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Camille Blandin : “Dessiner de l’humour, ça s’impose comme une évidence”

Sophie Fremont 9 février 2022
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Grand méchant loup, © Camille Blandin

Rencontre avec Camille Blandin, un artiste dessinateur originaire de Toulouse. À l’issue de son parcours aux Beaux-Arts, il crée en 2019 un compte Instagram dédié à la bande dessinée qui comptabilise aujourd’hui près de 40 000 abonnés. Camille Blandin construit son univers et sa notoriété avec des comics strips humoristiques et absurdes qui le conduisent vers de nouveaux projets.

Peux-tu nous parler de ton parcours et de ce qui t’as amené à te tourner vers la bande dessinée humoristique ?

J’ai intégré les Beaux-Arts de Toulouse sur concours après un bac littéraire. J’y ai passé 5 ans, de 2015 à 2020, en me spécialisant en design graphique. Puis à ma sortie, j’ai travaillé en tant qu’indépendant jusqu’à aujourd’hui.

J’ai toujours été passionné par la bande dessinée. Je gardais dans un coin de ma tête l’idée de pouvoir en faire mon métier depuis le collège, période où j’ai commencé à écrire mes premières planches. J’ai mis ce projet de côté pendant le lycée, avant d’y revenir en fin de cycle aux Beaux-Arts. Le programme de l’école fait qu’on teste toutes les pratiques, les supports et les techniques. J’ai donc pu y redécouvrir la bande dessinée et j’ai choisi de faire mon mémoire de fin d’études sur la question du sonore en bande dessinée.

Une fois diplômé, j’ai lancé le compte Strip Club (@strrripClub) sur Instagram. Initialement, il s’agissait de blagues entre potes que je mettais sur papier, romancées en style BD. Ça me paraît assez naturel de dessiner de l’humour, ça s’impose comme une évidence et je me sens bien dans ce registre.

© Canis Lupus, affiche risographiée A2 en 3 couleurs éditée par les éditions Quintal, 2021

Comment trouves-tu tes idées de planches ?

Généralement, je me fixe sur un sujet et je le creuse pour en dégager une blague. Je garde une liste d’idées dans mon téléphone, où j’inscris des thèmes possibles qui me viennent en tête. C’est très varié, parfois très large. Je peux inscrire “éléphant” comme “crotte de nez”, puis je travaille dessus. Parfois ce n’est pas concluant et parfois, je trouve la vanne qui me fait rire et que je vais pouvoir décliner en planche. Certaines planches sont donc le fruit d’une réflexion et d’autres sont très spontanées. Il peut aussi arriver que certaines situations soient issues de ma vie mais c’est plutôt rare.

Vous êtes nombreux à faire des planches humoristiques, je pense notamment à Zonzo de Joan Cornellà, mais il en existe plein d’autres. Quelles sont tes inspirations ?

Je suis très inspiré par Anouk Ricard qui fait des BD super marrantes pour enfants et pour adultes. Mais il y en a aussi plein d’autres. Je pense notamment à Philippe Valette qui a fait Georges Clooney avec un humour burlesque, les BD absurdes d’Antoine Marchalot, découvertes au festival de la bande dessinée de Colomiers…

J’aime également retourner à mes livres d’enfance qui sont une grande source d’inspiration pour mon univers visuel, notamment L’École des loisirs avec des dessinateurs comme Philippe Corentin, Grégoire Solotareff, Nadja et Mario Ramos. Je redécouvre toutes leurs planches avec un nouvel œil, et j’aime m’en imprégner dans mes dessins.

Pourquoi avoir choisi Instagram comme médium de diffusion ? Et comment se démarquer sur cette plateforme ?

Je trouve que le format de publication Instagram se prête pas mal aux bandes dessinées. En effet, dix slides maximum sous forme de catalogue, ça permet d’appréhender la bande dessinée d’une autre manière.

Sur une bande dessinée papier, on découvre généralement toute la planche d’un coup. Sur Instagram, on peut jouer avec cet effet de surprise des slides qu’on découvre au fur et à mesure, c’est intéressant à travailler.

Concernant le fait de se démarquer sur cette plateforme, je n’ai pas créé StrrripClub dans une optique commerciale. Je souhaitais simplement montrer mon travail et partager mon humour avec ceux qui y sont sensibles.

Pourquoi le feutre ?

C’est vrai que le projet Strip Club est essentiellement au feutre, mais ce n’est pas une technique que je favorise plus qu’une autre. Dans mes autres travaux, j’utilise beaucoup d’encre, d’acrylique et de numérique.
Le fait que le compte Strip Club (@strrripClub) ait pris en notoriété, fait qu’on m’assigne plus facilement au feutre mais c’est une technique que j’utilise essentiellement pour ce projet.

Comment est venue la collaboration avec Arte dans le cadre de History Strip ?

Il se trouve que j’aime l’histoire et Arte m’a contacté pour participer à la saison 3 de History Strip. J’ai fait un essai de planche, j’ai été sélectionné et c’était parti !
Arte m’a demandé de travailler sur trois histoires différentes, et donc de préparer trois scénarios différents, pour qu’ils sélectionnent une planche. Chaque strip est publié à la date anniversaire de l’événement historique qu’on nous demande de dessiner, ce qui m’a permis d’apprendre plein d’anecdotes. Il m’arrive aussi de dessiner en écoutant des podcasts et des chaînes YouTube de vulgarisation d’histoire.

© @Strrripclub, projet de bande dessinée sur Instagram, depuis 2019

Quels sont tes projets pour cette année ?

Je travaille en ce moment sur un projet de bande dessinée avec les éditions Lapin. Il sortira en mai et regroupera 180 strips de mon compte Instagram, mais aussi des inédits.

À côté de ça, je serai au Festival d’Angoulême du 17 au 20 mars prochain. Pour l’occasion, nous avons créé un collectif avec d’autres dessinateurs, afin de faire partie de la programmation du Spin Off du festival. Le Spin Off s’organise de la même manière que le Festival, avec des stands, des collectifs, des maisons d’édition et d’autres événements…

J’ai également produit un puzzle en bande dessinée pour Sulo, qui travaille en collaboration avec des illustrateurs. Il devrait sortir bientôt.

Retrouvez plus de ses créations sur Instagram : @strrripclub et @camille.blandin1

Propos recueillis par Sophie Fremont 

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