Léna Mačka : “Je ne me limite pas qu’à un style, qu’à une manière de m’exprimer”
Léna Mačka, illustratrice et tatoueuse implantée à Lyon, nous invite dans sa bulle artistique. Artiste rêveuse et talentueuse, elle nous dévoile ce qui nourrit son imagination et cultive son geste.
Léna “Mačka” : pouvons-nous connaître l’origine et la signification de ce nom ?
Mačka signifie “chat” en slovaque.
Peux-tu nous dire d’où te vient cette fibre artistique et quand ton talent s’est-il révélé ?
L’art m’accompagne depuis toujours. Étant une enfant qui ne parlait pas beaucoup, ça m’a dans un premier temps aidé à communiquer. Cette fibre s’est vraiment concrétisée quand je suis rentrée au lycée en option arts plastiques.
Nous retrouvons toujours au cœur de tes œuvres ce personnage nu, sans identité, que tu prénommes “Pure”. Pourquoi l’avoir intitulé ainsi et que représente-t-il dans ton imaginaire ?
Je l’ai prénommé ainsi car si l’on déplace le “e” de Pure, ça devient Peur. À l’époque mon personnage était beaucoup plus “creepy”, maintenant je trouve qu’il s’est apaisé. En fait, c’est vraiment un personnage qui évolue avec moi et selon mes états d’esprit.
Lorsque tu étais jeune, avais-tu un univers tiré d’un livre ou dans une œuvre audiovisuelle qui aurait nourri tes rêveries et tes représentations imagées ?
Petite, j’étais fan des dessins animés du Studio Ghibli et de Tim Burton. Et maintenant c’est totalement du Wes Anderson !
Il y a quelques années, certains te découvraient à travers des dessins graphiques mêlant le noir et blanc. Comment t’es-tu familiarisée avec les couleurs, souvent très vives, très percutantes visuellement ?
C’était aussi une façon de montrer que je ne me limite pas qu’à un style, qu’à une manière de m’exprimer. Le noir et blanc me paraissait tout vouloir dire, sans fioritures. Mais avec le temps, mettre en place des palettes de couleurs m’a semblé être un challenge et j’aime vraiment la tournure que ça a pris. Les gens trouvent ça moins triste, il y a un peu plus d’émotions à ressentir.
Le vase, sous différents aspects, s’invite souvent dans tes mises en scène. Symbolise-t-il quelque chose de particulier pour toi ?
C’est quelque chose qu’on me demande souvent, je ne suis pas sûre d’avoir une réponse précise. Je pratique beaucoup le dessin automatique, dans le sens où je laisse vraiment mon imagination s’exprimer. Je dirais que de par son esthétique, il habille l’illustration, étant donné que je ne dessine pas trop de détails. J’aime bien le côté précieux des vases, leur fragilité également.
Dans certaines illustrations, nous pouvons retrouver une touche orientale. La culture ou l’esthétisme propre à l’Orient est-il de près ou de loin une source d’inspiration pour toi ?
Cette touche orientale me vient de ma maman qui est décoratrice d’intérieur. J’ai baigné dans ses inspirations pour cet esthétique.
Lorsque tu es en plein ouvrage, comment définirais-tu tes conditions de travail idéales ?
De la musique, beaucoup de bruit. Comme je le disais précédemment, j’aime bien me laisser aller, ne pas faire tout ce que mon petit cerveau me dicte sur le moment. Après ça c’est pour les recherches, quand je passe au final c’est plus studieux !
Tu travailles sur divers supports créatifs : le mur, la feuille, la peau, le tissu… Est-ce une façon de réinventer constamment ton travail, de ne pas t’enfermer ?
Tout à fait !
Chacune de tes illustrations nous raconte une histoire, nous plonge dans un univers. As-tu déjà songé à faire un livre d’illustrations ?
Tous les jours ! Bientôt, promis.
Nombreux sont ceux qui succombent à ton art au point de le faire vivre sur leur corps par le biais du tatouage. L’aspect indélébile et intime de cette inscription te touche-t-il particulièrement ?
Bien sûr. C’est ce que je trouve de plus beau dans mon métier, de voir partir un bout de moi sur les gens, qui les accompagnera à vie. C’est très touchant, c’est pour ça que je tiens vraiment à mettre mes clients à l’aise et à bien discuter avec eux pendant les séances.
Retrouvez le travail de Léna Mačka sur son site internet et sur Instagram.
Propos recueillis par Joséphine Roger.
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