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Sandra Detourbet : “Dans mes œuvres, il y a toujours une recherche d’harmonie et de sens”

5 mars 2021
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Sandra Detourbet est auteure, peintre, vidéaste et performer. Rencontre avec cette artiste pluridisciplinaire qui développe actuellement sa pratique artistique dans un atelier à Ivry-sur-Seine. En utilisant son corps comme instrument, sa voix comme objet de médiation, ses œuvres immersives guident le spectateur vers un voyage intérieur. 

Quel a été votre parcours ?

J’ai suivi une formation à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs à Paris. À la suite de ça, j’ai été sollicitée pour des commandes d’œuvres. J’ai notamment réalisé des peintures murales, des chantiers d’aménagement d’espaces à l’Institut Curie. Puis j’ai commencé à dessiner en errance, en me rendant dans des lieux culturels comme des théâtres, des salles de répétition de danse ou de musique… Mon travail se concentre sur une captation d’expression, de mouvement. Durant mon enfance, j’allais beaucoup dans les salles des fêtes de mon village. J’ai donc retrouvé la même ambiance dans un contexte similaire, des années plus tard. En 2011, j’ai enrichi mon activité artistique avec une formation dans le multimédia, la captation de spectacles vivants, de portraits d’artistes, la réalisation de documentaires et de clips. Au fil du temps, les expositions se sont additionnées et j’ai pu être en charge de l’organisation de plusieurs événements regroupant divers artistes. Aujourd’hui, je poursuis toujours mon expression en atelier et hors atelier.

Que révèle votre pratique artistique ?

Dans mes œuvres, il y a toujours une recherche d’harmonie et de sens. Pour amplifier mes peintures, je les enrichis d’écriture, de création musicale ou encore de présence physique. La complexité des divers niveaux d’expression façonne un équilibre, une identité propre. Chaque projet est unique. J’explore la genèse des croyances au travers des histoires inventées : les mythes, les récits et la poésie. J’utilise beaucoup la vidéo en transversal pour associer l’écrin à l’image. Ainsi, un double chemin se dessine dans mes œuvres avec l’expression picturale et l’expression poétique ou littéraire (présence d’écrits, de poèmes). Je diffuse également des textes d’artistes sur des auteurs. Je m’intéresse à toute forme d’expression de l’ordre du sensible, tout ce qui est contemporain et de l’ordre sociale.

Quel est votre processus de création ?

Avant la réalisation d’une toile, je passe deux jours a préparer mes couleurs. Ensuite, vient la danse corporelle. Ma respiration est importante dans le processus, tout comme le geste. Elle permet de lâcher un élan chromatique et graphique. Mes gestes sont lents et espacés. Ils induisent à une vision périphérique et centrale de façon simultanée. Un peu comme le chamanisme, mon art propose une progression spirituelle. Lorsque je pose mon regard sur les distances réelles ou sur quelque chose que je suis en train d’élaborer, je fais un aller-retour entre l’analytique et le structurel. Ça me donne une vision d’ensemble et me permet de voir les petits détails laissant apparaître de nouvelles figures. Le rendu peut être perçu de différentes manières : abstrait, figuratif, symbolique, significatif, inachevé, maladroit… Tout un lexique de mots pour appréhender un héritage dont je parviens à me défaire. Mon support, le papier, est toujours posé au sol. Cela me permet d’avoir une posture où le geste lâche prise. Je pratique la méthode Feldenkrais qui consiste à prendre conscience de notre corps à travers le mouvement dans l’espace.

Vous introduisez dans vos travaux une création sonore, comment s’établissent les enregistrements ?

Les sons et vibrations sonores sont enregistrés hors atelier et dans des contextes porteurs d’énergie, de “work in progress”. Mon corps se présente comme l’instrument entrant en résonance avec des récits et des textes que je dicte à voix haute. J’ajoute à cela de la musique, des rythmes, des styles, de la danse contemporaine. J’enregistre le bruit de la nature, de la foule, du vent, et tout bruit parasite qui m’entoure.

Quels artistes vous inspirent ?

J’ai toujours été portée par les œuvres de Joan Mitchell. Un artiste que je suis depuis toujours c’est Francesco Clemente, qui est en relation avec une forme d’inconscience lorsqu’il dessine, mais on identifie bien les sujets qu’il aborde. J’aime beaucoup le travail de Françoise Pétrovitch qui dévoile une simplicité et une clarté évidente. Albert Marquet et Pierre Bonnard sont des artistes qui me régénèrent complètement pour des raisons vraiment liées à la couleur. Enfin, l’art de Charlotte Salomon a été pour moi une révélation.

Quels sont vos futurs projets ?

J’ai été invitée à Lecce par Dores Sacquegna & Primo Piano Gallery pour performer en avril, mais l’événement est finalement reporté à 2022. J’ai peut-être un projet de résidence en Grèce comme alternative pour cette année. Actuellement, je prépare un dossier d’aide à l’écriture d’un documentaire au CNC pour proposer l’un de mes travaux. Du 2 au 9 avril 2021, une exposition collective a également été lancée à la galerie du Cerisier à Paris.

 

Pus d’informations sur le site internet, le compte Instagram et les chaînes YouTube et Vimeo de Sandra Detourbet.

Propos recueillis par Chloé Desvaux

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