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Rencontre avec Laura Barbaray, rédactrice en cheffe chez Urban Art Paris

Margaux Frappier 17 novembre 2020
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Aujourd’hui, nous partons à la rencontre de Laura Barbaray, étudiante mais également rédactrice en cheffe chez Urban Art Paris. Elle est à l’initiative d’Urban Art Podcast, nouveau format développé par le média, qui met les artistes en lumière de façon originale et innovante.

Parles-nous de toi, qui es-tu, que fais-tu dans la vie ?

Moi c’est Laura, je suis en Master 2 au CELSA en parcours média et management. Je suis rédactrice en cheffe chez Urban Art Paris depuis 2 ans et je suis dans l’association depuis que je suis au lycée. Je devais avoir 17 ans quand j’ai commencé. Au début je faisais les agendas de la semaine, je répertoriais les expositions, puis j’ai commencé à écrire des articles un petit peu plus régulièrement et il y a deux ans, l’ancien président d’Urban Art Paris m’a proposé de devenir rédactrice en cheffe. Depuis l’aventure continue, j’ai été réélue pour deux ans en tant que rédactrice en cheffe.

Et avec les études, tu arrives à gérer ton poste de rédac’cheffe ?

Oui, on est tous bénévoles dans l’association donc c’est sur notre temps libre, il faut être motivé. Et puis le milieu de l’art urbain me passionne, ce qui me plait c’est d’être sur le terrain, d’aller à la rencontre des artistes, de les interviewer…

Quelles sont les missions d’une rédactrice en cheffe chez Urban Art Paris ?

Je gère une équipe de rédacteurs bénévoles, chacun est libre de son sujet, on a d’ailleurs plusieurs rubriques. La rubrique “Actualités où les rédacteurs peuvent présenter une exposition, faire une critique. La rubrique “Rencontres” où ce sont plus les interviews, la rubrique “Lieux”, les lieux typiques de l’art urbain, les institutions et autres, et ensuite on a une rubrique “Séries graffiti” que j’ai créé il y a deux ans où l’on essaie de raconter l’actualité en série. On a également une rubrique orientée plus culture urbaine que j’ai également créé il y a deux ans, elle se nomme “L’écho urbain”, on y parle de musique, de danse, de sport. Enfin on a la rubrique “Dossiers”, plus orientée articles thématiques, analytiques, où l’on va par exemple analyser un phénomène, un style particulier, voir même quelque chose de plus philosophique. Je vais aussi relire les articles, orienter les rédacteurs sur le format par exemple. Je travaille également sur la communication de l’association, avec d’autres membres de l’asso : on poste sur Instagram, on relaie les artistes sur Facebook… Ce sont mes missions principales en tant que rédac’cheffe, mais à côté on est aussi très libres dans le bureau de proposer des projets. J’ai initié un projet l’année dernière, en lien avec le longboard dancing, un événement en collaboration avec l’asso Docksession. On a organisé un premier événement dans l’espace public sur les quais où il y avait des démonstrations de longboard et des live paintings sur longboards des artistes Bouda, Kelkin et Oji, on a poursuivi ce projet en faisant une exposition pour présenter les longboards peints et le travail des trois artistes urbains. Enfin, tout récemment, j’ai lancé le projet des podcasts (jetez-y un coup d’œil ici).

En études au CELSA, comment on en arrive à travailler dans une association d’art urbain ?

En fait, je ne peux pas réellement répondre à cette question car je suis dans cette association depuis très longtemps, même avant le CELSA, donc ça s’est lié très tôt, par mon amour des médias et de la rédaction.

Je relie quand même les deux car je suis passionnée par les médias et surtout les nouveaux médias. Je trouve ma place en tant que rédactrice en cheffe car j’ai une connaissance assez fine des médias et de leur fonctionnement, c’est pour cela que j’ai créé les podcasts chez Urban Art Paris. C’est un secteur en effervescence mais aussi un vecteur d’engagement, ce qui est très important pour fédérer une communauté. J’avais vraiment envie de renforcer l’identité et l’image de Urban Art Paris avec ce nouveau format, le format son.

En tant que professionnelle de la culture et de l’art, comment vis-tu la période actuelle ?

Notre programmation culturelle en début d’année a été annulée à cause de la crise sanitaire, mais on a eu la chance de pouvoir maintenir le festival LaBel Valette, à Montargis dans le Loiret, notre gros événement fin août. Chaque année un artiste qui repeint la façade du château avec autour des ateliers et animations. Après, on est tout de même déçus de ne pas pouvoir organiser d’événements en ce moment, car notre but en tant qu’association est de promouvoir les artistes, d’organiser des expositions, des live paintings, des conférences, pour permettre aux artistes urbains d’avoir un lieu ou s’exposer et pour fédérer notre communauté. En tant que rédactrice, on a l’habitude d’aller à des expositions, des vernissages, de rencontrer des galeristes, de nouer des liens, de relayer leurs infos, et là on est très limités.

Comment fais-tu pour trouver tes sujets ? Est ce qu’il t’arrive d’avoir le syndrome de la page blanche ?

Personnellement je trouve mes sujets en fonction du contexte, par exemple au premier confinement j’avais écrit un article sur les artistes et le confinement, comment ils se renouvelaient, et j’avais interviewé plusieurs artistes sur le sujet. Ensuite, on est en contact avec des galeries donc quand il s’agit de parler des expositions les rédacteurs sélectionnent celles qui les intéressent.

Le média Urban Art Paris a récemment lancé Urban Art Podcast, projet dont tu es à l’origine. Peux-tu m’en parler ?

Oui ! C’est un projet qui est tout récent, lancé là en octobre, c’est mon petit bébé. (rires) L’idée c’est d’aller à la rencontre d’artistes urbains qui ont voyagé à l’étranger dans le cadre de leur art. En fait moi j’écoute beaucoup de podcasts et je trouve que c’est un format qui est très intime, qui casse le format traditionnel de la radio. On sélectionne le sujet qu’on veux écouter quand on en a envie. Ce média apporte une variété de sujets dont on n’entend pas forcément parler partout, particulièrement dans les médias traditionnels. J’avais vraiment envie qu’on diversifie nos activités chez Urban Art Paris en créant un podcast, mais je me posais la question de l’angle : est ce que ce sont des entretiens dans l’atelier de l’artiste, des dialogues avec des professionnels de la culture, des sociologues… Et en fait, le son me fait voyager, la voix a un pouvoir assez particulier et l’idée est née un peu comme ça. Beaucoup d’artistes voyagent à l’étranger, pour trouver de l’inspiration, de nouvelles opportunités, pour s’exposer ailleurs ou bien pour faire d’autres projets plus humains et collaboratifs. Ma volonté était de donner la parole aux artistes urbains, d’une manière différente. On a un média où l’on écrit des articles mais il nous manquait un peu ce côté intime entre l’artiste et l’auditeur. Le but est que notre communauté et les amateurs d’art urbain connaissent l’artiste d’une manière plus intime et profonde par sa voix. C’est un moyen pour lui de s’exprimer différemment, de façon décomplexée, car la voix l’anonymise. Le plus souvent l’artiste est interrogé sur son processus de création, mais pas vraiment sur une partie de sa vie. Je voulais leur donner la parole dans un autre espace que la rue. Un lien très fort se crée entre l’artiste et l’auditeur par la narration à la première personne.

Cela donne un peu une forme hybride d’écouter un artiste urbain nous parler non ?

Cela complète leur démarche artistique, sur des plateformes comme les réseaux sociaux ils postent leurs œuvres, nous on essaie de se positionner en tant que médiateur pour relayer leur voix. En plus, l’art urbain n’est pas un thème très abordé dans les grands médias, donc les médias associatifs comme nous se positionnent de façon originale. Il fallait vraiment profiter du contexte effervescent du podcast. En 2020, c’est 4,6 millions de Français qui écoutent des podcasts narratifs, une hausse de 48% par rapport à 2019. Les auditeurs de podcasts sont des jeunes de 18 à 34 ans, des Franciliens, très urbains. C’est le même public qui est intéressé par l’art urbain, alors proposer des podcasts est hyper cohérent selon nous. Et puis, on est dans une société de l’image, les artistes ont besoin de mettre en valeur ce qu’ils font visuellement, mais l’on n’entend pas leur voix. L’épisode 1 et 2 sont consacrés à Lady.K et Zdey, deux artistes qui voyagent beaucoup. Le but était vraiment de recréer leurs voyages avec de la matière sonore.

Les podcasts représentent un processus de création très différent de l’écriture : comment se déroulent les enregistrements, les montages ? Y a-t-il des questions pour guider les artistes ou est ce qu’ils ont le champs libre ?

Pour les enregistrements c’est moi qui vient à la rencontre des artistes dans leurs ateliers car le lieu de l’enregistrement est le premier lieu d’intimité. Comme je souhaite créer une ambiance intime, ce que l’on ne retrouve pas forcément dans un studio. Le lieu est vraiment très important, c’est là que l’artiste peut réellement libérer sa parole. Ensuite, ma voix n’intervient pas pour permettre à l’auditeur de se mettre dans la tête de l’artiste. J’ai une sorte de grille de questions que je fais parvenir à l’artiste quelques jours avant. On se rend compte au fil de l’enregistrement que je ne pose pas tant de questions que ça parce que l’artiste raconte une histoire, c’est lui qui la connait, pas moi, donc j’interviens très peu. Pour le montage, il y a un gros travail de découpage et de montage, j’enregistre au moins 45 minutes, et l’idée c’est que le format final soit autour de 15 ou 20 minutes. Je suis amenée à bouger quelques séquences pour travailler la construction de l’histoire, mais bien sûr sans déconstruire le récit de l’artiste.

Je travaille avec le graphiste d’Urban Art Paris, David, qui fait les visuels, et Lucas, qui fait la musique. Il crée une nappe sonore originale à partir d’un titre propre au pays en question. Il crée en fonction de la voix de l’artiste, qui peut être lente, rythmée, triste ou joyeuse.

Quels sont tes podcasts préférés ?

J’écoute beaucoup de podcasts qui évoquent des problèmes de société (féminisme, sexualité, identité raciale…). Il y a “Vénus s’épilait-elle la chatte ?” qui interroge l’art occidental d’un point de vue féministe, “La Poudre” de Nouvelles Écoutes, “Les couilles sur la table” et “Kiffe ta race” de Singe audio. En ce moment je suis sur une série sur l’inceste qui s’appelle “Ou peut être une nuit” de Charlotte Pudlowski sur Louie Média. Et bien sûr, “Les baladeurs” des Others, un podcast sur le voyage, qui m’a inspiré pour créer Urban Art Podcast. Ce sont des gens qui racontent leurs aventures, c’est hyper captivant !

[Crédit visuel : © 1 – 2  DockSession /© 3 – 4 David Miège]

Propos recueillis par Margaux Frappier

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