parfaite résonance avec ces mots qui vibrent. Mer agitée, nature apaisée, silhouettes floues apparaissent comme des réminiscences de l’âme de notre grand poète. C’est un « beau » cadeau, mais le prix se justifie. C’est un monument.
Les Contemplations de Victor Hugo illustrées par les débuts de la photographie, intro de Florence Naugrette et d’Hélène Orain Pascali, éditions Diane de Selliers, 400 p., octobre 2025, 230 €, présentation de l’éditeur ici
Sarah Meneghello
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